3 questions à Alexandre Sagakian, co-fondateur du réseau FrenchConnect London
Parce qu’il constatait que les acteurs français de la tech installés dans la capitale britannique ne se connaissaient pas ou peu, Alexandre Sagakian a cofondé un club pour les réunir. Avec trois autres entrepreneurs français installés à Londres – Albin Serviant, Michel Cassius et Séverine Balick – il a lancé le « FrenchConnect London » il y a quelques semaines. Frenchweb lui a posé 3 questions pour en savoir plus:
Frenchweb: Comment est né FrenchConnect et quelle est sa vocation ?
Alexandre Sagakian: En arrivant à Londres il y a 18 mois, j’ai eu l’opportunité de codiriger le programme de l’accélérateur Techstars. Pendant 6 mois, j’ai donc été en contact avec une bonne partie de l’écosystème tech londonien et j’ai été frappé par deux choses :
- le nombre et l’influence importante des Français dans l’écosystème : fondateurs de startups à succès, VPs dans des startups mures, partners et principaux dans les fonds de VC, angels, directeurs d’accélérateurs / incubateurs…
- le fait qu’ils ne se connaissent pas ou ont peu l’occasion de se rencontrer et par conséquent ne profitent pas de l’énorme potentiel de ce réseau. Comme souvent, les Français ne sont pas les plus actifs quand il s’agit de networker…
De ce constat est né l’idée de monter un club privé – uniquement par cooptation et sur invitation – qui réunit les Français les plus influents dans la tech à Londres pour networker et faire du business. Il existait bien sûr déjà à Londres quelques « meetups » ouverts rassemblant des entrepreneurs (Apéro Entrepreneurs) ou acteurs du digital (French Digital) français, mais aucune organisation structurée qui puisse vraiment représenter la “French Tech” à Londres au plus haut niveau.
J’ai alors rencontré Albin Serviant, Michel Cassius et Séverine Ballick, partageant eux aussi le même constat et le club est ainsi né il y a quelques semaines.
- Alexandre Sagakian, fondateur de Directpanel (revendu en 2011), ex-directeur de Techstars London ;
- Albin Serviant, Angel Investor, travaillant sur un nouveau projet à Londres après avoir vécu les aventures iBazar (vendu à eBay en 2003) et Musiwave (vendu à Microsoft) en France ;
- Michel Cassius, Founder YoYo Games, Angel Investor, Microsoft, EA Games, Apple ;
- Severine Balick, Founder MyGoodness.com.
Au-delà du networking et du business, la vocation du club est de :
- promouvoir localement les entrepreneurs français (qu’ils soient basés à Londres ou à Paris). Nous voulons notamment casser le cliché du Français exilé fiscal habitant à South Kensington ;
- participer à (voire initier) tout projet de soutien des entrepreneurs français installés à Londres ;
- soutenir toute initiative de rapprochement ou collaboration entre les 2 écosystèmes parisien et londonien.
Qui en fait partie ?
Via nos réseaux respectifs, nous avons identifié 200 Français acteurs majeurs de l’écosystème. Nous avons commencé à rencontrer les 50 plus influents via une série de diners informels réunissant une douzaine de participants triés sur le volet dans des lieux privatifs. Le but est de faire connaitre le club et ses missions et échanger de façon privilégiée avec un invité spécial.
Après Brent Hoberman (fondateur de Lastminute et partner chez Profounder Capital) et Gerard Grech (CEO Tech City UK), nous accueillerons prochainement Bernard Liautaud (general partner Balderton Capital, ex fondateur de Business Objects). Nous organisons également des événements exceptionnels comme la visite de Tech City et une table ronde avec Axelle Lemaire à l’occasion de sa visite officielle à Londres le 24 juin dernier. La liste des membres est confidentielle et nous avons instauré un numerus clausus de 50.
Sur la table ronde qui a eu lieu, quelle était la problématique posée ? Quelles ont été les pistes évoquées par Axelle Lemaire ?
Il y a environ 6 mois, avant qu’Axelle Lemaire soit nommée ministre, nous étions déjà en contact et partagions la volonté de faire cesser le French bashing qui battait alors son plein. Nous avions commencé à travailler sur une conférence prévue à la rentrée chez Google Campus sur le thème : “Silicon Channel : Towards a London-Paris Super Tech Hub ?”. Cette table ronde, coorganisée avec Tech City UK (1) , était l’occasion parfaite de lancer le débat avec un thème très similaire : « Paris vs Londres : de la compétition à la collaboration ? L’attractivité de l’Europe pour les startups passe-t-elle par une plus grande collaboration entre les écosystèmes tech de Paris et Londres ? ».
Nous avons tout d’abord fait le tour des « best practices » qui ont fait de Londres un des tech hub les plus attractifs au Monde. Axelle Lemaire a particulièrement été intéressée par les initiatives Future Fifty (2), Tech London Advocates (3) ou encore l’accélérateur Entrepreneur First (4) réservé aux jeunes diplômés.
Axelle Lemaire a reconnu le problème d’image de la France et de la French Tech (pigeons, taxe 75%, Uber…) et la nécessité de communiquer de façon plus forte et plus cohérente sur les atouts de la France (à l’image de la campagne Great Britain) avec idéalement 2 ou 3 mesures phares. Elle souhaite à ce titre créer un réseau structuré d’entrepreneurs français à l’étranger qui puissent être les ambassadeurs de la French Tech et contribuer à changer cette mauvaise image de la France.
Quant au rapprochement entre Paris et Londres, si l’objectif lui a semblé logique, elle estime qu’il faudra une volonté politique des 2 côtés, mais que ça ne devait pas empêcher des initiatives privées de voir le jour, par exemple des partenariats entre des accélérateurs français en anglais.
Enfin, elle s’est également dite prête à soutenir un conférence du type « French Touch » à Londres, projet dont pourrait rapidement se saisir FrenchConnect London.
(1) “TechCity est un programme initié en 2010 par le Premier ministre James Cameron pour, à l’origine, soutenir et accélérer le développement des start-up du secteur de la Tech basées à Londres ; programme maintenant étendu à l’ensemble du pays par le biais d’une douzaine de clusters. La mission de cette organisation est de cerner les besoins de l’écosystème, de promouvoir le Royaume-Uni comme une terre d’accueil privilégiée pour les entrepreneurs Tech; de favoriser l’émergence d’un éco système favorisant le développement de sociétés à fort potentiel de croissance.
(2) Future Fifty est un programme phare de TechCity pour aider 50 entreprises en “growth stage”, sélectionnées sur dossier ( Zoopla, Housetrip, FarFetch, Made.com, MedicAnimal, Just Eat, One Fine Stay, Secret Escape, Hailo, SkyScanner, …), à devenir des leaders mondiaux et européens dans leur secteur. Au-delà de la dimension networking et échange d’expérience entre ces 50 sociétés, le programme assure un soutien notamment dans le domaine légal, du recrutement, du financement, de l’obtention de visa accélérée pour le recrutement de talents à l’étranger, du coaching plus particulièrement pour la préparation des équipes de direction à des entrées en bourse et ce en collaboration avec le London Stock Exchange”.
(3)Tech London Advocates : réseau privé d’experts issus du secteur tech dont la mission et de promouvoir Londres en tant que hub de 1er rang mondial pour les entreprises tech et digitales et de soutenir ses startups en les aidant à trouver des capitaux, des talents et à croître rapidement.
(4) Entrepreneur First est le seul programme de capital-amorçage qui sélectionne uniquement en fonction du talent technique. EF sélectionne les meilleurs jeunes diplômés ingénieurs ou informaticiens, avant même qu’ils aient une équipe ou une idée, et les aide à créer leur startup tech à Londres. Depuis 2012, 60 étudiants ont lancé 20 startups dont la valorisation cumulée dépasse les $80M et dont 4 sont passés par Y combinator.
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