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80 millions d’euros pour la robotique en France : « ces petites entreprises françaises vont bientôt devenir grandes » (Arnaud Montebourg)

« Il y aura plus de créations de sociétés dans la robotique dans les dix prochaines années qu’il n’y en a eu dans l’Internet ces dix dernières » parie Bruno Bonnell, l’associé fondateur de Robolution Capital (et ancien fondateur de la société historique Infogrames, spécialisée dans le jeu vidéo, avant la relance de la gamme de la marque Atari), venu présenter le premier fonds français entièrement dédié à la robotique de service, ce matin au ministère de l’Economie et des Finances. Avec un premier jet de 80 millions d’euros rassemblés, contre un objectif initial de 60 millions, « nous avons dépassé nos espérances » s’est enthousiasmé Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. Le cap est désormais de franchir les 100 millions d’euros.

C’est en juin 2012 que M. Bonnell a rencontré le Ministre pour lui faire valoir le besoin de la force publique dans le lancement d’un tel projet. 18 mois après avoir démarré les consultations, la Bpi France (banque publique d’investissement, ndlr) et le FEI (le Fonds européen d’investissement, ndlr) ont répondu présent, pour la partie publique, aux côtés d’acteurs privés tels que AG2R La Mondiale, Orange, EDF ou Thalès. Se sont également scratchés des entrepreneurs comme Marc Simoncini, le fondateur de Meetic. « Cela marche car nous avons confié à des dirigeants privés la conduite de notre politique publique » a expliqué M. Montebourg.

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« En 1850, il y a eu la révolution industrielle. Aujourd’hui, nous vivons de façon presque inconsciente une nouvelle révolution où l’intelligence se déplace aussi vers les machines et où notre rapport à elles va changer. Nous sommes en mutation » estime M. Bonnell. La robotique de service devrait représenter un marché de 18 milliards de dollars cette année. Un volume qui devrait grimper à 100 milliards de dollars en 2018, puis 200 milliards de dollars dans dix ans a-t-il rappellé en se basant sur les chiffres de la Fédération internationale de robotique. « Pourquoi ? Parce que tous les secteurs vont être touchés par ces formes d’intelligence apportées aux machines: l’industrie, les transports, l’agriculture, la défense etc. ». Dans ce contexte, la France ne doit pas perdre de temps ont martelé les participants. D’ailleurs, « il fait bon entreprendre en France ».

Sur le plan technique, Robolution Capital prend la forme d’un FPCI (fonds professionnel de capital investissement, anciennement FCPR, ndlr) géré par Orkos Capital, pour des investissements principalement réalisés sous forme de participations minoritaires. Il aura donc pour mission dans les dix prochaines années de prendre des tickets compris entre 300 000 euros et 5 millions d’euros dans des entreprises françaises et européennes. Ce sera 50-50 dans le portefeuille a-t-on expliqué.

Mais parce que l’argent ne suffit pas, ce fonds, qui s’inscrit dans le volet France Robot Initiative des 34 plans de la « Nouvelle France industrielle » lancé en septembre 2013, se fonde également sur cinq piliers : la sensibilisation auprès du public, la formation – des directeurs d’écoles ont déjà mis en place des diplômes de techniciens en robotique à l’instar de CPE Lyon ou de l’Insa Lyon -, une dynamique (incarnée par Robolution Capital), le soutien à la recherche par des défis scientifiques et l’incitation aux partenariats entre entreprises, et l’aide à la robotisation des PME françaises.

L’objectif affiché est également celui de la création d’emplois.  » Ces petites entreprises françaises vont devenir grandes, s’exporteront et créeront des emplois. Nous devons les aider avec la commande publique » a estimé Arnaud Montebourg qui a assisté dans la cour du ministère à la démonstration d’un drone de la société grenobloise Delta Drone qui recense déjà 70 employés. Elle vient de nouer un partenariat avec Airbus pour apporter des solutions au secteur de l’agriculture.

C’est aussi le cas d’Awabot, qui a conçu un robot digne des films de science-fiction. Doté d’un écran à sa tête, il se déplace de façon autonome et permet, grâce à une caméra de faciliter la téléprésence. Il est actuellement testé en région Rhône Alpes où des élèves indisposés au déplacement peuvent ainsi « se rendre » à l’école par ce moyen. Mais il a aussi vocation, par exemple, d’aider les conseillers techniques pour assister les consommateurs à régler ou réparer un produit chez eux fait savoir Jérémie Koessler, le directeur de l’entreprise.

« Le robot n’est donc pas l’ennemi de l’emploi, mais un fournisseur d’emplois » a affirmé Arnaud Montebourg. « Nous avons moins de robots que les Allemands, et c’est nous qui avons plus de chômage » a-t-il concédé. Une affirmation qui va dans le sens des propos formulés par Khalil Rouhana, responsable de la direction « composants et systèmes » à la Commission européenne, selon lesquels la France est déjà en retard par rapport aux Allemands et aux Italiens. L’hexagone avait, par le passé, pris plusieurs longueurs d’avance dans le secteur de la robotique. Mais faute de financements sérieux de la filière, le retard se fait aujourd’hui sentir. Il était grand temps d’ouvrir les yeux. MM. Bonnell et Montebourg ont voulu montrer ce matin que c’était désormais chose faite.

FrenchWeb recevra Bruno Bonnell dans « Le Debrief de la semaine », en ligne ce vendredi.

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