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Hax Accelerator: «En Chine, le but est de procéder à des tours de tables énormes pour ‘acheter’ le marché»

Depuis qu’il a quitté la France pour un stage en Chine en 2001, Cyril Ebersweiler n’a plus jamais quitté l’Asie. Tantôt salarié dans un grand compte français de la distribution, tantôt entrepreneur, cet autodidacte, n’est pas bien connu de l’écosystème français. Et pourtant: il a cofondé l’un des accélérateurs de référence en matière de hardware: Hax Accelerator, présent à la fois à Shenzhen et à San Francisco. Cette structure a investi dans 65 start-up depuis sa création, dont 62 sont toujours en activité (dans le domaine de la robotique, des maisons et objets connectés, etc). Elle encourage particulièrement les projets incubés à utiliser le financement participatif comme preuve du potentiel d’un marché. En 35 campagnes sur les trois dernières années, plus de 11 millions de dollars ont ainsi été récoltés.

60% des entreprises qui passent par Hax sont américaines, 20% européennes et 20% Asiatique. Seules deux sont françaises: Prynt, qui transforme les smartphones en polaroids et Feet me, qui produit des semelles connectées médicales. Le programme d’accompagnement dure 111 jours.

Entretien avec cet originaire de la région Poitou-Charentes qu’il n’a pas revu depuis sept ans:

Frenchweb: Votre parcours s’est tracé en Asie, qu’est-ce qui vous a poussé à créer Hax Accelerator?

Cyril Ebersweiler: J’ai fait des études de Droit des Affaires à Poitiers puis un DESS à Nantes (l’équivalent du Master, ndlr) en commerce international. A cette occasion j’ai effectué ma première expérience professionnelle en Chine en 2001. Là-bas, j’ai commencé à travailler chez Carrefour pour monter leur site e-commerce. J’ai successivement habité à Shanghai, Pékin puis Canton. Je suis ensuite parti au Japon, où j’ai rejoint l’agence TBWA et j’ai ensuite créé des agences de marketing (direct, production, RP…) dont une en Chine. J’ai toujours eu envie de partir découvrir le monde, de me mettre dans des conditions difficiles et d’apprendre à combiner mes ressources internes et celles de mon environnement pour avancer.

Il y six ans j’ai rencontré mon partenaire actuel, le fond SOSventures (un fonds early stage américain, ndlr). Nous avons travaillé sur le Chinaaccelerator en 2010. Parallèlement, j’ai commencé à investir en tant que partner à Boston, dans des entreprises d’électronique, dont Leap Motion. J’ai constaté que de nombreuses entreprises avaient des difficultés à venir opérer en Chine. C’est cela qui m’a amené a créer Hax dont le premier programme date de 2012.

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L’HAX Accelerator à Shenzen.

Quels sont les secteurs porteurs actuellement en Chine ?

Le secteur médical, car il n’y a pas de relations personnalisées et suivies en Chine. Les médecins de famille n’existent pas et les patients passent directement par la case hôpital. Les terminaux et applications permettant de s’auto-diagnostiquer vont donc certainement voir leur utilisation exploser. La Chine est aussi le premier marché du monde pour la voiture, je pense qu’il y a du potentiel pour les véhicules connectés.

Comment se porte actuellement le capital-risque en Chine ? 

Ici, les tours de table atteignent régulièrement les 100, 150 voire les 200 millions de dollars. En moyenne, c’est davantage qu’aux Etats-Unis. Le but c’est de procéder à des tours de tables énormes dans le but d’«acheter» le marché, d’avoir les moyens de l’attaquer violemment. Les investissements en early-stage ont explosé. En 2013, il pesaient 946 millions de dollars, puis 2 milliards en 2014 et depuis le début de l’année ils ont déjà atteint 1,4 milliard de dollars selon une étude de l’Asian Venture Capital Journal de Hong Kong.

Ce qui est en train de changer ici, c’est le fait que les grands comptes investissent dans des startup. Cela ne se voyait pas avant. Xiaomi a été pionnier en décidant d’investir dans 100 startup hardware. Ces grands groupes essaient de créer des écosystèmes autour d’eux, ce qui est moins vu aux Etats-Unis. (A ce sujet lire: Le site de microblogging Weibo place ses pions dans l’app de transports Didi Kuaidi, ndlr).

(Lire aussi: Trois fois moins d’investissements dans les start-up chinoises qu’aux États-Unis début 2015, ndlr).

Au sein de Hax, il n’y a que deux start-up françaises actuellement. Pourquoi si peu ?

Nous prenons simplement les start-up qui sont là au bon moment, au bon endroit. Nous procédons essentiellement par sérendipité. Au delà de la nationalité des projets, notre ambition est d’abord de révolutionner le capital-risque et l’entrepreneuriat avec un système qui permette d’avancer par palier dans des endroits du monde où les VC (venture capitalists) ne veulent pas investir.

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Quel regard portez-vous sur l’écosystème français des start-up ?

Une nouvelle génération arrive, c’est en tous cas ce que je ressens d’ici, même si j’ai peu de contacts direct avec la France. La peur de l’échec s’affaiblie, le monde corporate va apprécier de plus en plus les compétences acquises grâce à la création d’entreprises. Lors du CES en début d’année, la présence française était vraiment visible, je considère que c’est une bonne dépense publique de la part de la France. Nous suivons le chemin de la Corée du Sud, de l’Australie, de la Chine, dont les gouvernements dépensent beaucoup pour soutenir leurs ecosystèmes dans leur conquête de l’international, et c’est une bonne chose. Pour moi, c’est la clé: une start-up française doit immédiatement penser international étant donné que le marché est devenu global. Je pense que la France va avoir un grand rôle à jouer dans le domaine de l’agriculture connectée, la question de la nourriture est un point central pour l’humanité et l’Hexagone est une référence sur ce plan.

Etes-vous en contact avec l’écosystème français ? 

Non, pas directement, j’ai juste eu quelques contacts via Euratechnologies après ma rencontre avec Raouti Chehih l’an dernier. Mais au sein de Hax, nous avons Benjamin Joffe, un partenaire français qui passe du temps en France.

Que vous apporte le métier de venture capitalist ?

L’optimisme ! J’ai tendance à être distrait et j’ai trouvé un métier parfait qui me permet de travailler avec énormément d’industries et d’entreprises différentes. Quand on se lève le matin, on sait qu’il va toujours se passer quelque chose de nouveau.

Qui sont vos modèles ?

Au vu de son parcours, le directeur de SOSventures, Sean O’Sullivan, est pour moi quelqu’un qui inspire le quotidien. En fait, les personnes clés qui m’ont montré le chemin ont été mes patrons successifs et ensuite mes associés.

1979: Naissance à Châtellerault

2001: Départ pour la Chine

2009: Rencontre avec Sean O’Sullivan, du fond SOSventures

2011: cofonde HAX Accelerator

Photos : HAX Accelerator

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2 commentaires

  1. que je sache les USA qui seraient une « vraie » économie sont nettement
    plus endettés que la Chine et qu’en cas d’effondrement ils n’auront même
    plus des produits de bases car ils sont fabriqués par les usines
    chnoises….

    http://ins-globalconsulting.fr/

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