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Devialet en quatre gammes

Il y a d’abord eu les critiques dithyrambiques dans la presse audio spécialisée, le magazine anglais Hi-Fi News en tête. Il y a ensuite eu ces 12 millions d’euros levés fin 2012 auprès des barons du Web français Marc Simoncini – Jacques-Antoine Granjon – Xavier Niel et de Bernard Arnault.

De quoi attirer l’attention sur Devialet, PME parisienne de 70 personnes qui affirme détenir LA rupture technologique de l’audio amplifié. Elle a dégagé 5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 et table sur 15 millions en 2014. L’une des prochaines pépites parmi les entreprises technologiques françaises ? La partition Devialet méritait d’être passée au scanner.

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Gamme I :La technologie ADH

En 2003, Pierre-Emmanuel Calmel, co-fondateur et pilier «techno» de l’entreprise est directeur d’un laboratoire de recherche chez Nortel Networks. La bulle Internet étant passée par là, les investissements dans les telecoms sont en berne. Obnubilé à l’idée de réussir à pallier les problèmes de distorsion du son lors de son amplification, il se met en tête de réussir à allier dans une même technologie l’analogique et le numérique. Pour le signal, il tire le meilleur de l’analogique (classe A), pour la puissance, il sélectionne le numérique (classe B).

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Inspection d’un circuit imprimé chez Seprolec, sous-traitant normand de Devialet (crédit photo: Devialet)

Un an plus tard, il dépose en France et aux Etats-Unis un premier brevet pour protéger la technologie qu’il vient d’inventer : l’ADH (Analog Digital Hybrid). Le perfectionnement de la technologie continue jusqu’en juillet 2010, date du lancement de la première offre commerciale: le D-premier, qui deviendra en dix-huit mois le produit le plus primé de l’histoire de l’audio.

 

Gamme II: 3 co-fondateurs complémentaires

2006 marque la date à laquelle Pierre-Emmanuel Calmel rencontre ses futurs associés: le designer Emmanuel Nardin, et son cousin, Quentin Sannié, alors patron de sa société de consulting en stratégie business auprès de grands comptes. «Nous avons fondé Devialet à parité, en apportant 33% des parts chacun de façon à incarner trois piliers égaux: la technologie, le design, et la stratégie business, raconte Quentin Sannié. Chacun dans nos domaines, on a envie de mettre la barre le plus haut possible (…) J’admire beaucoup ce qu’ils font et ce que je pouvais apporter c’est un niveau d’ambition élevé, fondé sur leur talent à eux. Pierre-Emmanuel c’est Edison! Mon rôle c’est de pousser mes associés dans leurs retranchements, je suis beaucoup dans l’action, eux plus dans la conception».

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Quentin Sannié (crédit photo: Adeline Raynal)

«Je suis un angoissé du temps qui passe, mon apport au projet c’est aussi de vouloir aller loin, vite, quand Pierre-Emmanuel et Emmanuel sont plus flegmatiques (…) un entrepreneur est un optimiste inquiet, il y a forcément une part de paranoïa, de peur que d’autres arrivent plus vite sur le marché» confie cet entrepreneur de 51 ans père de quatre garçons, avant de poursuivre: «Il y a deux choses très importantes dans une entreprise: la vision commune et l’attention aux détails», dit-il en faisant remarquer des fils électriques qui dépassent légèrement de l’autre côté de la pièce dans laquelle se déroule l’interview. Le trio sera rejoint en 2009 par Manuel de La Fuente.

Lors de l’installation de la société rue de Réaumur à Paris en février 2011, ils ne sont que 5 dans les 750 m2. Aujourd’hui, la place manque presque. «On est six par bureau» lâche-t-on dans un couloir. L’entreprise est structurée selon 5 pôles. Trois sous l’autorité de Pierre-Emmanuel Calmel: la direction technique (R&D logicielle, technique, électronique – environ 25 personnes), la direction design et produit (6 personnes), la direction des opérations (industrie/logistique – 7/8 personnes). La direction financière composée de six personnes est dirigée par Marianne Santos Dulauroy et la direction commerciale (une vingtaine de salariés) est sous la responsabilité de Manuel de La Fuente. L’émulation collective occupe une place importante: « chacun a envie d’impressionner par le niveau de qualité qu’il va inventer » décrit Quentin Sannié, qui aime dire à ses équipes: « Venez avec vos rêves ».

Gamme III: 17,7 millions d’euros levés

A quatre à la fin de l’année 2009, Pierre-Emmanuel Calmel, Quentin Sannié, Emmanuel Nardin et Manuel de La Fuente cherchent à lever des fonds. Des discussions avec des fonds d’investissement s’amorcent mais la vision ne colle pas: «Ils me gavent, je sais monter un business plan !» lance Quentin Sannié à ses associés. Il vient de passer vingt ans à conseiller des grands comptes sur leur stratégie business. La première levée de fonds se fera en partie grâce à son carnet d’adresses bien fourni.

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Devant les locaux de Devialet à Paris (crédit photo: Adeline Raynal)

Le 18 février 2010, une quarantaine de personnes, cadres chez de grands comptes, entrepreneurs, consultants, avocats, financiers, sont conviés à une soirée dans une galerie d’art du centre de Paris. Dans une petite pièce plongée dans l’obscurité, les invités écoutent par petits groupes une version de «Vissi d’Arte» de la Tosca, l’opéra de Giacomo Puccini. Plus que sur de longs discours, les co-fondateurs de Devialet misent sur l’émotion que suscite cette audition via la technologie ADH. Bingo ! «L’objectif de la soirée était de lever 1 million d’euros, nous avons récolté des promesses d’investissement pour 1,4 million ce jour-là» raconte celui qui écoute aussi bien du Chopin, du Mozart que du Matthieu Chedid ou du Dire Straits. 1,1 million d’euros seront finalement levés.

2011 marque la deuxième levée de fonds: 1,6 million d’euros auprès du même groupe d’investisseurs. La troisième levée de fonds sera beaucoup plus médiatisée: 15 millions levés en novembre 2012 dont 3 millions auprès des investisseurs historiques et 12 millions auprès de Marc Simoncini, Jacques-Antoine Granjon , Xavier Niel et Bernard Arnault. « Marc Simoncini a été le premier à dire oui, puis l’un a amené l’autre» décrit le PDG de Devialet. Pour l’heure, il n’y a pas de nouveau tour de table programmé.

Gamme IV: Un marché de niche à 1 milliard d’euros 

Depuis, Devialet poursuit un objectif ambitieux: devenir leader mondial sur le marché de l’amplification sonore haut de gamme, sur lequel il se vend chaque année environ 2 milliards d’unités d’amplification. Les systèmes de la marque – fabriqués en Normandie – sont distribués via 288 boutiques dans le monde dont une dizaine en France. Une filiale a ouvert en 2013 à Singapour, une autre à Sao Paulo. D’ici fin 2014, une autre doit ouvrir à Shanghaï puis une à New-York. Le prix pour un système d’écoute complet (Devialet Ensemble) s’élève à 6 990 euros, mais un ensemble peut coûter entre 5 990 et 22 900 euros. 

«On vise un marché très morcelé qui pèse à peu près 1 milliard d’euros, dont 400 millions dans l’électronique. Nos clients sont beaucoup de particuliers, amateurs de hi-fi, de musique et des esthètes qui aiment les beaux objets» précise Quentin Sannié. Les principaux concurrents sont anglo-saxons: McIntosh (Etats-Unis), Linn (Royaume-Uni), mais il faut aussi compter avec le Japonais Accuphase et le Franco-Britannique Naim Audio par exemple.

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Dans le showroom de la Maison Devialet à Paris (crédit photo: Adeline Raynal)
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Ecoute dans la boutique Devialet à Paris (crédit photo: Adeline Raynal)
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Les 750 m2 de locaux se situent dans un immeuble Eiffel du 2e arrondissement de Paris (crédit photo: Devialet)

Photo de Une: De gauche à droite: Emmanuel Nardin, Manuel de La Fuente, Quentin Sannié (assis) et Pierre-Emmanuel Calmel (crédit photo: Devialet)

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