La gestion des données personnelles des internautes est une des grandes questions du moment, et les choix qui sont faits aujourd’hui seront déterminants pour le développement futur de nos sociétés.
Malheureusement, pour l’instant, il semble que nous soyons pris dans un cycle de scandales pas vraiment productifs : des startups comme Path ou des géants comme Google et Facebook sont découverts en train de collecter des données qu’ils ne devraient pas récupérer, ou bien ils changent leurs conditions d’utilisation pour pouvoir le faire, et l’internet s’indigne… sans grande conséquences en général.
Pendant ce temps, les gouvernements semblent trop occupés à vouloir policer les internautes pour s’occuper de protéger nos données personnelles.
Facebook, Google et les autres ne sortent pourtant pas indemnes de ces scandales : leur image est sévèrement ternie, et comme Microsoft dans les années 1990, nombreux sont ceux qui les utilisent non par amour mais plutôt parce qu’ils ne pensent pas pouvoir les éviter. Et si “Microsoft dans les années 1990” est une position enviable, le risque est bien entendu de très vite devenir “Microsoft dans les années 2000”.
Certains réduisent le débat à cette maxime : si vous utilisez un service “gratuit” sur internet, c’est probablement parce que c’est vous qu’on vend. Du coup, la solution serait d’utiliser des services payants. 61% des américains se disent prêts à payer plutôt que de voir utilisées leurs données personnelles. Seulement, les déboires de Sony avec son Playstation Network piraté, ou bien ceux d’Apple quand on a découvert que l’iPhone enregistrait votre position à votre insu, ont bien montré que le fait de sortir son porte monnaie ne protégeait pas forcément la vie privée.
Comment donc sortir de ce cercle vicieux ? Il faudra forcément faire des efforts des deux côtés, d’une part au niveau des internautes pour mieux comprendre et mieux gérer les données qu’ils produisent, d’autre part du côté des entreprise pour faire preuve de plus de transparence. Mais comment y parvenir ? Le concept du “quantified self” (le soi quantifié) est peut-être la solution.
L’homo-statisticus
Le “Quantified Self” est un concept crée par Gary Wolf et Kevin Kelly, deux journalistes de Wired. En partie inspiré par les lifeloggers, le principe est le suivant : utiliser la technologie pour collecter des données sur toutes ses activités, puis analyser ces données pour y trouver des corrélations, des shémas, etc…
On pense en général d’abord à l’usage du concept dans le domaine de la santé, et Fitbit fournit les meilleurs outils dans le domaine, avec notament le Fitbit tracker, un podomètre intelligent qui bien sûr compte vos pas et les enregistre, mais mesure aussi les calories brulées, le temps qu’il vous faut pour vous endormir et le nombre de fois où vous vous réveillez dans la nuit…
Mais le quantified self, c’est aussi Last FM qui vous donne des statistiques sur la musique que vous écoutez, Gmail Meter qui vous apprend tout un tas de choses sur votre usage de l’email, l’application Geoloqi qui dépasse le checkin pour enregistrer où vous avez été à chaque moment.
Toutes ces statistiques nous permettent d’en savoir plus sur nous-même, de mieux nous comprendre et éventuellement de changer nos habitudes. Elles rendent un véritable service, et on comprend pourquoi certains y deviennent accro.
Facebook, Google et le quantified self
Et puis il y a bien entendu Facebook, qui semble savoir tout ce que vous faites à tout moment sur internet et parfois un peu au delà. Le pêché de Facebook, c’est de garder toutes ces données pour lui. Il est en fait possible de récupérer toutes les données que Facebook a sur vous si vous le souhaitez (c’est une obligation légale) mais que faire d’utile de la masse de données brutes que vous recevrez. Timeline représente cependant un mouvement vers un peu plus de transparence, puisqu’enfin vous avez un accès relativement simple à l’historique de votre compte, ainsi qu’à la liste de vos dernières actions. De là à utiliser Facebook pour quantifier les données de votre vie, il reste un monde.
Google est dans une situation comparable, mais a fait plus d’efforts pour libérer les données de ses utilisateurs avec Google Takeout, un service qui vous permet de récupérer de façon claire et simple vos données, Google Dashboard qui fait la liste des services Google auxquels vous êtes inscrits, le réglage des préférences pour la publicité et aussi le tout nouvel Activity Report, qui vous résume en quelques chiffres l’activité de votre compte.
Facebook et Google restent assez secrets sur l’ensemble de ce qu’ils savent sur nous, pensant sans doute que le public utilise leurs services naïvement et qu’il pourrait prendre peur s’il savait la verité. Pourtant comme le mouvement du quantified self le montre, il y a une grande valeur pour les individus dans l’accès à leurs propres données, et rien ne prouve que donner à chacun l’accès à ses propres données (et uniquement aux siennes, bien entendu) diminuerait en quoi que ce soit la valeur des bases de données de Google et Facebook dans leur ensemble.
En laissant à chacun l’accès à ses propres statistiques, ils pourraient retrouver la confiance des internautes tout en leur fournissant un nouveau service de valeur. C’est en tout cas ce que fait Google de façon un peu timide avec l’Activity Report, et Facebook dans une moindre mesure avec la Timeline. Espérons que ces premières initiatives mèneront vers une sortie du cercle vicieux dans lequel nous sommes entrés et qui ne profite à personne.
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…c’est d’ailleurs le sens du projet « Mes Infos » lancé récemment par La Fing, inspiré de l’initiative britannique MiData, qui repose sur le principe que le citoyen serait a même d’effectuer de meilleurs choix s’il avait accès aux informations que les organisations possèdent sur lui. Ce sujet sur la valeur des données personnelles pour les individus eux-mêmes est au carrefour des problématiques portant sur le Quantified Self, le VRM et l’open data « personnelle ». + de détails sur « Mes Infos » >>> http://www.fing.org/?-MesInfos-les-donnees-personnelles-
Pour facebook:
– general account settings
– en bas: « download a copy of your facebook data »
Pour Google, le service s’appelle Google takeout, http://www.google.com/takeout/ et est proposé par le Data liberation Front.
Donc pas de publicité sur ces services peut-être mais ils existent.
L’éternel problème des infos personnelles dispatchées aux quatre coins du monde !
Personnellement, je me suis construit une « vie parallèle numérique ».
Je m’explique : Mes vraies données personnelles (nom, prénom, domicile, e-mail, etc…) ne sont jamais indiquées sur des sites sociaux ou des blogs, forums, etc…
A la place, j’utilise mon utilisateur virtuel « Burgundionum Numericus », qui possède son adresse e-mail spécifique et son avatar attitré.
J’utilise également ce compte farfelu comme profile Google et Twitter avec lesquels je ne fais aucun partage, mais uniquement de la recherche et de l’affichage d’informations selon mes centres d’intérêts.
Reste ma vraie identité, ma vraie adresse e-mail, et mon vrai visage connus de mes vrais amis et de ma famille.
Ainsi, je pense pouvoir séparer du mieux possible mon monde réel et mon monde virtuel…