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[Expert] Comment se lancer sans « produit » (et avoir une chance de s’en sortir)

Le mythe de la Lean Startup (il faut vraiment que je me pose quelques heures pour mettre noir sur blanc pourquoi la Lean Startup n’est qu’une des réflexion qui peut aider à lancer une startup – et non pas la méthode à suivre les yeux fermés !) commence à vraiment imprégner le petit monde des startups… et une croyance a émergé : les premiers temps de la vie de son entreprise, il faut tout faire pour mettre au point son « MVP » – Minimum Viable Product.

Si globalement, l’approche est saine – s’occuper de comprendre son client – elle a par contre mis l’emphase très fortement sur la nécessité de développer très tôt un produit. Et pourtant, même en s’attelant à cette méthode, très peu réussissent à faire le produit génial qui décolle vraiment – et l’on retrouve encore beaucoup de boites, âgées d’1 à 3 années, fortes d’un top produit qui a pivoté quelques fois, mais sans clients, sans marché, sans argent pour poursuivre.

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Je pense qu’il existe une autre approche intéressante, dans les premiers mois de l’entreprise, qui peut aider à survivre, et à se lancer, sans produit.

Il s’agit de penser différemment à ce que peut être le produit, et de faire du contenu. Oui, le contenu est dans ce cas-là le produit. Sans développement, il reste possible sur presque tous les secteurs d’activité de se lancer en agrégeant / créant des contenus intéressants.

Attention : je ne dis pas de se lancer pour devenir une entreprise de contenus. Mais bien de faire que le contenu soit le premier produit que va créer la jeune startup, avant même un produit « technique » à proprement parler. Cela a plusieurs avantages à mes yeux :

  • la barrière à l’entrée est moindre : il faut moins de temps pour écrire des articles / un ebook sur un sujet, qu’il n’en faut pour mettre au point ne serait-ce même qu’une seule fonctionnalité – et il n’y a finalement pas tant que cela de « bons » contenus sur un sujet « de niche », quelle que soit la niche. Avec un peu de temps et d’application, vous devriez récolter les fruits de votre travail !
  • cela vous donne du temps pour vous associer : même sans co-fondateur Tech ou sans moyen financier pour faire faire votre site / service / appli à une agence (quoi que, vous savez ce que j’en pense), vous pouvez comprendre et écrire des choses intéressantes sur votre secteur. Et comme « monter en expertise » et la faire reconnaître prend du temps, le plus tôt est le mieux ! (d’autant plus que vous convaincrez plus aisément un dév de vous rejoindre si vous montrez que vous êtes crédible sur le sujet…).
  • vous pouvez éventuellement le faire en mode « soirs & we » : pour faire du contenu pertinent sur un sujet, 15 jour de veille intensive puis 1h par soir suffisent à commencer à avoir un rendu quali et pro. Voilà une excellente chose à faire donc, et une bonne habitude à prendre, lorsque vous n’êtes pas encore sur votre projet à 100%, par exemple en cours de préavis ou en fin d’études, ou même si vous vous tâtez encore à quitter le nid du salariat pour sauter dans le grand bain. Cela vous permet de gagner du temps et de construire votre expertise.
  • cela construit une vraie base pour vous permettre de faire du Customer Development : plutôt que de chercher désespérément des « alpha-testeurs » le jour où votre MVP commence à être montrable, vous devriez grâce à vos contenus avoir déjà une base assez propice pour donner feedbacks et conseils…
  • vous n’êtes pas à l’abri de monétiser votre contenu : on ne sait jamais, vous allez peut-être vraiment créer des contenus intéressants, qui vous amèneront des opportunités monétisables : un peu de conseil, des articles rémunérés, de la pub, de l’orga d’événements… Je suis passé par là, et franchement lorsque l’on monte sa startup, un sou c’est un sou et il n’y a pas de sot métier !
  • c’est une histoire de « levier » : avoir un « média » qui est un peu en pointe sur un sujet, voire même carrément celui qui sert de référence et qui attire un peu de trafic qualifié, cela vous donnera plein de cartouches pour « faire levier » sur des personnalités de votre secteur d’activité. Que ce soit via des interviews (top pour entrer en contact de manière non commerciale avec des décideurs que vous peineriez à toucher, par exemple) ou tout simplement pour relayer des infos / news, vous verrez que vous serez dans une position bien meilleure !
  • vous attirerez d’autant plus l’oeil des médias : en tant que startupeur « communiquant », l’une de vos prérogatives de permettre à la startup de gagner un peu en visibilité, de passer dans la presse, de préparer le terrain pour une levée de fond ou l’acquisition de clients. Si vous avez du contenu intéressant, intelligent, et « dans la tendance de ce que des journalistes peuvent traiter », il y a de fortes chances qu’ils prêtent d’autant plus attention à vous qu’ils sentent que 1. vous êtes un bon client, et 2. vous pouvez parler de plus de choses que juste vendre votre popote commerciale.
  • si votre entreprise est vouée à réussir, ce sera l’une des clés de sa réussite : appelez-la comme vous voulez (Inbound Marketing, Content Marketing, …), mais la stratégie de contenus est de plus en plus importante pour votre plan d’acquisition / plan marketing / plan commercial. Faire des contenus intéressants est de toute manière un point de passage obligé pour 90% des startups en B2B, un peu moins en B2C mais cela tend à être de plus en plus le cas… donc autant commencer tôt et inculquer cette culture chez vous !

Alors, vous commencez quand à faire du contenu ? C’est peut-être bien ça votre premier produit !

Guilhem Bertholet est PDG de Invox.fr,  co-fondateur de WeLoveSaaS, et co-fondateur de La Cuisine du Web.

Il organise également co-organisateur de la chaire Google à HEC (Google@HEC).  

Crédit photo: Fotolia, banque d’images, vecteurs et videos libres de droits

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2 commentaires

  1. +1 Le contenu permet aussi de construire un communauté autour d’un sujet et de-facto d’avoir une certaine légitimité.
    Néanmoins ce n’est qu’une étape (à part se transformer en société de conseil) il faut un produit et des références pour ensuite être pris au sérieux. Car les MeToo arrivent très très vite dans tous les domaines.

  2. Le conseil de créer du contenu est bon.
    Cependant : je trouve que l’article pousse dans la direction du « OU »(produit OU contenu). L’entrepreneur devrait viser le « ET ».
    Petit retour d’expérience : en 2008, j’ai monté ma première start-up. En parallèle des développements, j’ai commencé à écrire un blog de veille sur la bande dessinée numérique (à l’époque, personne ne suivait réellement ce sujet, en France ou à l’international). Et ca m’a ouvert des portes (par ex : un RDV avec l’un des gros éditeurs que je cherchais à avoir).
    En ce qui concerne le MVP : le smoke test est de moins en moins considéré comme un réel MVP (cf. Ash Maurya, pour ne citer que lui), au profit du mode Concierge. Le smoke test reste une excellente étape, mais rien ne vaut le feedback qu’on reçoit lorsqu’on apporte un réel service aux utilisateurs.

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