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[Instagram] Un succès. Mais où est le business model ?

Instagram a maintenant 27 millions d’utilisateurs, de quoi faire pâlir d’envie pas mal de réseaux sociaux, et ce chiffre devrait exploser très prochainement avec le lancement annoncé d’une version Android de l’application. Pourtant, Instagram n’a toujours pas montré l’ombre d’un business plan, et son avenir reste très incertain.

Instagram doit son succès avant tout à une chose : le style. Ne vous laissez pas tromper par la multiplicité des filtres photo proposés par l’application, ils sont grosso modo tous une variation autour d’un même thème. Ce n’est pas la première application a avoir proposé ce style “polaroid” pour les possesseurs d’iPhone (vous souvenez-vous d’Hipstamatic ?), mais en ajoutant à ces filtres photos un aspect réseau social, Instagram a trouvé la formule magique.

Le risque, cependant, avec un réseau social fondé non pas sur une feature mais sur un style, c’est de devenir ringard. Déjà, Instagram a ses clichés qui sont sujets à moquerie comme le “myspace angle” l’était à son époque. En particulier, la photo des chaussures portées revient toujours, et montre bien la différence entre Instagram et les réseaux sociaux “classiques” à la Myspace : sur ces derniers, l’important c’est de se présenter soi, sur Instagram, on présente son style.

Il y a différentes solutions possibles à ce problème : ajouter de nouvelles features, comme la possibilité d’intégrer du texte dans les photos (en Helvetica, bien entendu!), ou de créer des gifs animés, voire, attention, proposer de nouveaux filtres avec une nouvelle esthétique. Le problème, c’est que toutes ces fonctionnalités, d’autres les proposent déjà.

Instagram est cerné

Il existe déjà de nombreuses applications comme Pixlr-o-matic qui permettent d’appliquer des dizaines de filtres et d’effets divers à vos photos gratuitement, puis de les enregistrer et/ou de les partager sur les réseaux sociaux. Mais à ce stade, Instagram n’a pas à avoir peur de ce genre d’applications qui n’ont pas son cachet ni surtout son organisation en réseau social.

Plus embêtant pour Instagram, Google+ propose depuis quelques mois déjà des filtres lorsqu’on y uploade une photo. Ce ne serait pas un problème, au vu du peu de succès rencontré par le réseau social de Google, si Facebook ne copiait pas toutes les innovations de Google+ depuis son lancement.
L’arrivée de filtres photo applicables directement dans l’application Facebook mobile fait donc l’objet d’une rumeur persistante depuis quelques mois. De nombreux utilisateurs d’Instagram se servant avant tout de l’application pour partager leurs photos sur Facebook ou Twitter, ils pourraient décider qu’ils n’ont plus besoin d’Instagram si les filtres étaient directement sur Facebook.

Google+ permet aussi d’insérer du texte façon “image macro” dans ses photos. Cinemagram, une application qui monte sur l’App store, permet de créer des gifs partiellement animés et stylisés, comme ceux qu’on voit sur des Tumblr hype comme If We Don’t Remember Me.SocialCam, de son côté, à été présenté comme l’Instagram de la vidéo.

Bref, Instagram a de la concurrence, mais ne peut pas se contenter d’ajouter toujours plus de features : son public est là pour des choix de style, et l’ajout de texte, d’animation ou de vidéo pourrait aussi bien être accueilli à bras ouverts que rejeté massivement. S’il suffisait d’offrir le produit le plus complet pour réussir, Google+ serait le numéro un des réseaux sociaux.

La réponse d’Instagram, pour le moment, semble être d’ouvrir son API. Mais attention, Instagram n’ouvre pas la porte à n’importe qui. Camera Awesome et Hipstamatic sont les deux premières applications tierces qui pourront publier des photos directement dans Instagram, positionnant cette dernière application comme le réseau social des amateurs de photos… du moment qu’il a des applis de qualité.

Comment monétiser Instagram ?

La réponse à cette question n’est pas évidente, et jusqu’ici quand on lui a posé la question, Kevin Systrom, le fondateur d’Instagram, n’a répondu que de façon assez vague en lançant quelques buzzwords. Les annonceurs sont pourtant pressés d’utiliser Instagram, comme Burberry qui a déjà un compte Instagram très actif, mais qui pour l’instant ne rapporte rien aux créateurs de l’application.

Le fait est qu’il ne serait pas bien compliqué pour Instagram de proposer aux annonceurs de payer pour que leurs propres photos remontent dans la timeline des utilisateurs. Mais encore une fois, tout est une affaire de style : les utilisateurs d’Instagram ne seraient sûrement pas choqués de voir des publicités Burberry dans leurs applications favorites, mais des publicités pour la grande distribution, ce serait plus compliqué… Bref, il faut savoir où placer le curseur.

Une façon innovante de collaborer avec les marques pourrait être la création de filtres brandés. Imaginez, au milieu des filtres déjà existants comme Early-Bird ou Gotham, que, pour une durée limitée, on vous propose un filtre Converse ou Ray Ban ?

La monétisation ne semble pas le projet numéro 1 de Kevin Zystrom, puisqu’il chercherait plutôt à lever 40 millions de dollars, de quoi tenir un moment sans se soucier des annonceurs. Il devrait pourtant peut-être se dépêcher, puisque certains ont visiblement décidé de ne pas l’attendre : c’est le cas d’Oasis, qui vient de lancer son application Be Fruit sur iPhone et Android.

Derrière l’interface très Instagram-like, cette application brandée permet d’insérer les personnages de la publicité Oasis dans une photo prise au vif ou téléchargée (et pourquoi pas depuis Instagram ?). Le résultat, c’est une application qui propose quelques mécaniques sociales et une façon inédite de customiser les photos, le tout brandé Oasis à 100%.

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4 commentaires

  1. App payante : contraire à l’esprit, à la notion de communauté, ce n’est pas envisageable, et c’est autre autre pourquoi Instagram a supplanté aussi vite Hipstamatic et ses filtres payants.

    Dire qu’Instagram est cerné est un peu racoleur. Il ya certes de nombreuses app dans cet espace, mais chacune sur des déclinaisons de la même idée finalement, avec des spins, des mini-films et de nouveaux effets.. et surtout des communautés très petites. Mais penser que la valeur d’Instagram vient de ces effets est justement simpliste. C’est bien les communautés qui font la force d’Instagram, il suffit de jeter un oeil à la page des meetups un peu partout dans le monde pour s’en rendre compte : http://www.meetup.com/Instagram/

    En ce qui concerne les marques, la solution vient certainement de l’intégration de certaines marques, avec des ADN spécifiques (pas de grande conso) et très visuels comme Converse, Burberry, ou Nike Surf par exemple qui ont d’ailleurs des comptes actifs.

    La seule réelle problématique est que ce modèle n’est pas aussi scalable qu’un système d’enchère type Adwords par exemple. Mais avec 27 millions d’utilisateurs, de l’audience très qualifiée, sur un support particulièrement visuel, faut-il vraiment se faire du soucis pour le business model ?

  2. Je vous invite à regarder l’application iPhone Smile World de Coca Cola Espagne: une copie quasi parfaite d’instagram + géolocalisation!

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