Microsoft ou l’art de la résilience
Ce mardi, mon entreprise aura le plaisir de diffuser en live streaming Satya Nadella lors de son passage à Microsoft Expériences, après avoir diffusé Bill Gates et Steve Ballmer au cours des dix dernières années. Trois hommes, trois styles différents, trois visions différentes. Une seule entreprise. Microsoft. Un peu plus de vingt ans que Microsoft est pour moi un partenaire stratégique de mes entreprises. L’influence qu’aura eu Microsoft sur moi est immense.
S’il me fallait retenir une seule chose de Microsoft, ce serait l’art de la résilience. Microsoft, comme toutes les entreprises, commet régulièrement des erreurs: stratégiques, tactiques, opérationnelles. Pour beaucoup d’autres, ces erreurs sont fatales. Des empires se sont effondrés parfois en seulement dix ans sur quelques mauvaises décisions. Mais il y a chez Microsoft une capacité à faire pivoter le paquebot entièrement, rapidement. Lorsque tout le monde prédit la fin du géant de Redmond, c’est souvent ignorer qu’il a déjà compris et qu’il a lancé un «pivot» sur 120 000 personnes. Parfois plusieurs pivots successifs. Microsoft est aujourd’hui le leader mondial du SaaS devant SalesForce alors que dans les années 90 il avait raté le virage d’Internet. Depuis l’arrivée de Satya Nadella, le groupe a accompli une mutation sans précédent. Un changement d’état d’esprit total. L’arrivée de géants du marketing et des réseaux sociaux (Adobe, Sprinklr…) sur Microsoft Azure, le déploiement de 5000 personnes sur l’intelligence artificielle, le lancement d’une galaxie d’applications dans l’univers Office, l’arrivée d’Hololens, le rachat de LinkedIn: Microsoft est sur tous les fronts, et ceux qui lui reprochaient son caractère monolithique sont les mêmes qui lui reprochent maintenant de «partir dans tous les sens». Et si le géant de Redmond préparait les pièces d’un immense puzzle qui s’assemble façon rouleau compresseur?
Car c’est l’autre grande leçon que j’aime retenir de cette entreprise: l’exécution rouleau-compresseur d’une stratégie. A l’aide de scorecards descendues sur les filiales, les équipes, les individus et même les fournisseurs, chacun sait précisément ce qu’il a à faire pour qu’au final, tous ensemble, le bateau ait pivoté et soit à vitesse maximum dans la nouvelle stratégie. Microsoft n’a surement pas le monopole du «cool & trendy», ses produits ne sont pas parfaits, il n’empêche: il y a dans cette entreprise une volonté inébranlable d’apprendre de ses erreurs, d’ajuster le tir et ensuite de dérouler la stratégie avec une rigueur d’exécution et une humilité exceptionnelles, qui m’ont toujours inspiré.
Diplômé de l’Ecole Centrale Paris, fondateur en 1994 de l’agence digitale FRA cédée 7 ans plus tard à Digitas, Jean-Louis Bénard a participé à la mise en place des premières plateformes e-commerce en France, dont Ooshop.
Depuis 2003, Il est CEO de Brainsonic, agence digitale et éditeur de la plateforme cloud Sociabble, présente à Paris, Lyon et New-York. Il est également cofondateur de Novathings (objets connectés). Auteur ou co-auteur de plusieurs ouvrages dont Extreme Programming (Eyrolles), il intervient en tant qu’ Advisory Board Member à Ecole Centrale Paris Executive Education.
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