Les investissements en France et dans la Silicon Valley : Jeff Clavier & JD Chamboredon
2011 semble avoir été marqué par un tassement des investissements en capital risque en France. Alors que les 3 nouveaux fonds initiés par des entrepreneurs de l’internet, Jaïna Capital, Isai et Kima Ventures avaient largement dominé le paysage de l’investissement dans les startups françaises en 2010, leur visibilité a été moindre cette année, en tout cas dans l’Hexagone.
Pour Marie-Christine Levet, Directrice de Jaïna Capital, certains investisseurs sont peut être attentistes par rapport à la situation économique et par rapport a un phénomène de bulle autour de certaines activités comme le segment des jeux ou des achats groupés. Une dégringolade de Groupon aurait un effet à la baisse sur les valorisations du secteur. « Nous ne surpayons pas nos participations et préférons refuser des deals que de rentrer à des valorisations que nous jugeons trop élevées. » Jaïna Capital revendique une poursuite de ses opérations. Le fonds a investi en novembre 2011 dans la société israélienne Zooz (paiement mobile), en septembre dans l’agence marketing Keyade et début 2011 dans Lentillesmoinschères.com.
Jérémie Berrebi, co-fondateur avec Xaviel Niel de Kima Ventures rappelle que les investissements de Kima se poursuivent au rythme de deux par semaine mais très majoritairement en dehors de la France cette année. Il regrette la profusion de « projets opportunistes » en France dans lesquels la passion semble absente. « Il manque aussi clairement de projets d’envergures… alors que les valorisations sont plus hautes. Comment justifier une valorisation de 3M d’euros en amorçage sur un marché de 20M d’euros max par exemple ? Il regrette également que les startups s’attaquent souvent à des marchés trop petits autour d’entrepreneurs trop peu expérimentés dans l’internet.
De son côté, Jean-David Chamboredon, CEO d’Isai Gestion, explique : « La baisse des investissements du capital-risque français observée depuis début 2011 ne s’explique pas simplement pas les incertitudes sur la conjoncture macro : investir en bas de cycle sur des jeunes pousses est, au contraire, une excellente stratégie. La réalité est que les fonds institutionnels de type FCPR levés en 2006-2008 arrivent en fin de période d’investissement et que rares sont les gérants qui ont réussi à lever le véhicule suivant. De plus, la collecte FCPI/FIP ISF a fortement baissé du fait des changements de règles fiscales et, à une moindre échelle, la collecte des véhicules IRPP a également été réduite. Le capital va être rare dans les années qui viennent ce qui peut avoir un effet dévastateur sur l’écosystème des jeunes entreprises innovantes et donc sur la croissance. »
A l’occasion de LeWeb’11, FrenchWeb a réuni sur le plateau TV de la conférence Jeff Clavier et Jean-David Chamboredon pour évoquer les différences marquées entre la Silicon Valley et la France en matière de capital risque.
Jeff Clavier est le VC français le plus célèbre en Californie. Son fond d’investissement, SoftTech VC, dispose d’une enveloppe de 50 M$ et a investi en early stage dans une soixante de sociétés du web 2.0 ces trois dernières années. On lui doit quelques ventes remarquées à Yahoo, AOL, Twitter et Groupon entre autres. Ses principaux investissements : Mint, Truveo, Ustream, Milo, Eventbrite…
SoftTech VC est un fond de 50 et non 15 million$. Le fond de 15 million$ est le premier et date de 2007, le second de 35 million$ a été créé en 2011.