[Présidentielle] Les acteurs du crowdfunding signent un manifeste pour interpeller les candidats
Les acteurs de la finance participative se sont réunis hier au Palais Brongniart. Élus, journalistes, fondateurs de plateformes web, et citoyens faisaient hier cause commune pour interpeller la classe politique sur les enjeux liés à ces formes alternatives de financement, notamment boostées par les plateformes de crowdfunding comme Ulule, Babyloan, Babeldoor ou FinanceUtile.
Ces plateformes proposent de soutenir la création d’activité sous différentes formes : dons, prêts solidaires, investissement en fonds propres, crédit participatif…
Or, aujourd’hui, la législation française contraint et limite fortement le fonctionnement des plateformes de crowdfunding, à l’instar de Babyloan.org. Arnaud Poissonnier, son président-fondateur, précise : « Pour l’appel à l’épargne, nous n’avons pas le droit de solliciter plus de 99 investisseurs/projet. Il faudrait plutôt limiter la somme versée par personne». En 2010, Babyloan.org était parvenu à modifier le code monétaire et financier pour rendre acessible le prêt solidaire aux personnes physiques. Arnaud Poissonnier veut poursuivre cet effort en demandant la défiscalisation des prêts, et rappelle des avancées notoires aux USA avec le « Crowdfunding Act », qui propose un environnement spécifique, favorable à ce type de financement.
Hier soir, il était question de présenter un manifeste signé à la fois par les porteurs de projets en quête de financement, les gestionnaires de plateformes web, les investisseurs individuels, les business angels et quelques citoyens. En voici un extrait :
Il faut faire connaître cette dynamique qui touche à l’économie et aux territoires, et pour que les citoyens maîtrisent le sens de leur argent. Nous interpellons les candidats et pouvoirs publics afin qu’un développement réel et serein de cette activité soit favorisé et non entravé par les règles communes (…) Internet modifie et élargit les possibilités et la notion de communauté »
Le manifeste indique d’ailleurs des enjeux économiques très positifs :
La finance participative apporte des solutions à la crise et du sens à l’économie : financement de startups, d’entrepreneurs, de projets de toute nature. Les potentialités sont immenses et sources de création d’emplois. Les acteurs de ce mode de financement innovant (…).
La conférence a également été l’occasion de témoignages très convaincants. Comme celui de Paysans.fr, spécialiste de la livraison de produits frais et de saison sans intermédiaire, qui a fait appel à ses clients pour tenir le cap. Son co-fondateur, Marc Sahraoui, a expliqué que les banques avaient refusé de le soutenir.
Grâce à la plateforme FinanceUtile, et au moyen d’une holding d’actionnaires-clients (« les Amis de Paysans.fr »), il est parvenu à lever 100 000 euros en un an, et a sauvé l’entreprise, qui génère 800 000€ de CA et revendique 14 000 clients fidèles.
Le phénomène crowdfunding est relativement récent et souffre encore d’impopularité : 65 % des 80 plateformes sont nées entre 2008 et 2010. Mais pour Thierry Merquiol, Président de Wiseed, site de crowdfunding : « 2 millions de Français placent leur argent en Bourse via des sites internet, avec un portefeuille moyen de 15 000 €« . C’est dire le potentiel si une partie d’entre eux plaçaient leurs mises sur des plateformes de finance participative…
Le manifeste complet à lire ici.
Lire le dossier de FrenchWeb consacré au panorama du crowdfunding en France.
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