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[REPORTAGE] Comment Rocket Internet et AIG veulent conquérir l’Afrique depuis la France

Pas une semaine sans que l’on parle de l’Allemand Rocket Internet. Sa recapitalisation, ses acquisitions à tour de bras, ses conquêtes… sont régulièrement relayées par la presse spécialisée. Mais qui sait que l’incubateur allemand a implanté son modèle d’expansion éclair en plein coeur de Paris ? Plus précisément, au sein de l’une des entreprises dont il est actionnaire et cofondateur, Africa Internet Group (AIG), créée en 2012 par deux Français anciens du cabinet de conseil McKinsey. Discrète sur ses chiffres, la société réalise plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires par mois, avec une croissance à deux chiffres, lit-on dans les médias africains.

AIG, qui a ouvert pour la première fois à un média les portes de son QG de la rue de Milan occupé depuis novembre 2014, est une poupée russe boulimique. Poupée russe à cause de l’organigramme : Rocket Internet et les deux opérateurs télécoms africains, MTN et Millicom possèdent AIG, qui incube et détient une dizaine de start-up dans sa ruche, qui elles-mêmes, en bout de chaîne, pilotent leurs bureaux locaux principalement en Afrique et au Moyen-Orient. Un peu comme la chaîne alimentaire, mais pour les start-up. Et boulimique, parce qu’elle réplique le modèle terriblement efficace de l’incubateur berlinois : primo, identifier les pays et les marchés émergents, deuxio, absorber le plus rapidement possible des utilisateurs.

Apporter l’Internet mobile à l’Afrique

C’est une fringale chaotique et incessante qui règne au siège parisien, à la hauteur du potentiel que représente le marché africain, et plus particulièrement celui des services mobiles. Avec 835 millions d’abonnés en 2014, le continent est le troisième marché mondial de la téléphonie, au grand bonheur des fabricants chinois de smartphones, et sur lequel les portails n’ont plus qu’à pousser. Comment résister au 1,1 milliard d’Africains, dont 34% qui font désormais partie de la classe moyenne, selon la Banque africaine de développement (BAD) ? D’ici 2060, près d’un Africain sur deux sera de la middle class. Un eldorado de futurs consommateurs qui voit débarquer des nouveaux bienfaiteurs qui «offrent» l’accès à Internet, parfois avant l’eau courante.

A Paris, nichée dans les salles où s’agglutinent les start-up, se trouve Jovago, la plateforme de réservation d’hôtels en ligne lancée en 2013 qui compte déjà près de 250 salariés dans ses «trois grands hubs» à Lagos (Nigéria), Nairobi (Kenya) et Dakar (Sénégal). Son objectif: affirmer son leadership face aux tentatives de Expedia et de Booking.com sur ce marché.

«Nous apportons l’emploi et l’accès à des services Internet en Afrique», se félicite Paul Midy, le CEO de Jovago. Les parts du gâteau à prendre sont copieuses. Au Nigeria, 88 % du trafic Internet passent par les réseaux mobiles (étude GSMA).

Aller vite et fort

Dans les grandes villes africaines, Paul Midy assure que les salariés travaillent «dans de nouveaux bâtiments, parmi les premiers à être sécurisés». Côté salaires, Jovago ne préfère pas communiquer, «cela paraît toujours très faible aux yeux des Européenns, car oui, nous appliquons les prix du marché», reconnaît le dirigeant français de 32 ans qui négocie aussi les partenariats comme celui avec le ministère du tourisme au Nigeria pour qu’il renvoie vers les hôtels du site Jovago.

Impossible de savoir quelle verticale e-commerce ou de Jumia, HelloFood, EsayTaxi, Carmudi, etc. est la plus rentable pour AIG et Rocket Internet. Aller vite et fort. C’est le seul mot d’ordre de ces jeunes salariés de 25 à 30 ans qui carburent et prennent leurs pauses dans le salon de l’ancien occupant, (la tristement célèbre entreprise Bygmalion.) «J’ai une vision à 6 mois», lâche Paul Midy, lui aussi ancien du cabinet McKinsey appelé par ses patrons d’AIG, Sacha Poignonnec et Jérémy Hodara. Comme AIG, il prône le «100% entrepreneurship» mais cherche plus dans ses bureaux africains à travailler avec des «leaders». Au final, une autre définition de l’entrepreneuriat.

 VIDEO : Chez AIG, à Paris

 

« J’ai appris qu’on ne fait rien de grand quand on reste seul, et que l’on ne fait rien de grand sans une bonne équipe. Tout mon travail depuis mon arrivée à Jovago a été de trouver les bonnes personnes. Chez McKinsey, nous travaillons avec beaucoup d’analytique mais aussi beaucoup d’humain. Malgré les 10 000 collaborateurs dans le monde, les consultants fonctionnent en mode entrepreneurial. A Jovago, j’ai beaucoup appris sur comment gérer une grosse équipe de 250 personnes. Aussi, pour coordonner tout le monde, je me dois à l’exemplarité dans ma façon de travailler. J’ai appris à m’adapter aux nouvelles méthodes de travail, par Skype, et non plus par email. J’ai découvert l’Afrique il y a 5 ans, plus particulièrement le Gabon, et je souhaite que l’on puisse sortir des a priori terribles que l’on râbache dans les médias tels « Ebola », et « extrême pauvreté ». Paul MIDY, CEO de Jovago.

VOIR aussi : Dans Le Journal des RH, l’interview de Pauline Bouteiller, Head of Talents à AIG.

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