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Vivendi-Gameloft: l’impitoyable OPA

Dans le duel Vivendi-Gameloft, le marché glorifie la loi du plus fort. Grâce à sa dernière offre du 27 mai et à l'issue d'une bataille boursière ayant débuté en février, Vivendi a gagné le soutien de la majorité des actionnaires de Gameloft dans le cadre d'une offre de rachat hostile. Cela a donné à Vivendi le poids nécessaire pour progresser dans son acquisition.

En effet, un cheval de Troie s'est révélé et a fait pencher la balance : Amber Capital, l'un des groupes d'actionnaires les plus importants – et les plus récents – de Gameloft a offert son soutien à la société Vivendi. Cette dernière possède dorénavant 61,71% du capital de l'entreprise et 55,61% de ses droits de vote, devenant ainsi son principal actionnaire. Avec une majorité chèrement acquise, Vincent Bolloré a gagné son bras de fer et le changement attendu à la direction de Gameloft ne s'est pas fait attendre: Michel Guillemot, fondateur et PDG de la société, a annoncé dans une lettre adressée à ses employés son départ prenant effet dès la prochaine assemblée des actionnaires le 29 juin.

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La stratégie de Vivendi vis-à-vis des jeux vidéo n'a pas été régulière. Anciennement propriétaire d'Activision, Vivendi a ensuite fait marche arrière et porté son intérêt non seulement sur le développeur de jeux mobiles Gameloft, mais aussi – et surtout – sur Ubisoft, l'éditeur de la saga à succès Assassin's Creed, également fondée par la fratrie Guillemot.

Ainsi, Vivendi a resserré son emprise sur le géant français du jeu vidéo en octobre 2015 en achetant petit à petit les actions de Gameloft, alors qu'Ubisoft critiquait cette politique agressive et considérait ces rachats comme non sollicités et importuns. Pour contrer cela, Ubisoft a voulu mettre en place des moyens de défense, en cherchant de nouveaux investissements, et en faisant appel à l'Autorité de la concurrence afin de préserver son indépendance.

Or, il était difficile pour Gameloft de résister lorsque la vente d'Activision en 2013 a permis à Vivendi d'engranger beaucoup de liquidités. Grâce à cela et aux ventes d'actions en 2014, l'avantage se trouvait désormais du côté de Vivendi qui pèse environ 10 milliards de dollars. Ubisoft, avec une année financière prospère et des jeux à succès, peut se permettre de résister encore aux attaques de Vivendi, du moins pour le moment.

Interrogé sur sa relation avec Telecom Italia le jour même, Vincent Bolloré annonça "le groupe Vivendi dispose de tous les actifs nécessaires pour mener à bien sa stratégie et ne prévoit pas de réaliser de grosses acquisitions", confirmant son intention de se focaliser sur les contenus et non les télécoms. Or, au vue de l'historique de Vivendi et de ses méthodes, il est probable que ceci ne soit qu'un tremplin vers un objectif bien plus important : Ubisoft.

frederic-ichayPar Frédéric Ichay, avocat associé Pinsent Masons, cabinet d'avocats international implanté en France depuis 2012.

 

 

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