L’exécutif organise lundi et mardi à Bercy une conférence européenne sur la souveraineté numérique, une préoccupation particulièrement vive en France mais que Paris estime de plus en plus partagée dans l’UE.
La souveraineté numérique désigne la capacité des pays européens à garder la maîtrise de leur destin en matière de numérique et d’internet, sans se retrouver pieds et poings liés face aux géants américains et chinois qui se sont construits de véritables empires commerciaux mondiaux.
« C’est un objectif qui nous anime depuis plusieurs années » et qui est de plus en plus partagé au niveau européen, indique-t-on au cabinet du secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O.
« La Commission européenne, les Etats membres, le Parlement européen, commencent à soutenir ces sujets-là, on le constate sur des sujets stratégiques » comme la discussion en cours de deux lois européennes sur la régulation d’internet, le DSA (Digital services act) et le DMA (Digital markets act), ajoute-t-on de même source.
Plusieurs commissaires et ministres européens doivent intervenir, directement ou à distance, dans cette conférence organisée dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. Côté secteur privé, l’un des dirigeants de Microsoft, Brad Smith, s’exprimera, tout comme le directeur général de BackMarket – championne française des « licornes » par sa valorisation – Thibaud Hug de Larauze, ou la fédération française des start-up, France Digitale.
La conférence écoutera aussi des grandes voix dans les débats sur l’impact sociétal du numérique, comme l’Américaine Shoshana Zuboff, professeur à Harvard et grande dénonciatrice du « capitalisme de surveillance ».
L’organisation de cette conférence a déjà donné lieu à quelques polémiques sur les réseaux sociaux, certains observateurs s’agaçant de la présence de géants du numérique américains dans des versions préliminaires du programme de l’évènement. « L’enjeu est d’avoir un débat exigeant. Il est important et enrichissant de pouvoir convier à cette conférence des entreprises concernées par cette régulation [le DMA]. La souveraineté européenne ne se fait pas en autarcie mais en posant nos exigences et nos règles », a répondu le cabinet de Cédric O.
La journée de lundi sera consacrée aux débats de fond sur la souveraineté (« cloud » et stockage de données, cybersécurité, régulation des plateformes…). La journée de mardi sera plus centrée sur l’accompagnement des anciennes start-up en pleine croissance et susceptibles de devenir des championnes européennes et mondiales – les « scale-up », dans le jargon de la « start-up
nation ».
La France propose aux autres Etats européens de créer un nouveau fonds public européen, qui irait alimenter, conjointement avec des investisseurs institutionnels privés, des fonds d’investissement spécialisés dans les « scale-up ». Emmanuel Macron prône un objectif de 10 géants de la tech européens en 2030, des entreprises dont la valorisation se compteraient en dizaines de milliards d’euros.
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