275 millions de dollars pour renflouer les caisses de Bird, rival de Lime
L’heure est au soulagement dans les rangs de Bird. Et pour cause, la start-up californienne, qui propose des trottinettes électriques en free-floating, vient de boucler un tour de table de 275 millions de dollars en série D mené par Sequoia Capital et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Contactée par la rédaction, la société basée à Santa Monica indique que ce nouveau financement porte sa valorisation à 2,5 milliards de dollars.
A l’origine de l’essor spectaculaire des trottinettes électriques, Bird a connu une ascension fulgurante, ses engins étant très largement adoptés par la population américaine dans un premier temps, puis européenne. Cependant, l’euphorie des débuts a laissé place au chaos sur les routes et les trottoirs, avec de nombreux accidents et des dégradations commises sur les trottinettes par des piétons excédés de ne plus pouvoir se frayer un chemin sur les trottoirs.
Bird en quête d’un modèle économique rentable
Dans ce contexte, la durée de vie moyenne des trottinettes électriques est relativement faible, elle n’excède pas trois mois, selon une étude du cabinet de conseil Boston Consulting Group (BCG). Or il faut 115 jours, soit près de quatre mois, pour amortir le coût d’acquisition d’une trottinette. Dans ces conditions, difficile d’avoir un modèle économique rentable, d’autant que les investissements consentis par les entreprises du secteur pour déployer leurs engins dans de nouvelles villes et entretenir leur parc de trottinettes ne font que rendre l’addition plus salée.
Malgré un développement mené tambours battants dans plus d’une centaine de villes dans le monde entier, Bird n’a pas échappé à cette réalité économique. Ainsi, le site américain The Information révélait cet été que la start-up californienne avait perdu près de 100 millions de dollars au premier trimestre 2019, tout en enregistrant que 15 millions de dollars de chiffre d’affaires. «L’époque où la croissance du chiffre d’affaires était le principal indicateur de performance clé pour les entreprises émergentes est révolue», estime Travis VanderZanden, fondateur et CEO de Bird, passé par Uber et Lyft. Signe des difficultés rencontrées par l’entreprise, elle s’est séparée de 5% des effectifs en mars et aurait discrètement levé 300 millions de dollars en début d’année sans que sa valorisation n’en soit impactée. Une situation suffisamment rare pour être soulignée.
Pour modifier l’équation, l’entreprise américaine a fait évoluer son modèle économique cette année en se lançant dans la location longue durée et la vente de trottinettes électriques. Dans le même temps, la jeune pousse a également augmenté le prix de ses trajets dans plusieurs villes. Une manière pour Bird d’augmenter ses marges pour se rapprocher de la rentabilité. En quête d’un second souffle pour éviter de se retrouver dans une situation critique, la société cherchait à lever rapidement 300 millions de dollars d’ici la fin de l’été. C’est désormais quasiment chose faite avec ce tour de table de 275 millions de dollars. Autre note positive, Bird a réalisé une bonne affaire au printemps en s’offrant Scoot, un concurrent plus modeste, pour moins de 25 millions de dollars alors que cette jeune pousse américaine était valorisée à environ 71 millions de dollars avant son rachat.
Bird en pleine opération séduction à Paris
Après une année 2018 marquée par un développement éclair à l’international, Bird entend s’appuyer sur ce financement pour développer des trottinettes électriques plus résistantes, capables de dépasser les quatre mois nécessaires pour rentabiliser leur déploiement. Une condition sine qua non pour l’entreprise américaine afin de réduire ses pertes et résister à une concurrence féroce. Bird doit notamment faire face à Lime, son principal rival présent dans plus d’une centaine de villes dans le monde, ainsi qu’à une flopée d’autres acteurs, comme l’Américain Uber, qui déploie des trottinettes électriques sous la marque Jump, le Suédois Voi ou encore l’Estonien Bolt.
A peine deux ans après le démarrage de son activité, Bird opère dans 120 villes à travers le monde, dont 4 en France : Paris, Lyon, Annecy et Marseille, où l’entreprise américaine vient de remporter l’appel d’offres lancé par la municipalité. Ce dernier a d’ailleurs été fatal à son rival américain Lime, autre mastodonte du secteur. Un appel d’offres va également être lancé à Paris en octobre, pour un verdict attendu en novembre. Trois opérateurs seront retenus, avec des autorisations d’opérer valables deux ans. Chacun pourra déployer 5 000 trottinettes, ce qui constituera un parc de 15 000 engins en libre-service au total dans Paris. En vue de cet appel d’offres dans la capitale française, Bird a lancé une vaste campagne de communication pour séduire Anne Hidalgo. En effet, l’entreprise américaine a annoncé cet été son intention d’installer son QG européen à Paris, avec à la clé 1 000 emplois d’ici deux ans. Le marché mondial de la trottinette électrique pèse aujourd’hui plus de 1,5 milliard de dollars et devrait atteindre 40 à 50 milliards de dollars d’ici 2025, selon Boston Consulting Group (BCG).
Bird : les données clés
Fondateur : Travis VanderZanden
Création : 2017
Siège social : Santa Monica
Secteur : Micro-mobilité
Activité : service de trottinettes électriques en free-floating
Concurrents : Lime, Uber, Bolt, Wind, Voi…
Financement : 275 millions de dollars en série D en octobre 2019 auprès de Sequoia Capital et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ)…
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Vous soulignez à juste titre la durée de vie ridicule de ces engins en free floating. Il est important de préciser également que ces services, au lieu de limiter le trafic auto comme ils le prétendent, gagnent des usagers au détriment des transports en commun et de la marche. Une très bonne étude française ici: 6-t.co/trottinettes-freefloating
Qui peut encore croire à l’avenir en France des trottinettes en libre-service ? Entre les vols qui se comptent en centaines par semaine, les dégradations, les accidents et les incivilités, sans oublier les problèmes de dos… Dans un an, il n’y aura probablement plus une trottinette électrique dans les grandes villes françaises et franchement… tant mieux !
Avec l’un des meilleurs réseaux de transports en commun du monde et le retour en grâce de la marche à pied pour des raisons de santé, la trottinette n’a à mon sens guère d’intérêt pour la société.