[3 questions à] Steven Hearn : « Nous allons créer un fonds uniquement consacré aux startups de la culture »
« Rejoindre Creatis, c’est plus que louer un poste de travail, c’est militer pour que la culture soit un champ entrepreneurial d’envergure » affirme Steven Hearn, à l’initiative du projet.
L’espace Creatis, hébergé à la Gaîté Lyrique, est une plateforme, associant incubateur (créé en avril 2012) et un espace de co-working (créé en février 2013), consacrée à l’entrepreneuriat et à l’innovation dans les champs culturels très divers allant du media à l’architecture en passant par la photographie, les arts culinaires et le spectacle vivant.
Le dispositif a choisi de s’adosser à un établissement culturel où se retrouvent quotidiennement de nombreux acteurs du secteur. L’objectif consiste à ce que les entrepreneurs soient pris dans une dynamique vertueuse et puissent essaimer au sein des 10 000 mètres carrés du lieu, coproduire des événements avec les équipes, tester leurs produits sur les publics.
L’idée est également d’insérer les entrepreneurs dans un projet en construction qui dépasse leur propre aventure entrepreneuriale. L’objectif est donc de prouver que d’autres modèles existent au-delà de la subvention et du mécénat… Steven Hearn a, d’ailleurs, récemment été missionné par Aurélie Filippetti et Fleur Pellerin pour l’écriture d’un rapport sur l’entrepreneuriat culturel.
Il revient pour Frenchweb sur l’offre de Creatis et les enjeux de ce secteur.
[FW] Pour répondre à quels besoins a été créé le dispositif Creatis ? Pourquoi avoir fait le pari de la culture ? Pensez-vous que le secteur puisse attirer les investisseurs ?
Steven Hearn: « Alors que Paris dispose d’infrastructures culturelles sans commune mesure avec ses voisins, de nombreux festivals, des artistes du monde entier qui y créent, des institutions internationales, que plus de 60 millions de visiteurs annuels s’y rendent pour visiter musées, monuments et pour expérimenter la vie nocturne et les spectacles, que les industries culturelles et créatives représentent 363 000 emplois dont 44% de professions créatives… Il n’existe pas de réel écosystème de l’entrepreneuriat culturel. Il s’agit donc d’un secteur doté d’un fort potentiel mais inexploité et sous évalué.
Créer Créatis, c’était d’abord répondre à ce manque en proposant un outil capable d’identifier les initiatives entrepreneuriales du secteur et construire un espace d’échanges et de rencontres propice à leur bon développement.
Le secteur bénéficie, par ailleurs, d’une mauvaise image auprès du monde de la finance : celle d’un secteur dépendant de soutiens financiers (Etat, Région, Villes) et n’étant pas rentable. Les investisseurs s’en approchent donc fébrilement et sans grande conviction.
Nous travaillons à faire comprendre que ces projets culturels qui innovent sur le secteur du numérique, au-delà de leur qualité intrinsèque, sont construits sur des business model solides et ambitieux qui n’ont de cesse de consolider une économie florissante. Les coûts de production y sont relativement faibles, les croissances d’entreprises rapides et les profits substantiels.
Pour attirer les investisseurs sur ces startups, nous sommes en train de créer un fonds d’investissement consacré aux entreprises du secteur culturel nommé Crysalid et qui pourra accompagner notamment les entreprises en résidence à Créatis. »
[FW] Quels acteurs sont à l’initiative de ce projet ? Qu’en est-il du financement ?
Steven Hearn: « Creatis est un projet développé par la holding culturelle ScintillO, dont je suis le président. ScintillO est une structure qui détient une quinzaine de participations dans le secteur culturel : des équipements, des magazines, des sociétés de production.
Une équipe s’occupe de l’administration, de l’animation et du développement de la plateforme. Les résidents sont consultés au quotidien pour affiner l’accompagnement et les formations proposées. Chaque entrepreneur participe ensuite au développement de l’écosystème en prodiguant ses conseils et en mettant ses compétences à disposition des autres résidents.
Le fonctionnement du projet est autofinancé par les loyers payés par les résidents. Créatis a cependant bénéficié d’une aide à l’investissement de la Ville de Paris. »
[FW] Quelles conditions les startups doivent réunir pour espérer intégrer l’incubateur ? Combien de startups sont accueillies aujourd’hui ?
Steven Hearn: « Creatis s’adresse aux entreprises du secteur de la création et des industries créatives. Sont privilégiées les sociétés développant une activité innovante liée au numérique, travaillant sur des projets pouvant être exploités sur les marchés européen et international, et dont les créateurs s’inscrivent dans une logique de décloisonnement des secteurs et des méthodes de travail.
Les critères de sélection portent sur : le potentiel de l’équipe entrepreneuriale, les objectifs de la société et les innovations apportées par le projet, la crédibilité économique, l’insertion dans l’écosystème et enfin l’appropriation des valeurs de la charte d’excellence et de sens de la Résidence.
Creatis accueille, pour l’heure, entre 20 à 40 entreprises de la culture sur les 115 postes que comptent la plateforme. Aujourd’hui, leurs activités recouvrent plusieurs champs du secteur : musique, photographie, arts numériques, édition, production audiovisuelle, services web et spectacle vivant. Creatis souhaite aussi ouvrir sa porte à des indépendants travaillant en freelance qui interviennent dans ce même secteur (graphistes, développeurs, etc.) et qui pourraient interagir ainsi avec les résidents »
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