4 réactions qui condamnent le sort fait à Heetch
Malgré le soutien demandé auprès de sa communauté et des médias, Heetch a été condamné jeudi 2 mars par le tribunal à verser 441 000 euros en réparation du préjudice moral causé aux chauffeurs de taxi par la plateforme. Lors du verdict, les plaintes de 1 463 parties civiles ont été jugées recevables. La start-up devra également s’acquitter d’une amende de 200 000 euros, dont 150 000 avec sursis. Dans la foulée, les fondateurs ont décidé de suspendre l'application.
Suite à cette décision, les fondateurs de Heetch ont publié une lettre ouverte à François Hollande, publiée sur Medium et FrenchWeb.
Heetch a aussi tenté de faire le buzz sur les réseaux sociaux avec une manifestation virtuelle où chacun peut exprimer son désaccord avec la décision du tribunal. Fondée en 2013, le service revendique 100 000 passagers transportés par semaine. Selon la start-up, 70% des trajets se feraient vers la banlieue. Dans le monde de la la tech, les réactions sont sans appel.
« Le verdict du procès Heetch apparaît comme très sévère »
Le tribunal a très certainement apprécié les faits en regard de la législation en vigueur et ne peut être blâmé pour cela. Une lecture détaillée du jugement permettra aux dirigeants de Heetch et à leurs conseils de voir s'il y a matière à faire appel et s'il existe une voie de relance de leur activité…
J'ai eu l'occasion de témoigner ici lors du procès en Décembre et la question centrale que pose ce procès est celle de la vitesse d'adaptation de la législation à la transformation des usages rendus possibles par la technologie. On se retrouve ainsi aujourd'hui dans une situation où le covoiturage est précisément défini suite à l'adoption massive du co-voiturage longue distance par les Français. On voit bien que cette définition de la co-consommation sera à revoir dans le cadre du développement du co-voiturage urbain/courte distance… Mais aussi dans une situation où le contributeur particulier non professionnel n'est défini que pour certaines activités (location de biens) mais reste indéfini dès lors qu'il s'agit de prestations à titre onéreux sortant du très strict cadre de la co-consommation…
Heetch est, de plus, actif dans un secteur très réglementé ayant connu des changements importants du fait de l'émergence des plateformes de VTC et face au lobby puissant et agressif des taxis. Auraient-il pu éviter de se retrouver en situation de victime collatérale en restreignant plus qu'ils ne l'ont fait l'usage de leur plateforme ? C'est évidemment une question qui se pose…
De façon plus générale, les vides juridiques auxquels est confrontée l'économie collaborative ne doivent pas devenir un frein ou un obstacle au développement de cette économie (vertueuse dans l'immense majorité des cas) au travers de start-ups tricolores. Ce serait un manque à gagner très important pour le pays… J'espère que ce jugement ne sera pas interprété comme tel par les entrepreneurs et les investisseurs !
« L'État a délibérément semé le chaos »
Sans doute s'il n'y avait pas le numerus clausus des taxis, ces derniers n'auraient pas à supporter des crédits à vie pour acheter leur licence. Et ils ne crieraient pas à la concurrence déloyale. Nous sommes dans un système où l'État a délibérément semé le chaos en créant la rareté et empêché la concurrence de pouvoir s'installer. La décision, même si elle est peut-être fondée en droit, semble être la marque d'une société sclérosée par le lobbying anti-concurrentiel, assurant surtout la protection de professions rentières, connectées politiquement, au détriment, finalement, du bien public. En outre, le système de protection sociale, lui aussi, imposé montre ses limites face aux évolutions de l'économie du partage qui rebattent les cartes en matière non seulement de "juste" et de "légal" mais aussi de choix de type de protection sociale.
REVOIR: [LE CRASH TEST: François Fillon], avec Emmanuel Martin, économiste
« Heetch, un taxi vers la révolution »
«Quand la loi est injuste il revient au citoyen de la violer. Quand le monopole écrase, un pays doit se libérer. Le Juge applique la Loi. Mais les réquisitions et la sentence sont une condamnation à mort hypocrite qui se réfugie derrière le droit pour cracher contre l'entrepreneur. Un service qui fait à peine 1.5 million de chiffre d'affaires mettrait les taxis en péril. On croit rêver. Un service qui ne pénalise en rien des taxis que les clients de Heetch ne pourraient s'offrir et que les taxis ne veulent pas monter dans leur voiture de toutes façons. On a jeté aux chiens ceux qui se donnent du mal pour joindre les deux bouts, et réduire leurs frais de voiture (6K par an) et préféré que nos jeunes prennent le risque de rentrer ivres au volant et mourir sur la route. Le juge français vient de signer la mort des entrepreneurs français, les pousser à quitter la France, décréter l'interdiction pour les plus modestes de s'en sortir et risquer la vie de nos enfants. En un seul jugement c'est un exploit. La Justice est aveugle, issue d'un système à bout de souffle qui mérite que nous le mettions enfin à bas. Révolution !»
Le tweet de soutien de Benoît Hamon
Pour soutenir l'innovation, il faut un nouveau cadre pour les start-up mais aussi développer les modèles alternatifshttps://t.co/5aTL47qXBH
— Benoît Hamon (@benoithamon) 5 mars 2017
Lire aussi: Condamnée à verser plus de 400 000 euros aux taxis, Heetch suspend son application
Comment a-t-on pu en arriver là, Monsieur le Président ?
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