400 éditeurs attaquent Google en justice pour ne pas être « des colonies »
Une conférence se tient aujourd’hui à la Cité internationale de Paris
Open Internet Project. C’est sous ce nom que 400 éditeurs attaquent ce jeudi 15 mai Google en justice, une plainte qui sera adressée à la Commission européenne. Aucun site Internet n’est encore créé qu’une conférence s’est tenue aujourd’hui à la Cité internationale de Paris. En cause : leur dépendance au moteur de recherche, et le souci du respect de la « neutralité d’Internet », ce grand principe qui garantit un traitement égal dans l’accès aux flux d’un utilisateur à l’autre, faisant des opérateurs et des fournisseurs de services de simples sources d’accès aux contenus, sans possibilités de les modifier, ni les influencer. Une dépendance voulue ou subie ? Tel est l’objet du débat tant certains commentateurs reprochent à certains titres de presse de tirer leurs audiences avec des stratégies de SEO, c’est à dire de référencent naturel, en adaptant les contenus à l’algorithme de Google pour une meilleure visibilité lorsqu’une requête est effectuée par un internaute sur le moteur.
« Internet doit être le lieu de la multiplicité des choix et représenter la possibilité de développer toujours plus… Pas le monde d’un seul acteur » estime Denis Olivennes, le président de Lagardère Active, la filiale média du groupe éponyme. En cause : le pouvoir d’influence de Google sur les accès aux contenus. « Faites une recherche de vidéo sur Google et vous verrez que YouTube (filiale de Google, ndlr) arrive toujours en premier. Pas la plupart du temps, mais tout le temps, c’est injuste » ajoute quant à lui Christoph Keese, le vice-president exécutif d’Axel Springer SE, l’un des plus importants groupes de médias allemands.
La plainte déposée devant la Commission reproche à Google un « détournement de trafic » de sorte à ce qu’il « privilégie ses propres services », notamment en leur « accordant des Ad-Extensions en récompensant les annonceurs qui utilisent l’ensemble de ses services avec des publicités plus visibles et efficaces, induisant dès lors une incitation anti-concurrentielle » précise le dossier. Parmi les principaux points de conflit, se trouve également « le blocage des données ‘referrers’ [qui donnent…] aux annonceurs des informations au sujet des recherches (mots-clés et pages visitées) des utilisateurs avant qu’ils ne visitent leur site ».
Pour empêcher que le moteur de recherche « ne construise sa richesse sur le cimetière des entreprises condamnées » par son pouvoir, selon Denis Olivennes, les membres d’Open Internet Project en appellent aux régulateurs. Reprenant le cas de Microsoft, condamné à plusieurs reprises par la Commission européenne – notamment en 2013 où la firme de Redmond s’est vu infliger une amende de 561 millions d’euros pour ne pas avoir laisser suffisamment de place aux concurrents de son navigateur Internet dans Windows 7 – ils espèrent que les pouvoirs publics se saisissent du dossier. L’idée ? Empêcher Google d’avoir le beurre et l’argent du beurre, quitte à en arriver à un dégroupage des activités d’une société qui se positionne sur la quasi-totalité des segments d’Internet.
Ils souhaitent notamment élargir « l’application du principe de non-discrimination », « imposer un mécanisme d’analyse des changements d’algorithme dont l’effet serait de fragiliser les rivaux », ou encore « contraindre Google à modifier sa politique en matière d’Adwords pour privilégier la qualité des liens plutôt que d’établir des contraintes indues sur les autres annonceurs ».
« Une vraie régulation doit avoir lieu avec une séparation de l’activité de moteur de recherche des autres activités » affirme Benoit Sillard, le président de CCM Benchmark Group. Encore est-il que se pose un problème de taille, même en cas de volonté politique : la capacité des pouvoirs publics à réagir suffisamment rapidement. « Il y a toujours un délai… Les régulations arrivent avec trois ou quatre ans de retard alors que de nouvelles innovations les rendent quasi-obsolètes. Il faut donc anticiper les évolutions pour mieux réguler » ajoute-t-il.
Sans réaction des pouvoirs publics, « il y aura affaiblissement de l’Europe qui ne sera pas dû au manque de talents, mais à une forme de naïveté, notamment de la part des autorités de la concurrence qui n’ont pas mis en place des mesures permettant une concurrence équitable » selon M. Olivennes qui prend une filiale de son groupe en exemple : « LeGuide.com qui réalise 50 millions de chiffre d’affaires paye autant d’impôts que Google qui en fait plus de 1 milliard en France. C’est une énorme distorsion ».
Car « le vrai problème ce n’est pas tant le pouvoir de Google en lui-même, mais le manque de contre-pouvoir. Avoir une réponse européenne est la seule solution car les décisions auront des conséquences mondiales » poursuit-il. D’où l’objet de cette plainte commune à 400 éditeurs de presse. « Ils ne doivent pas avoir le droit d’abuser de leur position dominante et comprendre qu’on n’opère pas dans ce secteur selon les lois de la jungle » affirme M. Olivennes. « Nous ne sommes pas des colonies de Google » a-t-on entendu.
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Dans le dernier paragraphe, la mention 400 éditeurs **de presse** est une erreur, non ?
Ce ne sont pas spécialement des groupes de presse qui semblent s’être engagés dans ce projet.