5 conséquences du Brexit qui pourraient impacter la Tech européenne
Dans un contexte d'instabilité politique, les conséquences du vote du Brexit ne sont pas encore connues. Mais une chose est sûre, le monde de la Tech installé au Royaume-Uni était largement contre la sortie du pays de l'UE. Trois mois avant le référundum, près des trois quarts des entrepreneurs de la Tech basés au Royaume-Uni étaient favorables au maintien du pays dans l’Union Européenne, dans un sondage. Tout aussi limpide, le point de vue de Taavet Hinrikus, le co-fondateur et CEO de TransferWise, une des FinTech les plus prometteuses d’Europe: «Si les Britanniques choisissent le Brexit, le Royaume-Uni souffrira, et l’Europe aussi.»
De même, Bhaskar Chakravorti, un expert de la très suivie Harvard Business Review fait le même constat. «Le Royaume-Uni est influent d'une manière disproportionnée dans l'industrie digitale européenne (…) Le pays est dans la top liste des pays (derrière la Roumanie, la Lettonie, la Slovaquie) à avoir un taux de création d'entreprises dans le secteur aussi élevé».
Frenchweb revient sur les conséquences pointées par les experts de la tech et qui pourraient, à moyen et long terme, venir ralentir le dynamisme du secteur en Europe.
1. Une croissance ralentie pour les start-up installées au Royaume-Uni
Parmi les premières craintes exprimées par les entrepreneurs français installés outre-Manche, celle de voir ses ventes diminuer.
La forte dévaluation de la Livre Sterling prévue aura certainement des conséquences sur nos prospects/clients et donc sur notre société», observait Yassine Lahlou, country Manager France de Yeeply
2. De la difficulté d'attirer les talents entre Londres et Paris
Le Royaume-Uni recense 1,56 million d'emplois dans la tech. C'est presque équivalent à la France qui compte 960 000 emplois dans le secteur (en Ile-de-France, la première région sur ce type d'emplois). Or, les besoins du secteur sont en pleine croissance. La mobilité des salariés est l'autre caractéristique sur ces emplois.
A moyen terme cela aura vraisemblablement un impact sur notre capacité à faire venir des talents des différents pays membre de l’U.E,» affirmait Cédric Brochier, General Manager de Vivastreet, la centrale d'annonces installée en Paris et Londres.
D'autant que l'Europe a cruellement besoin de talents. Dans tous les Etats membres, le nombre de postes à pourvoir dans des métiers technologiques dépasse largement le nombre de candidats, selon une récente étude Indeed de novembre 2015. Pour remédier à cette pénurie, la Commission européenne promettait d'ailleurs l'instauration d'un «marché unique du numérique» afin de rendre les entreprises européennes plus compétitives. Son objectif: fluidifier les échanges d'informations et renforcer la collaboration entre les métiers dans chaque pays. Avec une sortie du Royaume-Uni, l'Europe devra retirer les compétences développées au sein des Hub et des technopôles britanniques nombreux (le pays compte 32 sites de pointe, souvent reliés aux universités d'après le recensement de Tech Britain).
Ces universités britanniques vont d'ailleurs perdre une part de la dotation octroyée par l'UE. Elles pourraient perdre jusqu'à un milliard de livres de financement par an, affirmait un récent rapport de Digital Science. En 2015, l'Union Européennes leur avait en effet accordé 967 millions de livres de subvention. La recherche de pointe en Angletterre devra maintenir son niveau en matière d'innovation, sans ses financements, et sans doute moins en collaboration avec les autres Etats.
3. L'affaiblissement du marché intérieur dans l'e-commerce
Dans un rapport de 2013, l'UE tablait au niveau européen sur «4 % de PIB d'ici 2012 en stimulant le développement rapide du marché unique numérique». Alors qu'il faudra envisager un marché unique sans le Royaume-Uni, elle pourrait donc bien revoir ses ambitions à la baisse. Avec en première ligne, le secteur de l'e-commerce.
Un Brexit signifie la réouverture des Douanes. Les clients domiciliés au Royaume-Uni qui consomment des produits français vont devoir payer la douane et les taxes sur le chiffre d'affaires à l'importation. Les achats transfrontaliers risquent ainsi de devenir très onéreux et forcément beaucoup moins attrayants ; que l’on soit client britannique ou français», craint de son côté David Chau, le directeur exécutif et international, Trusted Shops.
4. Croître dans un contexte d'incertitude
Pendant la longue période de négociations qui s'annoncent entre Bruxelles et le Royaume-Uni, les entrepreneurs devront envisager tous les scénarios.
Nous entrons dans une période d'incertitude lourde et à durée indéterminée. C'est forcément mauvais d'un point de vue macro… De plus, il est certain que l'éventuel accord entre le Royaume Uni et l'Union Européenne sur les services financiers ne sera pas négocié en tenant compte du microscopique sous-secteur qu'est le capital-risque. Nous ne sommes donc pas du tout maîtres de notre destin», expliquait Jean-David Chamboredon, CEO du fonds Isai.
5. Mettre l'Europe continentale sur la même cadence que l'Angleterre
«Il est grand temps d’aligner les environnements d’innovation, industriels et politiques pour éviter de multiples Brexits au sein de notre société,» constatait, lui, Erik van Rompay, Porte parole du groupe European Disruptors de la Commission Européenne. Dans son rapport de 2013, le Royaume-Uni se place en effet juste derrière les Etats-Unis en terme de création de valeurs liée au numérique.
Un dynamisme reconnu par les géants de la tech qui ne s'y trompent pas. «Le numérique représente 10% du PIB au Royaume-Uni, contre 5,5% en France», concédait à Frenchweb Nick Leeders, le DG de Google France.
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