5G: un développement en France compromis pour des questions de santé et d’environnement?
AFP
La 5G peut-elle être déployée en France ou doit-on mieux évaluer ses conséquences sur la santé et l’environnement? Les opérateurs engagés dans le processus d’attribution des fréquences attendent fébrilement la réponse du Conseil d’Etat alors que des associations demandent un report. Le Conseil d’État a rejeté jeudi deux recours en référé-suspension des associations Agir pour l’Environnement et Priartem contre la procédure d’attribution des fréquences pour la 5G, mais il a annoncé dans le même temps qu’il se prononcerait sur le fond « avant l’été ». « Nous considérons que le Conseil d’Etat tient compte de l’importance de ce dossier sensible en accélérant son examen, qu’il s’engage publiquement à traiter en un temps record », a réagi l’avocat des associations François Lafforgue, interrogé par l’AFP.
Dès lors, « le gouvernement devrait suspendre la procédure d’attribution en attendant sa décision », affirme-t-il. Concrètement, il s’agirait de repousser les enchères prévues en avril pour départager une partie des fréquences entre les opérateurs qui ont fait acte de candidature, et leur mise à disposition prévue en juin. Les premiers services commerciaux qui doivent être lancés à l’automne dans une sélection de villes françaises pourraient être retardés. La décision de décaler la procédure de quelques mois revient in fine au gouvernement. Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Economie assure qu’«aucun report n’est envisagé ».
« Nous pensons que toutes les règles de droit applicables ont été suivies pour cette procédure et n’envisageons donc pas de risque supplémentaire », ajoute-t-on au ministère de l’Economie. « Pendant les enchères, on va dévoiler notre stratégie », explique toutefois un opérateur, mesurant le risque de voir ensuite la procédure remise en cause par la décision du juge administratif. Une audience au Conseil d’Etat pourrait avoir lieu en mai, affirme un bon connaisseur du dossier. « En fonction de la réponse, ça peut avoir un impact majeur sur le calendrier », assure-t-il à l’AFP.
La technologie, un problème ?
L’éventualité d’une annulation pure et simple de l’arrêté précisant les conditions de l’attribution des fréquences radio entraînerait une « reprise à zéro » de tout le processus, jusqu’aux consultations, et signifierait « pas de 5G en 2020 en France », explique un autre expert du sujet. Mais pour un troisième, un report serait « une opportunité pour parler » des conséquences environnementales négatives et positives de la 5G, et ainsi répondre à l’invitation au dialogue sur des usages plus respectueux de l’environnement émise par Sébastien Soriano, président de l’Arcep, le régulateur des télécoms.
Parmi les deux questions posées par les associations -l’une portant sur l’effet des ondes sur la santé, l’autre sur l’impact environnemental de la nouvelle technologie- c’est la seconde, nouvelle, qui gène le plus les industriels. Les inquiétudes sur l’effet sanitaire des ondes accompagnent de longue date le développement des télécoms mais la remise en cause d’une technologie au regard de son impact environnemental n’a pas eu lieu lors du déploiement des précédentes générations de réseaux mobiles.
« Démonter les équipements actuels Huawei »
Les premiers usages grand public attendus de la 5G (téléchargement quasi instantané d’un film en haute définition, jeu en streaming) peinent à convaincre et sont jugés très consommateurs de données et donc d’énergie, tandis que le développement de la voiture autonome ou de la téléconsultation médicale reste un horizon lointain. « La technologie a longtemps été aux yeux des peuples du coté de la solution. Le risque, c’est qu’elle passe du côté du problème », a déclaré jeudi le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O, lors du sommet AI France.
Enfin, la question du report peut se poser de manière plus prosaïque. « Deux opérateurs savent qu’il va leur falloir démonter leurs équipements actuels Huawei » pour déployer la 5G pour laquelle l’équipementier chinois, accusé par le gouvernement Trump d’espionnage au profit de Pékin, n’a pas encore reçu l’agrément des autorités françaises, explique à l’AFP une source proche du dossier. « Ça les arrangerait bien que le processus soit retardé ».
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