[3 questions à] Olivier Ezratty : « L’entrepreneuriat a beaucoup évolué ces cinq dernières années »
Spécialiste des médias numériques, Olivier Ezratty vient de publier la 17ème édition du Guide des Startups, véritable bible dans le milieu entrepreneurial. Edité en ligne depuis 2006, l’ouvrage est régulièrement mis a jour et se présente comme une boite à outils à 360° pour l’entrepreneur et son équipe. Articulé autour de trois grands thèmes, le guide des startups aborde la création d’entreprise, les composantes de l’écosystème français de l’innovation numérique et dresse un panorama des prestataires de services destinés aux startups.
Frenchweb, partenaire média de cette publication, revient en trois questions sur ces thématiques.
[FW] Avez-vous l’impression que les startups sont aujourd’hui mieux éduquées à l’entrepreneuriat ?
Olivier Ezratty : « Clairement, oui. L’écosystème entrepreneurial a fait d’énormes progrès ces cinq dernières années. Il y a d’abord eu le lancement denombreuses filières entrepreneuriales dans les grandes écoles puis d’incubateurs. Puis les accélérateurs avec notamment « Le Camping » à Paris. Enfin, de nombreuses initiatives de financement ou d’accompagnement lancées par des entrepreneurs telles que « 50 Partners ». Sans compter les sites web sur le sujet et aussi… le Guide des Startups qui grandit d’année en année depuis sa création en 2006. Par son approche collaborative, il reflète très bien l’accumulation de connaissances sur le thème de l’entrepreneuriat.
On constate aussi cette amélioration lorsque l’on assiste à des pitches de startups, surtout lorsqu’elles sont issues d’accélérateurs. Les pitches sont bien plus percutants que ceux d’il y a cinq ans. C’est notamment dû à l’apprentissage de méthodes de communication qui sont pour l’essentiel d’origine anglo-saxonnes. Sont d’ailleurs aussi américains ou anglais les intervenants de Le Camping et du Dojo Boost qui forment les startups aux techniques de présentation.
Mais ce n’est pas qu’une question de forme. C’est aussi lié aux améliorations dans la conception des business plan et des produits. Les startups appliquent plus souvent les méthodes « lean » pour confronter leurs projets aux clients potentiels et elles ajustent le tir plus rapidement. Ceci n’est toutefois pas généralisable. Les startups créées de manière isolée ont plus de difficulté à atteindre ce niveau.
Je trouve par contre que les sujets choisis par les entrepreneurs du numérique donnent encore trop souvent dans l’anecdotique, l’usage ou le marché ultra-niche. Ils ont rarement une différentiation suffisamment forte, que ce soit dans l’usage ou dans la technologie. Difficile dans ces conditions de percevoir une ambition forte ou la capacité à créer des plateformes à large audience. C’est en partie lié aux moyens de financement locaux qui restent modestes en amplitude. »
[FW] Pensez-vous que la multiplication des programmes d’accélération, d’incubation et de mentoring soit une bonne chose ?
Olivier Ezratty : « Dans l’absolu, c’est une bonne chose car cela augmente le nombre et la qualité des ressources mises à disposition des entrepreneurs. Malgré tout, l’écosystème n’est pas extensible à l’infini et il faudrait prendre gare à ne pas avoir un nombre de structures d’accompagnement disproportionné par rapport à la fois au nombre de startups qui se créent et au nombre de personnes qualifiées pour les accompagner. Ultimement, c’est la qualité de l’accompagnement qui fera la différence.
Ce qui compte tout autant est le tissu industriel au sens large du terme, qui maille les startups, les PME et les grandes entreprises. Les pôles de compétitivité jouent un rôle dans ce domaine, et il est encore largement améliorable.
L’autre dimension d’accompagnement qui mérite de se développer concerne le développement international. Notre écosystème numérique ne grandira réellement qu’avec un plus grand nombre de startups présentes sur les marchés internationaux. »
[FW] Enfin, pouvez-vous nous en dire plus sur le Crédit Impôt Innovation dédié aux PME ?
Olivier Ezratty : « On manque encore de recul pour avoir un retour d’expérience. En tout cas, c’est une bonne nouvelle pour les PME innovantes car les phases aval de la R&D qui touchent la création de produits sont enfin prises en compte dans la « fiscalité positive » des entreprises. La mission d’une startup n’est pas de faire de la recherche mais de créer et vendre des produits (sous toutes les formes : matériel, logiciel, cloud, etc) ! L’Etat le reconnait enfin, c’est un progrès certain ! »
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