Un droniste : c’est 60 % drone, 30 % vidéo et 10 % de journalisme
C’est la question à laquelle, le Lab de L’Express a tenté de répondre lors d’une expérimentation menée pendant trois mois et dont les conclusions ont été dévoilées hier.
Et si les rédactions françaises assistaient à une invasion de mini- drones ? « Nous n’en sommes pas encore là » affirme Raphaël Labbé, directeur de l’innovation au sein du groupe Express Roularta. Pourtant, en mars dernier, les équipes dédiées à l’innovation au sein du groupe média s’interrogent. Quelle plus-value tirer du croisement d’un savoir faire métier, qu’est le journalisme, avec un outil technologique représenté par le mini-drone ?
Pour en avoir le coeur net, L’Express décide d’équiper d’un mini-drone 6 groupes aux profils différents (journalistes, vidéastes et citoyens engagés). Nom de code de l’opération : Drone it !
« Les mini-drones sont loin d’être une nouveauté. Ce qui est nouveau c’est leur accessibilité au grand public. Parrot commercialise ses mini-drones à partir de 300 euros, le drone Phantom est lui disponible à partir de 600 euros. » explique Raphaël Labbé. « Ce qui est intéressant, c’est donc d’observer quelle matière première peuvent rapporter de simples citoyens grâce à ces outils » poursuit-il en esquissant ce qui pourrait être appelé le « dronalisme participatif ».
En somme, l’utilisation du mini-drone, équipé de caméra, peut apporter une plus value pour toutes les situations où le point de vue a du sens. On pense notamment aux manifestions, aux événements sportifs, aux feux de forêt. Toutefois, le drone peut également être utilisé pour des plans en intérieur, pour filmer des oeuvres d’arts ou des structures en 3D. L’idée est d’apporter un regard différent et une vision dynamique.
C’est ce qu’explique Raphaël Labbé au micro de FrenchWeb :
Malgré ces nombreux usages, l’utilisation du drone au sein des rédactions présente certaines limites. Outre des questions de préservation de la vie privée, l’usage de l’engin requiert des qualités de pilotage non négligeables. « Un dronaliste (contraction de drone et de journaliste, ndlr) c’est 60 % drone, 30 % vidéo, 10 % de journalisme » affirme Raphaël Labbé, qui avoue avoir égaré quelques appareils dans la Seine, la Méditerranée ou en pleine guarrigue.
Dans les mois à venir, les rédactions ne devraient donc pas recruter à tour de bras de nouveaux dronalistes. « D’après moi, un drone aura tout à fait sa place dans un placard à côté d’une GoPro, d’un appareil 5D ou d’une caméra à pied » imagine le Monsieur innovation du groupe. Concrètement, le drone devrait donc se présenter comme un outil supplémentaire du traitement de l’information sans pour autant constituer une spécialité à part entière.
Les points de vue offerts par ces appareils volants ont toutefois déjà séduit quelques rédactions américaines. C’est le cas notamment de la BBC ou encore du New York Times, qui viendront faire part de leurs expériences en la matière le mercredi 19 mai prochain à Paris, dans le cadre du GEN (Global Editors Network) où une session consacrée à l’usage des drones sera organisée.
Toujours dans le domaine de l’expérimentation, le journaliste américain Tim Pool a récemment fait suivre en direct aux internautes le mouvement de contestation turc, via les Google Glass qu’il portait sur le nez. Si les drones permettent de prendre une certaine hauteur sur les événements, le nouveau gadget de la firme de Mountain View pourrait, pour sa part, faire vivre l’actualité en « total insider »…