A côté du lancement très médiatisé de l’Ecole 42, portée notamment par Xavier Niel, un autre projet éducatif lié au web devrait bientôt voir le jour. Baptisée Simplon, cette nouvelle école souhaite avant tout mettre l’accent sur la formation de développeurs-entrepreneurs. Inscrit dans une démarche sociale, le dispositif compte également rémunérer ses étudiants. Explications et visite guidée des lieux très bucoliques.
Un projet social et solidaire
Située au 55 rue de Vincennes, à Montreuil, l’école Simplon se présente comme une nouvelle « fabrique à développeurs entrepreneurs ». Porté par Frédéric Bardeau, Andrei Vladescu-Olt et Erwan Kezzar, le projet se démarque notamment par sa démarche sociale et solidaire. « Il ne s’agit pas de discrimination positive car nous sélectionnons avant tout les candidats pour leur personnalité et leur projet, mais nous cherchons effectivement à nous tourner vers les profils sous-représentés dans l’entrepreneuriat et le web, c’est à dire les filles et les jeunes des quartiers populaires », précise Erwan Kezzar.
Partant de ce principe, l’école a l’ambition de rémunérer ses étudiants à hauteur de 60 à 70% du Smic afin de donner leurs chances aux personnes issues de milieux modestes. « Nous avons commencé notre phase de recrutement et les profils sont très variés, tant au niveau de l’origine sociale et géographique qu’au niveau des études ». Seule compétence requise : la maîtrise des bases de l’anglais.
De l’usine de latex au studio de cinéma
La structure est nichée derrière un grand portail qui donne sur une petite cour où sont installés différents ateliers d’artistes. L’endroit devrait faire tilter certains cinéphiles puisqu’il s’agit d’une ancienne usine à latex, transformée en studio de cinéma à l’occasion notamment des films Les émotifs anonymes et Le premier jour du reste de ta vie. Comment le trio a déniché l’endroit ? « Un total hasard », assure Frédéric Bardeau. « Nous avons simplement tapé usine désaffectée sur Google et l’endroit figurait parmi les premiers liens » précise-t-il.
Un summer camp inspiré des boot camps américains
Au total, les élèves pourront suivre une formation intense et accélérée dans des locaux étendus sur une surface de plus de 300 mètres carrés, toujours en plein travaux ! La rentrée officielle, qui accueillera 24 élèves, ne devrait avoir lieu qu’en octobre 2013, mais le trio compte lancer dès le 15 juillet prochain un summer camp. Inspiré des boot camps américains, le dispositif devrait accueillir tout au long de l’été des petits groupes de 8 personnes pour des formations hebdomadaires.
Un projet financé sur fonds propres, en campagne sur Ulule
Pour financer ce projet un peu fou, et dont certains qualifieront d’utopique, les co-fondateurs assurent ne pas bénéficier de subventions publiques. « Nous ne sommes pas une association, mais bien une entreprise. Nous finançons le projet sur nos fonds propres et via un prêt bancaire » précise Frédéric Bardeau.
Misant sur la transparence, l’équipe reconnaît avoir un besoin en fonds de roulement annuel de 200 000 euros. La structure bénéficie aujourd’hui du soutien de plusieurs entités dont FaberNovel, Intel ou encore du cabinet Altaïde mais cela reste de l’apport de compétences et de matériel. « L’idée serait de négocier de véritables partenariats de sponsoring. Si nous n’y parvenons pas, nous ouvrirons sans doute notre capital pour une levée de fonds » explique Frédéric.
Afin de tenir l’une de leur principale promesse (la rémunération des étudiants), l’équipe vient de lancer une campagne de crowdfunding sur Ulule. Montant des fonds recherchés : 15 000 euros.
Une école ouverte 24h/24
Un open space, une salle de réunion, des petits box, une cuisine, un salon avec canapé… Certes, il faut encore faire preuve d’imagination mais les 300 mètres carrés sous verrière devraient se transformer en un véritable lieu de vie. « Nous envisageons d’ailleurs que l’école soit ouverte 24h/24 afin que les élèves puissent travailler à n’importe quel moment sur leurs projets respectifs ». Dans cette optique, une partie de l’équipe devrait investir les lofts situés à l’étage de l’usine. Le programme promet d’être assez intense avec 270 heures de formations sur 6 mois.
Une formation articulée autour du langage Ruby
« Nous nous appuyons sur la notion d’artisanat numérique » raconte Erwan. Ici, l’idée est de permettre aux étudiants d’être capables de développer, de leurs propres mains, une application, un outil web. « Notre formation constitue plus un moyen qu’une fin » poursuit Erwan. « L’objectif est de faire naître des développeurs-entrepreneurs et de révéler cette capacité lors de nos entretiens de recrutement. » « Pour cela, nous avons choisi de nous concentrer sur le langage Ruby » ajoute Andrei, responsable de la formation. Rail, son framework de développement a été choisi par une batterie d’acteurs du web dont Twitter, Groupon, Captain Train ou encore AirBnB et Living Social.
Parmi les projets déjà repérés: un réseau social d’achat et de revente dédié à la communauté malienne de la ville de Montreuil ou encore des services web dédiés à optimiser les actions portées par les différentes associations de quartiers.
L’origine du projet à quelques pas de la station Simplon…
Notre visite des lieux prend fin. Toutefois, un point d’interrogation demeure : pourquoi avoir baptisé l’école Simplon ? « Cela remonte à la genèse du projet », explique Erwan. « Andrei et moi, nous nous sommes rencontrés au Celsa en tant qu’étudiants. Par la suite, nous avons habité ensemble en sous-louant l’appartement d’un ami rappeur, situé près de la station de métro Simplon. C’est lors de cette cohabitation que l’idée de l’école a émergé. Nous souhaitions monter une start-up liée à l’éducation tout en étant utiles. Le projet a pris forme au fur et à mesure et nous avons souhaité garder le mot Simplon, car cela renvoie historiquement à un col des Alpes où un train passait sur des rails. Il y a donc cette notion de lancement mais aussi celle du framework Rail »