Thing Big, Think Global ! par Ilan Abehassera
Faut-il partir aux Etats-Unis créer sa start-up ? Alors que l’idée fait son chemin chez de nombreux entrepreneurs français de l’internet, Frenchweb offre une carte blanche à Ilan Abehassera, CEO de Producteev, start-up française créée à New York. Installé dans la grosse pomme depuis 7 ans, il a déjà à son actif plusieurs expériences web notamment avec Zlio.
Lorsque je suis arrivé à New York en 2004, je n’avais comme unique et modeste objectif que de mettre un premier pied aux USA, et d’apprendre à connaître ce gigantesque marché.
Si j’y suis toujours aujourd’hui, c’est tout simplement parce que la mentalité des entrepreneurs de ce pays est radicalement opposée a celle que j’ai toujours connue : leur terrain de jeu est le monde entier, les USA leur plateforme de lancement.
L’objectif de mon post aujourd’hui est de vous donner l’envie de penser global dès la genèse de votre projet de startup, et surtout de mettre a votre disposition quelques outils et exemples qui vous aideront à mettre en place un plan d’attaque.
Si ce post est trop long a votre goût, en voici le résumé: Votre startup doit avoir un potentiel global dans son ADN.
Quelle est donc la marche à suivre pour vous lancer et percer à l’étranger?
1. Lever avec des investisseurs locaux.
Les meilleurs partenaires initiaux dans la vie d’une startup seront toujours ses premiers investisseurs. Si vous décidez de vous lancer à l’étranger, trouver de l’argent local, même $50K, cela vous ouvrira beaucoup de portes et vous donnera une crédibilité indispensable pour la suite.
Un des beaux exemples dans ce domaine est Virtuoz, société française ayant développé une superbe technologie d’agents virtuels conversationnels. Le jour ou Virtuoz a décidé de se lancer aux USA pour de bon, son premier objectif a été d’aller chercher des fonds sur place. Au final, une belle levée de $11M avec MDV, un des plus gros fonds de la Silicon Valley.
Ressources: AngelList, SeedSummit, TechStars, YCombinator…
2. Embaucher localement
Un des aspects les plus compliqués de l’ouverture d’une filiale à l’étranger est le recrutement. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous êtes un inconnu, donc vous comportez un gros risque pour un employé potentiel. Cependant, il est impératif d’embaucher un ‘local’ pour toutes les fonctions ‘customer facing’, autrement dit, les fonctions commerciales et marketing. Pour la simple et bonne raison qu’il est très important de parler le langage de vos futurs utilisateurs et clients.
C’est beaucoup moins important pour les profils techniques dans la mesure ou vous avez besoin de talents, pas de profils qui ‘vendent’ votre service. Chez Producteev, nous avons construit une équipe technique entièrement française, tous basés à NY, et une équipe totalement américaine pour le marketing et la vente..
OLX, la startup de Fabrice Grinda est un très beau modèle dans ce domaine puisque pour opérer sa croissance globale, OLX est passé par la création de filiales dans les pays qu’il pensait importants, ou des rachats d’acteurs locaux. Le résultat est là..
Ressources: LinkedIn, Xing, Meetup.com..
3. Voyager souvent
Les fondateurs doivent se montrer! Vous voulez vous installer dans la Silicon Valley, allez-y régulièrement, rencontrez les influenceurs, assistez à des meetups, faites vous introduire aux bonnes personnes. Soyez dans le radar de ceux qui comptent!
Phil Libin, le désormais célèbre fondateur d’Evernote est en voyage 50% de son temps, et ca marche pour eux… Ils viennent de signer un deal de distribution avec l’opérateur japonais DoCoMo.
Ressources: Expedia, Orbitz.. J
4. Les journalistes sont vos nouveaux BFF (Best Friends Forever)
Encore une fois, il est impératif de baigner dans l’écosystème local, et si vous voulez avoir un impact, il faut connaître les journalistes. C’est un process qui prend du temps alors démarrez le plus tôt possible. Identifiez-les, interagissez avec eux sur les réseaux sociaux, aidez-les dans leurs ‘stories’, envoyez-leur des ‘tips’. Faites vous repérer!
Il est partout, et il fait ça bien, nous le connaissons tous, c’est Loic Le Meur. Si tout le monde le connaît, et voit le nom de Seesmic apparaître plusieurs fois par semaine dans ses divers streams, ça n’est pas un hasard. Dès son arrivée aux US, Loic a su mettre la presse de son côté, et clairement, les medias ont joué un grand rôle dans le succès que connait sa suite d’applications.
Ressources: Twitter, Blogs, HelpARepOrter.com
5. Identifier vos acquéreurs potentiels
Ca peut paraitre prématuré bien entendu… Cependant, lorsque l’on démarre une aventure entrepreneuriale, il est très important d’emblée d’avoir une vision de la fin de l’histoire. Quelle est votre exit strategy ? Identifier les acquéreurs potentiels vous permettra de confirmer l’existence d’un marché pour votre projet. Donc, faites-vous connaitre par ces sociétés dès que possible, et tenez-les au courant de vos avancées. Même si vous n’avez aucune envie de vendre votre startup, ça ne peut qu’être bénéfique, faites du lobbying!
Ressources : LinkedIn, Twitter, Blogs
6. Traduire votre site et Lancer une API
Si vous voulez être pris au sérieux à l’étranger, traduisez votre site en plusieurs langues. Et pour cela, pas forcement besoin de passer par des traducteurs professionnels ! Utilisez vos fans ! Producteev a été traduit en 10 langues en l’espace d’un mois simplement parce que nous avions fait savoir à nos utilisateurs dans une newsletter que nous commencions la traduction… Solution évidemment idéale, car les traducteurs connaissent très bien votre produit.
Lancer une API vous permettra également d’avoir un accès privilégié à d’autres marchés, d’autres verticales. Si votre produit est intéressant, les développeurs se l’approprieront et créerons tout autant de ‘use cases’ que vous n’aurez même pas imaginés. Regardez ce qu’il se passe du côté de Twilio…
Ressources: MyGengo pour la traduction, Mashery pour vos APIs.
Ce post mériterait clairement plus de détails, je suis donc a votre disposition dans les commentaires pour davantage d’informations !
Retrouvez le récent entretien FrenchWeb à propos de Producteev.
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Merci Ilan pour tous ces conseils !!
A Paris, le fait de partir aux USA quand le service est international, et donc cible principalement les américains n’est pas vendu comme une fin en soi.
Pourtant tout les expats, toi le premier, loic aussi, nous disent clairement qu’il faut êre sur place pour toucher le marché US, vivre l’entrepreneutriat « think global », networker, être visible des journalistes comme des investisseurs locaux… Point de vue que je partage complètement d’ailleurs.
Le frein réside plus selon moi dans la difficulté de s’installer durablement aux USA pour un entrepreneur français, et la prise de risque suplémentaire que ça implique.
Vu de l’extérieur les questions de visa, de prérequis pour créer sa boîte, de recherche d’investisseurs sur place semblent complexes. Sans parler des différences culturelles, de la méconaissance du marché local et des habitudes de consommation de l’internet. Quand l’idée a germé en France, et que la graine est déjà en terre, il faut se faire violence pour rajouter « départ aux USA » dans producteev, au milieu de la todo list ;)
C’est pourtant le choix que nous sommes en train de faire, l’avenir nous donnera raison j’espère =)
Hey Cedric, c’est vrai que s’installer aux USA n’est pas simple, c’est pour ca que j’essaie de donner quelques clefs qui permettront de preparer cette expatriation.
En tout cas good luck a Curioos!
Point de vue clair et intéressant. On peut cependant trouver des contre arguments dans ce thread quora http://www.quora.com/Startups/Is-Europe-just-for-losers?q=is+Europe+for+losers avec notamment la réponse d’un ex-accel.
Merci pour tous ces conseils pratiques!
C’est cool d’avoir ton avis, il n’est pas toujours simple de trouver des témoignages d’entrepreneurs qui ont tenté l’aventure américaine.