Imprimante 3D, Talk to Pay… Comment La Poste se rapproche de l’écosystème startup pour innover
La Poste déniche des startups avec qui travailler pour développer son offre
L’exercice est difficile. Après une présentation de Nathalie Andrieux, directrice générale adjointe en charge du numérique au groupe La Poste, les startups venues pour l’évènement n’ont que deux minutes pour «pitcher», c’est à dire exposer leurs projets, leurs solutions ou leurs produits. « En quoi êtes-vous différents ?», «qu’y a t-il de nouveau» etc. Pendant que les fondateurs défilent les uns après les autres, face à un auditoire complet, un chronomètre géant défile sur l’écran situé derrière eux. Deux minutes, pas une seconde de plus.
Avant d’amorcer chaque thème, comme celui de la mobilité, une vidéo de présentation est diffusée à l’écran, en particulier pour soumettre les solutions offertes par La Poste sur chaque problématique abordée. C’est seulement après que place est faîte aux jeunes entreprises. Surprise, SoCloz, qui a récemment levé 1,5 millions d’euros, arrive sur scène. Décontracté visiblement, «nous arrivons au Lab Postal avec un super sourire» déclare Jérémie Herscovic, le fondateur, provoquant quelques rires dans la salle où la bonne humeur se veut reine. « Notre innovation ? Nous avons appliqué la force du web aux magasins physiques et permettons aux clients d’avoir le même confort en visitant une enseigne physique qu’ils ne l’ont sur internet, en leur évitant notamment de se déplacer pour rien» affirme-t-il.
Le Lab Postal, organisé chaque année, depuis 2009, se fixe pour objectif de dénicher des PME innovantes, capables de schématiser un partenariat avec le groupe de livraison. Mais ici, l’innovation ne se résume pas à la technologie. C’est également celle des usages qui intéresse et suscite l’intérêt du milieu.
«Nous facilitons l’accès à la technologie d’impression 3D au plus grand nombre» déclare ainsi Clément Moreau, co-fondateur de Sculpteo, qui a récemment conclut un partenariat pour équiper trois bureaux de poste parisiens en imprimantes 3D, pour une première durée expérimentale de six mois, le temps de jauger la réaction des clients. «Nous nous situons dans une révolution industrielle».
«Nous oublions 90% de ce que nous apprenons. Il est donc difficile de gérer des salariés de plus en plus mobiles, notamment pour véhiculer de nouvelles informations» ajoute quant à elle Lara Pawlicz de 2Spark Learning. La société a développé une plateforme qui, en deux minutes par jours, touche une masse d’employés afin de leur communiquer des messages à répétition en ce qui à trait à de nouvelles procédure, de nouveaux produits ou de nouvelles procédures. «L’idée est d’amorcer de nouveaux réflexes ou comportements, toujours de façon très naturelle». Ses principaux clients sont comptés dans les secteurs de l’automobile, des télécoms, de la logistique et de la santé.
Fin des pitchs, direction le grand hall, où de nombreuses statups travaillant avec La Poste s’exposent. Développé par PW Consultant, Talk To Pay permet à ses utilisateurs d’effectuer une transaction sur internet par la voix. Après l’installation d’un plugin sur l’appareil, le consommateur reçoit un appel téléphonique lorsqu’il arrive sur la page l’invitant à saisir ses coordonnées bancaires. Après la prononciation d’une phrase clé, et l’identification biométrique qui s’en suit, un numéro de carte bancaire aléatoire s’inscrit automatiquement sur le site. Le dispositif devrait bientôt être testé auprès de 500 collaborateurs internes de La Poste et rejoint la même stratégie que le paiement NFC (sans contact, ndlr) que le groupe devrait lancer dès l’année prochaine pour accroitre la palette des expériences clients proposées, l’un des trois piliers du Lab de cette année, au côté de la restructuration interne et les nouveaux business.
«Nous avons souhaité valoriser ce que nous faisions déjà car la transformation numérique n’est pas nouvelle chez La Poste. Par exemple, les tablettes numériques seront bientôt déployées dans les agences communales» précise à Frenchweb Delphine Desgurse, directrice de la stratégie et de l’innovation numérique. «Nous nous focalisons aussi sur l’avenir avec la présentation de prototypes. Par exemple : que pouvons-nous faire avec les Google Glass ?»
Pour ce faire, le groupe La Poste va chercher les startups là où elles sont. Souvent près des incubateurs. Une vingtaine de personnes, dont sept dédiées à la veille et trois sur le terrain, sont à la DIDES, le département de l’innovation et des services. Il a fallu trois ans entre le repérage de Sculpteo et la mise effective des imprimantes dans les trois bureaux de poste. X Ange Capital, un fonds de capital investissement de 60 millions d’euros (X Ange 2), dont 20 millions sont financés par La Poste, a financé la startup dès 2012. «X Ange est un levier de repérage et de tendances» reconnait Mme. Desgurse.
L’édition 2014 devrait rester axée sur la même lancée avec la transformation numérique au cœur de la stratégie. Le quantified self (l’évaluation de ses données personnelles, ndlr), la e-santé, ou la silver economie (dédié à l’autonomie et l’indépendance, ndlr) pourrait cependant faire leur apparition nous fait-on savoir. L’idée est de ne surtout pas louper un segment prometteur. A la question de savoir s’il est difficile de faire évoluer un paquebot de plus de 266 000 salariés, les responsables rencontrés répondent simplement : «nous sommes effectivement un très gros groupe mais, avec Le Lab Postal et toutes les startups travaillant avec nous, nous ne sommes pas un paquebot. Nous sommes un porte-avions».
Crédit photo : La Poste, Frenchweb
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