420 millions de voitures connectées en 2018 : comment l’industrie automobile se prépare au grand bouleversement
Vodafone a signé avec BMW et Volkswagen, AT&T avec General Motors pour équiper ses modèles en 4G, Telefónica se démarque
420 millions d’automobiles seront connectées en 2018 si l’on en croît le rapport « Connected Economy » de l’Idate, soit une progression de 57% par rapport à 2013 où « seuls » 45 millions de véhicules étaient concernés. Est considéré comme connecté tout modèle équipé d’un accès internet permettant de communiquer et de partager cet accès avec d’autres applications ou des terminaux. Au delà des solutions directement embarquées dans le véhicule – la formule qui devrait dominer avec 222 millions d’unités en 2018 -, cette notion intègre également la connectivité établie à partir d’un smartphone ou d’un système hybride.
Les opérateurs télécoms multiplient les contrats
Une tendance qui n’échappe pas aux opérateurs télécoms, en recherche permanente de nouvelles sources de revenus à l’heure où les marchés occidentaux sont déjà saturés. Ils y voient une nouvelle manne financière, essentiellement dans une logique de commercialisation en B2B2C (de l’opérateur au constructeur, puis de ce dernier au consommateur, ndlr), même si certaines marques ont d’ores et déjà commencé à vendre des forfaits directement auprès des consommateurs. « Cette opportunité de revenu additionnel pourrait être significative puisque la voiture connectée générera un trafic que les opérateurs pourront faire payer indirectement (via les constructeurs automobiles). Tous les principaux opérateurs mobiles M2M (machine to machine, ndlr) sont déjà impliqués dans des projets de voiture connectée car cela représente l’un des marchés les plus importants en volume » détaille le rapport. L’Idate estime à les revenus liés à la connectivités des voitures atteindront les 8 milliards d’euros en 2018.
La réglementation européenne va booster le secteur
Alors, pour capter de la valeur dans ce marché, les acteurs concernés se démènent. Déjà, les constructeurs automobiles n’ont pas vraiment le choix puisqu’ils doivent respecter la réglementation européenne eCall qui leur impose, d’ici à 2015, d’intégrer des systèmes de connectivité dans toutes les nouvelles voitures qu’ils commercialiseront. Le dispositif, adopté par le Parlement européen en février dernier, vise à géolocaliser les véhicules et avertir les services de secours automatiquement en cas d’accident, sans aucune manipulation du conducteur ou d’un passager.
Résultat, si les modèles ne sont pas encore tous sortis des usines, les constructeurs ont d’ores et déjà signé des partenariats exclusifs dans différentes régions du monde pour se soumettre à la loi. En Europe, deux opérateurs se dégagent déjà du lot, pour l’instant, selon M. Ropert : le Britannique Vodafone, qui a signé avec BMW en 2012 et Volkswagen cette année, et l’Espagnol Telefónica. Aux Etats-Unis, AT&T a frappé fort en janvier dernier, à l’occasion du Consumer Electronics Show de Las Vegas, en s’alliant avec General Motors pour intégrer la 4G aux véhicules du mastodonte américain de l’automobile.
Mais si les constructeurs cherchent à mutualiser les coûts sur eCall, ils espèrent bien dégager de nouvelles sources massives de revenus en proposant une multitude de services supplémentaires, et parfois exclusifs, même s’ils savent pertinemment que le taux d’adoption chez les consommateurs ne sera pas de 100%. Mais le potentiel est là. Ils pourraient également laisser à dispositions des développeurs des kits de développement (SDK, ndlr) pour qu’ils viennent par la suite apporter leurs propres applications, sous respect des normes de sécurités et… du prélèvement d’une commission pour l’éditeur du système d’exploitation embarqué.
Des modèles économiques bouleversés pour les constructeurs automobiles
Car, au delà de l’équipement, du hardware, du matériel supplémentaire installé sur les voiture, c’est bel et bien le modèle économique des constructeurs qui pourrait s’en retrouver bouleversé. Peut-être pour le meilleur…
La crise économique a démontré qu’ils étaient trop dépendants des seules ventes de voitures, des ventes fixes. General Motors, l’un des fleurons de l’industrie automobile de Détroit, a ainsi été placé sous le chapitre 11 du code des faillites et a dû passer par une nationalisation partielle en 2009 sous l’impulsion de l’administration Obama. Une étape quasi-inimaginable au pays de l’Oncle Sam. Avec la voiture connectée et les services associés, les géants de l’automobile espèrent bien diversifier leurs revenus grâce aux services associés à la connectivité.
Parmi ceux-ci : une maintenance et un reporting en temps réel avec des capteurs installés dans tout le véhicule, des offres de géolocalisation en parking intérieur (étage exact, allée, numéro de place…), la possibilité de fermer ou d’ouvrir la voiture à des distances éloignées ou même le contrôle des fenêtres à distance. Niveau divertissement, on comptera bien sûr avec l’accès à un catalogue illimité de chansons grâce à des plateformes comme Deezer ou Spotify, l’accès aux films pour les passagers via les offres de vidéo à la demande.
Le Big data automobile
Mais c’est aussi la sécurité qui est en jeu avec la possibilité de connaître la distance qui vous sépare du véhicule devant, un GPS actualisé en temps réel, le contrôle du véhicule avec un plus faible niveau de déconcentration du chauffeur, la connaissance de la pression des pneus ou, plus largement, le diagnostique en temps réel du véhicule, depuis une application comme le permet le système OnStar, une filiale de General Motors. Sur le pan écologique, la masse de données récoltées par les constructeurs et leur analyse déboucheront sur une meilleure connaissance des méthodes de conduite, de la circulation ou même des niveaux de trafic et ouvriront la voie – espère-t-on – au développement de nouvelles technologies plus adaptées. Des données qui, d’ailleurs, pourront elles-même être revendues à des tierces comme on le constate aujourd’hui dans le secteur de la publicité.
Des constructeurs de plus en plus prestataires de services ? A plus court terme, « la fonctionnalité phare devrait cependant être, tout simplement, le hot spot Wi-Fi qui sera alimenté via la 4G pour offrir de la connectivité à tous les terminaux présents : smartphones, tablettes… » explique Samuel Ropert.
Mais au delà de toutes ces belles promesses vendues par les constructeurs, une inconnue subsiste : quelle sera la propension des ménages à dépenser pour la voiture connectée, ne serait-ce à court terme pour la croissance du secteur ? « Le marché européen va bénéficier de la régulation mais l’appétence aux services y sera plus faible qu’aux Etats-Unis, en particulier en France où les dépenses moyennes per capita pour les télécoms, y est plus faible qu’outre-Atlantique notamment depuis l’arrivée de Free » ajoute-t-il. Un autre delta reste à déterminer : l’impact de ces équipements sur le prix final des voitures. « C’est la grande énigme. C’est encore difficile à estimer ». Suprise.
Olivier HARMANT
Crédits photos : BMW, OnStar, General Motors
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