Après le rachat du Français TV Tweet, le Canadien Seevibes lève 1 million de dollars pour grandir en Europe
Trois ans après sa création, Seevibes, spécialisée dans la mesure d’ « audience sociale » de la télévision, annonce une levée de fonds d’un million de dollars. Cette start-up montréalaise a fait son entrée en France avec le rachat de TvTweet en novembre dernier dans le cadre d’un marché en pleine ébullition, mais également de plus en plus concurrentiel.
Le 1er avril, Twitter a lui-même racheté la start-up française Mesagraph qui développe des solutions d’analyse d’audience et des conversations générées par les programmes sur les réseaux sociaux, mettant ainsi la main sur les contrats passés entre la start-up et les chaînes françaises. Entretien avec Laurent Maisonnave, le fondateur de Seevibes.
Frenchweb : Comment vous positionnez-vous par rapport à la concurrence, et comment comptez-vous l’affronter avec ces nouveaux fonds ?
Laurent Maisonnave (fondateur de Seevibes) : La consolidation internationale du marché de ces derniers mois est une excellente chose. Elle donne encore plus de visibilité et de crédibilité au secteur. Seevibes est fier de compter parmi les partenaires privilégiés qui collaborent étroitement avec Twitter, tant en Europe qu’en Amérique du Nord.
La mesure d’audience de la télévision sur les réseaux sociaux n’est qu’une brique de la solution que Seevibes offre aux professionnels des médias et de la publicité. Les annonceurs recherchent des stratégies marketing intégrées tout en tirant le meilleur profit des importants investissements publicitaires qu’ils font à la télévision. C’est pour cette raison que nous investissons beaucoup en R&D, afin de développer le meilleur produit qui fait le lien entre la télévision et les réseaux sociaux pour les campagnes de publicité.
L’objectif de Seevibes en 2014 est de développer notre présence sur les plus grands marchés européens, la France, l’Angleterre et l’Allemagne en tête, sur lesquelles nous avons déjà des projets. Il s’agit également de recruter des talents pour monter l’équipe de 16 personnes aujourd’hui à 30 personnes dans l’année qui vient. Nous continuons aussi à développer des partenariats stratégiques, comme avec Followatch en mars dernier et Havas Média pour le social rating point (SRP).
Cette levée de fonds de 1 million de dollars a été réalisée auprès de Polytech Ventures, qui fait son entrée, et de vos actionnaires historiques Real Ventures et Bryan Freeman. Comment s’est déroulé le tour de table et quelle est la nouvelle composition du capital ? Restez-vous majoritaire ?
Mi 2013, l’activité de Seevibes se portait très bien au Canada. Le retour des clients était très positif et nous sentions être en avance sur la compréhension des besoins du marché. Il s’est alors posé la question d’étendre notre activité à l’international. C’est ce qui m’a amené à rencontrer les différents acteurs en Europe, dont Mesagraph et TvTweet en France. Pour TvTweet, vous connaissez la fin heureuse avec une acquisition de leurs activités en novembre 2013, et Thomas Landspurg qui prend la direction technologique de Seevibes.
À la même période, nous avons était contacté par Polytech Ventures, le fonds d’investissement soutenu par l’EPFL – École Polytechnique de Lausanne. Ils cherchaient à investir dans une startup qui maîtrise le monde des médias, des marques, des réseaux sociaux et avec une forte consonance technologique. Seevibes remplissait tous les critères.
Nous avons vu l’opportunité d’accélérer nos développements en Europe tout en bénéficiant de synergie dans le domaine de la R&D avec l’EPFL. Pour la petite histoire, Seevibes a fait le choix dès le premier jour de faire ses développements dans le langage Scala, qui fut inventé dans les laboratoires de l’EPFL. La boucle est bouclée. Quand nous sommes revenus vers nos investisseurs historiques, Real Ventures et Bryan Freeman, pour leur expliquer nos ambitions internationales, ils nous ont tout de suite renouvelé leur confiance.
Ne craignez-vous pas d’être trop dépendant de Twitter ?
Cela n’est pas plus risqué que les milliers d’entreprises qui utilisent les données des réseaux sociaux. Nous avons une très bonne relation avec Twitter, car nous comprenons leur modèle d’affaires et nous les aidons à mieux vendre leurs publicités.
En fin de compte, malgré la récente actualité du réseau, il n’y a pas de baisse du nombre d’utilisateurs, mais une baisse de la hausse de l’utilisation de Twitter. Ce qui est une bonne chose, car ils ont atteint un certain niveau de maturité et nous le voyons dans nos chiffres : la fréquence d’utilisation a été multipliée. Chaque annonceur doit choisir son réseau social en fonction de sa cible. Sur Twitter, il ne touchera pas les grands-mères, c’est sûr. Mais il pourra toucher un public ciblé, mais de plus en plus actif et engagé.
Qu’est ce qui est efficace aujourd’hui pour une campagne ?
L’une des principales préoccupations des annonceurs est d’optimiser leur budget pour faire mieux avec moins. Une stratégie marketing efficace consiste à aborder les différents supports de communication dans leur ensemble, et non séparément. Si un téléspectateur sur deux partage son attention avec un deuxième écran dans le salon, cela signifie que 50% de l’argent investi en publicité TV est mis à la poubelle si le spot n’est pas pensé multiécran. Adapter le message pour chaque média est aujourd’hui une évidence assez bien maîtrisée par les annonceurs et leurs agences. Mais, la publicité envoyée sur Facebook et Twitter arrive-t-elle en complémentarité de ce que le consommateur voit en même temps à la télévision?
Le contexte est très important pour qu’un message soit bien reçu par un consommateur. Seevibes dispose des données pour s’assurer que le message publicitaire envoyé sur les réseaux sociaux arrive au bon moment, et surtout qu’il soit adaptée au contexte de consommation télévisuelle. Nous aidons les annonceurs à envoyer le bon message à la bonne personne, au bon moment et dans le bon contexte.
Quels tarifs pratiquez-vous ? Qu’est-ce que les annonceurs achètent ?
La majorité des clients de Seevibes sont abonnés aux outils en mode SaaS. Nous sommes aussi très ouverts à travailler de manière ad hoc sur des projets spécifiques d’analyse de l’audience sociale de la télévision et des marques. Enfin, nous avons des partenaires qui utilise nos données à travers noter API pour enrichir leur application marketing ou de business intelligence.
Quelles sont les perspectives du marché de l’analyse de l’audience sociale des programmes télévisés à deux ou trois ans ?
Comme je le soulignais précédemment, l’analyse de l’audience sociale de la télévision est une partie de l’offre de Seevibes, tout comme notre capacité à détecter l’affinité du public avec les marques. Cela a l’air simple sur le papier, mais sur la dernière année, Seevibes a analysé et enrichi 1 milliard d’interactions sociales en provenance de Facebook et Twitter. « Au-delà des chiffres, nos clients apprécient que nous leur fournissions des données compréhensibles et actionnables. Des informations qui leur servent à gagner plus d’argent ou à optimiser leurs investissements publicitaires.
La vision à long terme de Seevibes est claire: à chaque fois qu’un annonceur investira 100 euros en télévision, 10 euros passeront par Seevibes pour booster la campagne sur les réseaux sociaux. Nous avons des investisseurs d’expérience pour nous soutenir et une équipe de choc pour réussir.
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