La startup du jour: InnerSense mise sur la réalité augmentée pour faciliter l’achat de meubles
La start-up toulousaine InnerSense édite une application mobile de catalogue interactif, permettant de faire de « l’essayage virtuel » d’aménagement grâce à la réalité augmentée. L’utilisateur peut ainsi naviguer dans un catalogue numérique, visualiser les produits directement dans son salon en temps réel et à l’échelle (pour recréer l’illusion qu’un meuble est dans la pièce par exemple). Elle édite aussi une solution clé en main d’intégration des modèles 3D des objets du catalogue.
Plus de détails avec Stéphane Mercier, président d’InnerSense :
FrenchWeb : Comment avez-vous eu l’idée de créer InnerSense ?
Stéphane Mercier: Le projet est véritablement né d’une frustration personnelle, en étant moi-même dans la position de l’acheteur de meuble grand public. En ne trouvant désespérément pas le meuble que je cherchais, j’ai fait le constat qu’aujourd’hui encore, la plupart des gens achètent leurs meubles avec un mètre ruban et des catalogues papier, de la même manière que nos parents le faisaient il y a 30 ans. Or, la technologie est là pour changer les choses, et c’était là le déclic : InnerSense est née sur l’ambition de transformer l’aménagement d’espaces, grâce au mobile.
Qui sont vos clients ?
Le début de notre commercialisation est récent, puisque nous avons commencé en septembre. Nos premiers clients sont des fabricants et distributeurs de l’aménagement de taille intermédiaire (nous pouvons citer les meubles Tujague, une belle PME dans les Pyrénées) cherchant avant tout des outils d’aide à la vente en B to B. Bientôt, nous élargirons notre cible en permettant à nos clients de toucher le grand public via nos outils, et à plus grande échelle.
Quel est votre modèle économique ?
Notre modèle économique se base sur un coût fixe assez faible d’accès à notre technologie, puis de coûts récurrents liés à l’intégration de modèles 3D dans notre base de données. Nous travaillons encore à l’industrialisation de notre processus d’intégration des modèles 3D, afin de pouvoir passer à l’échelle et toucher de plus grands acteurs.
Qui sont vos concurrents et comment faites-vous la différence ?
En France, nos principaux concurrents sont avant tout les logiciels d’aménagement « classiques », ceux que tout le monde connait et qui sont bien identifiés par la profession.
On remarque cependant l’apparition de nouveaux acteurs sur l’essayage virtuel, dans le secteur du mobilier en particulier. L’application produite par IKEA (co-développée avec Metaio, une des plus grandes entreprises allemandes en réalité augmentée) en est le meilleur exemple. Cependant, c’est aussi une vraie opportunité pour nous, car tout le monde observe les expérimentations de l’enseigne et cela sensibilise le public à ce qu’il peut attendre désormais.
D’un autre côté, il s’agit d’une application propriétaire, alors que nous adressons tous les fabricants et distributeurs.
Que faisiez-vous avant de fonder InnerSense ?
Personnellement, j’ai d’abord suivi un parcours académique (en tant que doctorant) avant de rejoindre le monde des startups, du côté du développement logiciel et de la R&D. Je me suis toujours intéressé en particulier aux interactions homme-machine et à la conception centrée utilisateur. Mon associé Xavier Crouilles, lui, a suivi un parcours plus orienté commercial et conseil, dans le financement de l’innovation en particulier.
Quelle a été la première problématique à laquelle vous avez dû faire face au cours de votre développement ?
Un vrai problème pour nous au début a tout simplement été d’expliquer clairement en quoi consistait notre produit d’essayage virtuel. Lorsque nous parlions de réalité augmentée, beaucoup de gens interprétaient à leur manière ce que cela pouvait signifier, et cela a donné lieu à quelques quiproquos.
Cependant, depuis que nous avons sorti le produit, et vu que nous proposons une expérience très simple et très visuelle, tout le monde comprend immédiatement à quoi cela peut servir. Les premiers retours sont très bons, mais c’est impressionnant de voir la différence de réaction des gens entre le « avant » (d’avoir le produit fonctionnel) et l’ « après ». En bref, montrer un produit fonctionnel remplace tous les discours, il faut y arriver le plus vite possible.
Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait donné ? Qui vous a donné ce conseil, et quand ?
« Focalisez vous sur le présent, et ne laissez pas la vision à 10 ans perturber vos décisions au quotidien ».
C’est un conseil plein de bon sens pour une startup, où l’on est toujours partagé entre présenter un concept à long terme, ambitieux et qui va prendre du temps à mettre en place, et une visibilité à très court terme, avec tous les petits (ou grands) problèmes du quotidien à résoudre. Il faut trouver ce chemin, et du coup, accepter de voir avec lucidité où en est réellement le projet à un instant t. C’est un nouvel ami et mentor, qui a beaucoup d’expérience dans le monde des startups, qui nous a donné ce conseil récemment.
Quelle est la personnalité que vous admirez le plus, et pourquoi ?
Elon Musk. Il est vrai qu’il est très en vogue en ce moment, mais il force l’admiration. Il est capable de présenter des projets incroyablement ambitieux, là où les Etats ont eux même renoncés (dans le domaine spatial par exemple) et où la concurrence est féroce (l’automobile) ; et malgré tout, l’exécution est impeccable et ses projets semblent bien partis pour connaître le succès.
Fondateurs : Stéphane Mercier (Président), Xavier Crouilles (DG) et 4 autres associés
Date de création : 14 mai 2014
Société basée à : Toulouse
Financement : 50 000 euros de départ (fonds personnels) et une première levée de fonds prévue pour le 1er semestre 2015
Effectif total : 6 collaborateurs