La neutralité du Net adoptée aux USA: Netflix applaudit, Verizon digère mal
C’était un bras de fer de géants. D’un côté, les fournisseurs de services et de contenus. De l’autre, les fournisseurs d’accès à Internet. La FCC (Federal Communications Commission), le régulateur américain des télécoms, a adopté jeudi, par trois voix contre deux, un nouveau texte visant à renforcer la « neutralité d’Internet ». Ce principe qui érige les opérateurs télécoms en simples transmetteurs de donnés, traitant l’accès aux contenus de façon égalitaire. Celui-ci empêche par exemple de brider un service au profit d’un autre, pour favoriser un acteur au détriment d’un autre.
« Les consommateurs savent désormais que les contenus légaux ne seront pas bloqués ou que leur service ne sera pas ralenti. (…) Les innovateurs savent désormais qu’ils auront un accès ouvert aux consommateurs, sans avoir à se soucier d’avoir à payer pour un débit rapide (pour un accès prioritaire, ndlr) » explique l’organisation sur son site Internet.
Une telle décision favorise des services fournisseurs de contenus, comme Netflix ou Google, mais fait grincer les dents des opérateurs télécoms. Le service de vidéo à la demande s’est d’ailleurs fendu dans un communiqué: « Le débat sur la neutralité du net demande de faire un choix entre les gagnants et les perdants: les fournisseurs d’accès à Internet ou les consommateurs. Aujourd’hui, la FCC, à décidé: les consommateurs gagnent ».
Les fournisseurs de contenus avaient reçu un soutien de poids. Le président Barack Obama avait rappelé en novembre son engagement en faveur du principe de neutralité du net: « Un Internet ouvert est essentiel pour l’économie américaine, et de plus en plus à notre mode de vie. En abaissant le coût du lancement d’une nouvelle idée, en initiant de nouveaux mouvements politiques et en rapprochant les communautés, (l’Internet ouvert, ndlr) a été l’une des plus importantes influences démocratiques que le monde ait jamais connues » avait-il déclaré.
En échange, les opérateurs télécoms se sont vus garantir par Tom Wheeler, le président de la FCC, qu’il n’y aurait pas de régulation par les tarifs, notamment afin de garantir les investissements dans le secteur. Mais cette nouvelle réglementation crée la fureur de plusieurs FAI. Verizon a ainsi fait part de son mécontentement: « Aujourd’hui (le 26 février) la Federal Communications Commission a approuvé un ordre demandé par le président Obama qui impose des règles sur les services Internet à large bande qui ont été écrites à l’ère de la locomotive à vapeur et le télégraphe ». Pour marquer son désaveu, le communiqué a été rédigé… en morse, puis dans une version écrite sous forme d’ancienne machine à écrire.