Suite et fin de notre semaine spéciale consacrée à l’innovation en Israël.
Parmi toutes les visites de lieux symboliques de la high-tech et de rencontres avec des entrepreneurs israéliens, un des temps forts du Trip IT organisé de main de maître par la Fondation France Israël est sans conteste le moment passé à Nazareth, ville à dominante arabe, dans le NGT (New Generation Technology), le seul des 23 incubateurs du pays où cohabitent des créateurs de startups juifs et arabes.
Pour info, la population du pays est composée pour 20% d’arabes soit près de 1.4 des 7 M d’habitants. Ils sont très majoritairement en proie à de véritables difficultés pour accéder à une égalité de traitement aussi bien en matière d’études que d’emploi et de logement. Ils ne représentant pas plus de 10% des étudiants diplômés du pays et sont interdits d’accès à tous les secteurs universitaires dits sensibles, en clair ceux qui ont traditionnellement alimenté la recherche israélienne à des fins militaires. Ils se tournent alors naturellement vers des filières médicales et biotechnologiques.
En matière d’appui à la création de startups, ces entrepreneurs arabes israéliens ne peuvent compter que sur le seul NGT de Nazareth. Crée en 2002, il a accueilli 21 entreprises pour des résidences de 2 à 3 ans dont 15 arabes ou « mixtes ». L’état aide le NGT à les financer sur une moyenne de 700 000 $ ce qui représente 85% des fonds récoltés. En échange, le NGT prend 50% des parts de chaque société. Le CEO du NGT, Nasri Said, a beau expliquer qu’il s’agit là d’une signe encourageant d’ouverture, il pèse chacun des mots de son discours et l’on sent alors poindre une gêne à évoquer la réalité que cache le NGT: 22 incubateurs du pays sur 23 ne sont tout simplement pas ouverts à 20% de ses citoyens !
Cette discrimination fait « heureusement » partie des sujets majeurs de controverse qui agitent en permanence la société israélienne, notamment à travers un certain nombre de médias réputés pour leur liberté de ton.
Résumé de ces quelques jours dans les pas de l’innovation israélienne
Lorsque vous cumulez: une culture collective de l’innovation comme une nécessité absolue, un Technion (Université de Haïfa) où la pluridisciplinarité et la création de startups sont dans l’ADN, une pensée globale à la source de tout projet comme évidence dans un marché sous-dimensionné, une pléiade d’investisseurs potentiels, des centres de recherches de géants mondiaux de la high-tech, une armée comme grand réseau social et pourvoyeur de contrats, un maillage dense d’incubateurs aidés par l’état, une maîtrise générale de l’anglais comme langue du business, un goût prononcé du risque, un droit légitime à l’échec d’un projet, un positionnement stratégique dans les radars de la Silicon valley … vous avez de fait quelques chances de faire de la high-tech l’objectif majeur de croissance de tout un pays!
Un dernier mot. ous avons été agréablement surpris par la soif de rencontre des entrepreneurs israéliens avec le monde high-tech français. Israël n’est qu’à une heure de décalage horaire de la France et il semble évident pour beaucoup de monde sur place qu’il faut aujourd’hui donner un vrai souffle aux contacts et collaborations entre entreprises et investisseurs des deux pays. C’est aussi notre sentiment à l’issue de ce voyage.
L’outil de ces échanges économiques existe: la Fondation France Israël vient de lancer Isralink, le réseau social des entreprises françaises et israéliennes.
Un tout dernier mot. Si les rencontres avec les isréaliens – tous les israéliens -ont été riches, celles avec les blogueurs, journalistes et organisatrices de ce #tripITisrael n’avaient rien à leur envier en qualité. Machikore à tous !
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