Comment gérer les trahisons et les copycats
Par Thierry Bezier-Membrey, cofondateur d’EveryOne, et de Recipay.com.
Ce qui est génial lorsque l’on a une startup et une idée (elle est bonne si vous faites des bénéfices en général) c’est cette sensation d’innover, d’apporter cette chose qui n’existait pas avant : bref de contribuer.
Il y a quelques années avec intruders.tv j’ai eu l’occasion de rencontrer des milliers de startups. Si la plupart étaient innovantes, il est clair et important que vous réalisiez que tapis dans l’ombre les adeptes de la médiocrité se retrouvent ayant dans « l’idée » de prendre la vôtre et de faire mieux que vous.
Quand on est une startup, on envoie beaucoup de docs, je veux dire « vraiment » beaucoup, entre les VCs, les banques, les leveurs, ceux qui veulent rendre service et autres, on se retrouve à envoyer des roadmaps et des Business Plan et tout un tas de documents à tout un tas de gens chez nous on a du faire sur notre projet Recipay, près de 200 envois tous répertoriés rien que l’année dernière sur tous les continents, et évidemment quand vous parlez à beaucoup de gens et bien ces documents se retrouvent aussi dans les mains de vos « concurrents » ou des mains de gens pas bien intentionnés… Comment je le sais? Parce que des gens « pas bien intentionnés » m’ont souvent proposé des documents provenant d’autres startups : que je refuse évidemment de voir.
Alors je vous propose de lister quelques copycats ayant des sabots plus ou moins grands; vous avez par exemple les :
– Etudiants en pleine thèse de fin d’année sur les startups : ceux là je les adore, en général de jeunes femmes vous contactent car elles ont des mémoires ou thèses ou autre chose à faire sur les startups : et Ô Miracle, vous êtes son sujet : elle va vous proposer un RDV téléphonique ou pas, elles vont vous flatter et vous poser énormément de questions…. C’est en se renseignant directement dans l’école que nous nous sommes rendus compte que le projet de fin d’année était de créer des copies de startups existantes, pour voir celles qui iraient le plus loin pour éventuellement se faire investir par des alumnis ou des profs…
Solution ? Une lettre d’avocat refroidit en général tout le monde et vous ne recevez plus de coups de fil d’étudiants.
– Startups « étrangères » ou lointaines qui vont reprendre votre nom et tenter une copie (mal faite) : Celle-là est plus difficile à détecter car elle implique le fait que vous avez investi dans les dispositifs légaux nécessaires pour les repérer… Je dois dire que je n’étais pas chaud au départ d’investir dès le début notre CA à notre protection juridique…mais mon associé avait raison : depuis presque 2 ans c’est une dizaine de procès gagnés dans la grande Europe contre tout simplement des contrefaçons.
Solution? Avoir de bons avocats, ne pas acheter forcément toutes vos marques sur tous les territoires mais là où vous en avez besoin, avoir un associé ayant une bonne formation en droit, et ne jamais sous-estimer le besoin d’investir dans le légal, avocats, cabinets etc…
– Le prospect qui pense qu’il peut faire mieux que vous : Voilà une jolie trahison : vous allez voir un éventuel futur client, vous lui présentez votre projet en long en large et en travers : il vous dit que non, cela ne l’intéresse pas du tout, iln’ aime pas du tout… et puis de tout de manière : il en pas besoin ! (bah oui).
Quelques temps plus tard vous verrez apparaître sur ses sites ou ses dispositifs un espèce de « trucs mutants » qui ressemble mais pas trop à ce que vous faites, mais « comme il est pas sûr » c’est fait un peu en mode « furtif », là forcément vous lui en parlerez et tout en balbutiant (quand il vous appellera 5 fois dans une même journée le doute ne peut subsister…) que c’est de la faute du presta au presta de l’agence qui a un stagiaire qui a eu cette idée en « s’inspirant » « peut-être » de vous.
Solution? Choisir de ne jamais travailler avec ce prospect, pourquoi? Quand on trahit une fois… le mieux c’est d’aller voir son concurrent de lui proposer votre produit et de lui montrer par a+b que c’était mieux de vous faire confiance.
Et puis il y en a tout un tas d’autres, des ex-collègues qui cherchent à investir, des gens qui adorerait vendre vos produits, des concours, des leveurs qui ont dans leur portfolio des boites du même secteur, des commerciaux, des journalistes… vous savez quoi? ils peuvent prendre toutes les formes ;-)
– Vous avez dit parano? Ca, c’est le genre de chose que vous allez beaucoup entendre quand vous êtes une startup et que vous souhaitez défendre votre point de vue… ignorez cette remarque qui peut certainement émouvoir un jeune homme de 22 ans qui n’a jamais vu le loup. Permettez-moi de vous le dire si vos parents ne l’ont jamais fait : les coïncidences n’existent pas, la copie et le plagiat ne sont pas une forme de flatterie, mais une forme de médiocrité et de fainéantise, quand on vous demande si vous n’êtes pas parano, c’est qu’il est clair que vous ne l’êtes pas. Je le répète : les coïncidences n’existent pas.
Au final, ce sont des situations qui nous aident à grandir, nous, les #truestartup; j’aime la concurrence, et d’une certaine manière, j’ai de la tendresse pour les copycats, ces espèces de tristes clowns alcooliques qui font leur job sans grande passion, sans joie, sans risque (et sans trop grands résultats).
Je suis Startupeur car je pense que je peux contribuer à ce monde, je suis père de famille, je ne veux pas donner l’exemple d’un type médiocre à mes enfants mais de celui qui a une éthique : qui peut se regarder dans le miroir tous les matins. Chers amis entrepreneurs, ces parasites sont le signe que vous êtes sur la bonne voie, la meilleure solution n’est pas de se cacher dans un trou, mais de justement montrer en quoi celui qui créer l’innovation brille. Peu importe ces docs, ces nuisibles constateront la bonne santé de mon entreprise et que notre trajectoire est sans fin, oui, au final ils sont une excellente motivation à réussir et je vous le dis en toute sincérité : les gentils gagnent toujours à la fin :-)
Par Thierry Bezier-Membrey, cofondateur d’EveryOne, et de Recipay.com.
Twitter : @thierrybezier
LinkedIn: Thierry Bezier-Membrey
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Les frères Samwer de Rocket Internet ont l’air de bien s’en sortir à ce jeu là. Ne dit-on pas que ce n’est pas l’idée qui compte mais la qualité de l’exécution ?
Après certes pour de la pure copie, le recours juridique est la bonne voie.
autant dire que c’est celui qui a le plus d’argent qui gagne la course…donc on fait quoi? on arrête tout car y aura toujours plus puissant que soit? FUCK l’exécution :-) (ça pourrait être un bon titre pour un prochain article…) , quand c’est ton idée t’as le droit de la défendre, que les mecs le fassent mieux, ou qu’ils aient 200 employés et 200 Millions de plus que toi… sinon autant devenir salarié ;-)
Rocket s’en sort bien, car ils ont créé un système où ils sont les seuls à bien s’en sortir, on est pas obligé de vivre avec ce statutquo, mais c’est aussi le résultat du fait que les VCs ne font pas assez de seed, autant dire qu’on laisse ce boulevard ouvert aux Rockets et consors….
Très passionnant post je me suis bien marée passage » j’ai de la tendresse pour les copycats, ces espèces de tristes clowns alcooliques qui font leur job sans grande passion, sans joie, sans risque (et sans trop grands résultats). » mort de rire et bravo