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Les salariés de Virgin Mobile ne voulaient pas croire aux « salauds de patrons »

La pause estivale n’aura pas aidé à avaler la pilule. Après la colère et la lettre envoyée à Geoffroy Roux de Bézieux, l’ancien PDG de Virgin Mobile, le « collectif de salariés » est toujours vent debout contre les 9,7 millions d’euros versés à 9 dirigeants de Virgin Mobile, au titre de prime de cession après la vente à SFR-Numéricable (Altice). D’après les documents que les salariés se sont procurés, sept membres du Comex et deux cadres chez Virgin ont ainsi déjà obtenu 3,3 millions d’euros et bientôt plus de six autres millions, quand seuls environ 252 000 euros avaient été prévus pour les 140 salariés de l’entreprise, recevant, chacun, 1 800 euros de prime.

Pendant les vacances, le collectif, qui n’est pas uniquement «constitué d’organisations syndicales», s’est vu remettre une fin de non recevoir concernant leur demande de revoir l’attribution de la prime. « C’est la loi du monde du travail. C’est du passé, il faut aller de l’avant», leur auraient objecté Eric Denoyer, le directeur général, et la direction des ressources humaines du groupe SFR qui n’a pas répondu à notre sollicitation.

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En soi, rien d’illégal dans l’opération. Mais les salariés vivent mal la différence entre les valeurs de créativité, d’innovation et de proximité prônées par Virgin Mobile, et la fin du rêve telle qu’on leur a concocté. En ayant au board d’actionnaires Richard Branson depuis 2004, le groupe Oméa Telecom de Geoffroy Roux de Bézieux avait endossé les mêmes promesses entrepreneuriales du milliardaire britannique.

Alors que Numéricâble-SFR a engrangé plus de 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires au premier semestre 2015, et que SFR et Virgin Mobile affichent une contribution respective à hauteur de 2,9 milliards et 169 millions d’euros au chiffre d’affaires B2C, la posture passe mal auprès des salariés.

Le silence de Geoffroy Roux de Bézieux

Face au silence de Geoffroy Roux de Bézieux qui n’a pas répondu à la missive, les salariés ont réfléchi pour savoir si oui ou non, ils allaient aller perturber l’Université d’été du Medef, où l’ancien patron tient le rôle de vice-président. Geoffroy Roux de Bézieux, également auteur de Salauds de patrons ! – prônant un nouveau rapport de force, aurait «été dernièrement dans la culture du politique, avec le Medef », accuse Jean-Michel Bihoues, délégué syndical CFDT chez Virgin Mobile. Il se dit «déçu» de l’attitude de Geoffroy Roux de Bézieux. D’après les salariés, l’ancien patron aurait touché 240 000 euros de fin de contrat, due à une clause de non-concurrence. «C’est anormal. Il aurait pu la laisser; cette clause ne concernant logiquement que le cas d’une revente moins disante. Il a déjà touché 25 millions d’euros sur la revente de ses actions», pointe le délégué syndical.

Résultat le dialogue entre salariés et les dirigeants de Numéricable-SFR est aujourd’hui «inexistant». Plus inquiétant, la polémique provoquée par le collectif qui estime n’avoir pour seul recours que «le buzz», commencerait à remplir sa mission. « On se sent quand même un peu trahi. Virgin c’était un ADN différente des grands groupes, c’était l’anti conformisme, une image un peu décalée que les gens aimaient beaucoup. Cette affaire de primes l’a entachée. Même les clients nous font des réflexions sur cette affaire», raconte à Frenchweb un vendeur dans une boutique indépendante.

Une image altérée par le rachat

SFR dispose encore d’une base de 23 millions d’abonnés mais en aurait perdu plus d’un million entre 2014 et 2015. L’acquisition des 1 million d’abonnés de Virgin Mobile -lui aussi sur la décrue, est venue compenser le churn d’abonnés (la proportion de clients perdus ou qui ont changé d’opérateur).

La fusion est aussi difficile, jusque dans la boutique. « Les clients se méfient plus, ils ont l’impression que Virgin est fragilisé et va finir par disparaître. C’est même le discours que tiennent certaines boutiques SFR pour dissuader les clients de souscrire chez Virgin», explique à Frenchweb un vendeur. Et d’expliquer: «Je crois que Virgin Mobile a un peu vendu son âme avec ce rachat, et cela peut lui coûter cher.»

Le manque de transparence sur la stratégie se fait ressentir jusque dans la boutique de quartier. «Normalement après le rachat, il était prévu que nous bénéficions des offres fibre afin de booster nos ventes. Finalement, cela ne s’est pas fait. Fausse promesse ou changement de stratégie?», demande le vendeur.

De leur côté, les salariés sont résignés. «Monsieur Denoyer doit venir en septembre, organiser des staff meeting. Or, nous n’avons toujours pas les objectifs pour nos bonus collectifs et individuels de 2015. On va être intégré petit à petit. On va disparaître d’ici un an», prévient le représentant CFDT. Ils veulent aussi aller voir le ministre Emmanuel Macron pour demander justice.

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Un commentaire

  1. Qu’est ce que j’apprends là ? Quand une entreprise est vendue, les dirigeants empochent plus d’argent que les salariés ?
    Mais c’est un véritable scandale !!!!! Viva la revolucion !

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