E-santé: pourquoi 2016 sera l’année de la montée en puissance
L'année 2015 restera comme une année décisive pour le secteur de l'e-santé. Au troisième trimestre, un record a même été battu. Sur cette fin d'année, ce sont 1,5 milliard de dollars qui ont été levés par des entreprises du secteur, d'après le rapport Digital Healthcare de la banque d'affaires Gpbullhound, spécialisée dans les fusions et acquisitions. Ce sont les entreprises américaines qui ont le plus attiré l'intérêt des investisseurs, mais l'étude souligne que certaines pépites européennes sont à surveiller de près.
A titre de comparaison, la France a concentré 2% des opérations de fusions et acquisitions du secteur en 2015, quand les Etats-Unis ont représenté 63% des deals, suivis par la Chine et la Grande-Bretagne ex-aequo (8%).
Cette année, la technologie a encore plus répondu aux enjeux du secteur. C'est cette adéquation entre le marché et les opportunités qui suscite l'intérêt des grands fonds d'investissement. Car derrière un patient, il y a aussi un consommateur prêt à s'offrir les meilleurs services. En 2013, les dépenses de santé ont ainsi atteint 7,2 trillions de dollars au niveau mondial, représentant 10,6% du PIB mondial, rappelle l'étude. Or, ces dépenses doivent progresser de 5% par an d'ici 2018. Parmi les facteurs principaux, l'allongement de la durée de vie.
Autre particuliarité révélée par l'étude, ce sont d'abord des PME, et non des grands groupes, qui sont en train de démontrer leur potentiel et de valider leur modèle aux yeux des investisseurs. Quels sont leurs modèles économiques? Le rapport permet d'identifier quatre modèles économiques:
- La télémédecine: ce sont les consultations et les soins à distance, via des interfaces mobiles. «La réduction des besoins en interactions humaines est particulièrement intéressante d'un point de vue économique», souligne l'étude qui cite notamment l'entreprise américaine Teladoc qui commercialise un suivi du patient par vidéo, télécommande, mais aussi GPS. Ce modèle économique a d'ailleurs compté pour 60% des fusions et acquisitions dans la seconde moitié de l'année 2015.
- Une entreprise propose de fournir le traitement et le diagnostique sur le digital. Quand le smartphone, est par exemple capable de se transformer en otoscope (pour examiner le conduit de l'oreille avec la caméra du mobile), comme le propose la start-up Cupris Health. De quoi désenclaver les zones qui n'auraient pas accès à ces médecins spécialisés.
- La marketplace: elle met en relation les patients avec les professionnels de santé. Ses avantages: la transparence sur le service et la mise en concurrence des offres. La Française Doctolib, citée dans l'étude, vise par exemple le même marché que ses consoeurs américaines ou britanniques.
- Enfin, le secteur des logiciels représente l'autre modèle en croissance. Dans la gestion des données, les opportunités sont de fait massives. En 2020, les nouveaux services conectés dans le secteur de l'e-santé auront produit 25 000 petabytes de données, d'après The Economist Intelligence Unit.
La révolution e-santé qui est en train de se jouer amorce aussi une refonte complète des systèmes de santé. «Le manque d'interopabilité entre les logiciels, les bases de données et les procédures générales est peut-être la plus grande barrière parmi toutes les raisons capables d'empêcher que l'innovation se fasse», explique l'étude de la banque présente à Londres, San Francisco, Stockholm, Berlin, Manchester et bientôt Paris.
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