A la recherche du PDG parfait: le propagateur de l’innovation
Due au fait qu’elle est au centre de l’attention et qu’elle est considérée comme le moteur de croissance de l’entreprise, l’innovation est devenue un enjeu stratégique et de pouvoir. Aujourd’hui, le directeur R&D, de la stratégie, des RH, des SI, des achats, le directeur juridique, les Chief Digital Officer… Tous revendiquent être la personne la plus légitime pour prendre en charge l’innovation. Chacun veut ainsi sa part du gâteau.
Industrialiser l’innovation est complexe et difficile à réaliser puisqu’elle touche toutes les divisions de l’entreprise. La seule route vers le succès est d’avoir un vrai patron qui inspire et qui peut porter l’entreprise vers de nouvelles destinations. Qui sait détecter comme un directeur R&D, qui sait transformer les équipes comme un DRH, qui sait faire appel à des nouveaux modes de sourcing comme un directeur des achats, qui change les règles et les façons de faire des affaires comme un directeur juridique. Industrialiser l’innovation est une mission extrêmement compliquée qui demande un effort très important pour ne pas se transformer dans une série de missions impossibles.
Le PDG est bel et bien le propagateur de l’esprit d’innovation de toute l’entreprise !
Aux Etats-Unis, beaucoup de dirigeants inspirent l’innovation. Pas besoin de vous présenter les patrons de Facebook, Tesla, Apple, Uber, Airbnb, Oracle, Virgin… Ils incarnent tous l’innovation.
Combien de numéros 1 de nos entreprises du CAC 40 incarnent l'innovation ?
Dans ce milieu contrôlé par les nouvelles technologies, où quelqu’un de plus de 35 ans n’appartient plus à la génération Y (ou Z maintenant), et donc considéré comme un «vieux», il revient totalement au PDG de mettre en place la structure adaptée. Malheureusement, nos patrons se considèrent toujours comme des spécialistes en innovation comme les produits sont techniquement bons. Mais les chiffres de vente, parfois faibles, montrent que nos innovations ne sont pas si bien accueillies par le marché. Il est donc important d’avoir un patron, symbole de l’innovation, qui est capable de convertir un succès technique en succès commercial. Le fait d’avoir un «Chief Innovation Officer» est une erreur puisqu'un PDG ne peut pas déléguer ses responsabilités. Il peut déléguer des fonctions comme la collecte d’information et l’animation de certains comités, mais le vrai stratège de l’entreprise doit être le PDG.
A quand le «Chief Executive Innovation Promotion Officer» ?
Dans ce contexte, la mission d’un «Chief Digital Officer» est celle de l’exécution d’une stratégie déjà définie et non pas à sa définition.
Le PDG est ainsi obligé d’endosser le rôle d’évangélisateur de l’innovation, allant prêcher la bonne parole vers l’extérieur mais aussi au sein de l’organisation. Et ceci n’est pas toujours si évident, surtout si l’innovation passe par des outils numériques maîtrisés par des utilisateurs de moins de 35 ans. Cependant, le PDG doit avoir l’expérience de créer les équipes permettant de répondre à ces défis.
Comme ce positionnement est très nouveau et très lié à une bonne maîtrise de l’innovation, le PDG doit être celui qui :
- incarne cette vision d’innovation
- participe à la culture d'innovation de l’entreprise
- est rompu aux techniques de conseil en innovation.
Pour cela, le PDG doit disposer d’un socle de fondamentaux sans égal qui lui confère une assise solide pour :
- diriger les missions critiques : compétences commerciales, connaissances techniques et forte appétence pour la technologie, capacités à défendre une vision
- initier la démarche qu’une bonne innovation est aussi celle qui connaît un succès en commercialisation
- être le maître de la relation avec le client et celui qui sait traduire le souhait du client à toute l’équipe
- collaborer activement avec l’ensemble des métiers de l’entreprise
- avoir de solides qualités humaines : autonomie, adaptation, ouverture d’esprit, charisme et capacités relationnelles.
Même si ce n’est pas le PDG qui réalise, c’est lui le commercial de l’innovation. Il doit ainsi :
- communiquer sur l’innovation à la presse, en participant à des salons, à des démonstrations, etc.
- être à l’écoute et anticiper les besoins, sous des angles non seulement techniques mais également sous l’angle des données humaines, culturelles, sociales et environnementales
- défendre sa vision et faire rêver le consommateur tout en le rassurant
- prospecter de nouveaux produits et fidéliser son portefeuille clients via l’innovation.
En interne, le PDG :
- est force de proposition pour l’ensemble des équipes ; et ceci dans tous les métiers de l’entreprise
- il est force de proposition en étudiant la faisabilité de la solution auprès des équipes R&D en amont et en aval auprès des équipes de la production, et se montre capable de traduire les besoins du client en solution adaptée
- il assure partout un rôle de conseil en s’inscrivant dans un processus continu avec ses interlocuteurs, permettant ainsi, via une écoute active, de contribuer à l’évolution constante des solutions
- il comprend les capacités de l’entreprise et ses orientations stratégiques.
Toutefois, le PDG doit aussi savoir faire appel à des ressources externes. Dans quasi toutes les entreprises, les salariés ont été recrutés pour leurs capacités d’exécution et non pour leur créativité (dommage). Il doit ainsi faire appel à des personnes externes pour combler ce manque. Cependant, chaque dossier demande un profil différent et il faut surtout choisir le bon profil entre expert, consultant, coach et manager de transition.
L’innovation ne s’invente pas et il y a du pain sur la planche au sein de nos entreprises.
Alliant une formation d’ingénieur à l’Insead, un esprit entrepreneur et des expériences en France et à l’International, Erik Van Rompay est un expert référent sur l’innovation en Europe.
Avec cinq années chez Walt Disney Imagineering à son actif, il a travaillé à la réalisation de plusieurs projets industriels pour Ford Motors, Volvo, Daf Trucks et Rolls Royce, ainsi qu'à la création de 5 start-up. Cette expérience lui a permis de maîtriser toute la problématique de la start-up jusqu’au grand groupe industriel.
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L’innovation ne s’invente pas,
elle se vit au quotidien. Toute le monde n’y est pas sensible.
Vous n’y êtes pas préparé ? Passez la main à quelqu’un qui en a plus envie que vous
et propulsera votre entreprise au coeur de la bataille
… avant qu’il ne soit trop tard et qu’elle ne soit la gateau à se partager.!