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Pourquoi la France rate de peu le statut de championne mondiale de la Tech

Le point de vue de Jon Evans avait suscité de vives réactions dans l'écosystème tech français. A l'issue d'un voyage de presse organisé par la Frenchtech, ce journaliste américain osait pointer sur Techcrunch le manque d'ambition des start-up françaises. La faute, selon lui, aux politiques publiques d'innovation qui servent avant tout les intérêts des grands groupes, et le manque de modèles de réussites inspirant les entrepreneurs. 

Quelques semaines semaines plus tard, Business France, l'agence publique chargée de vendre la France à l'étranger, a cherché à dresser un état des lieux de la manière dont les experts internationaux jugent cette attractivité. Dans ce rapport, que Frenchweb s'est procuré, l'agence de développement a compilé des données de différents rapports et classements internationaux publiés (depuis 2015 uniquement) sur le sujet. On y apprend que si la France possède quelques atouts, les experts internationaux ont conscience d'un certain nombre de retards.

Des championnes de l'amorçage…

Premier élement de cette compilation, la 6e place de Paris comme ville la plus accueillante pour les start-ups en Europe, d'après le European Digital Index de 2015 (devant Berlin), et 11e à l'échelle mondiale selon le Global Startup Ecosystem Ranking

La ville de Paris, qui accueille 22 600 start-up selon des données du Startup Hub reprises par les auteurs de l'étude, se distingue notamment par son attractivité auprès des investisseurs early-stage (en amorçage). Avec 650 à 700 000 dollars levés en moyenne au démarrage de leur activité, les start-up parisiennes dépassent leurs voisines européennes, qui lèvent en moyenne 600 à 650 000 dollars, toujours selon le Global Startup Ecosystem Ranking. 

Autre atout de la France en matière d'innovation: la qualité de ses formations d'ingénieur et la forte capacité des entreprises française à assimiler les innovations technologiques. A l'échelle européenne, Paris arrive ainsi en seconde position en matière d'accès à la connaissance (qualité de sa recherche et budgets consacrés à la R&D) selon le European Digital Index. Le pays est notamment reconnu dans les domaines de l'industrie et de l'intelligence artificielle. 

Première surprise du rapport de Business France, les experts étrangers mettent en avant la facilité avec laquelle les entreprises françaises ont accès à un marché international. Avec 42% des clients des start-up parisiennes qui sont chinois ou américains, la capital française fait ainsi mieux que la Silicon Valley selon le Global Startup Ecosystem Ranking. 

Enfin, la qualité des infrastructures (transport et connexions Internet) est également soulignée, ainsi que l'efficacité de dispositif d'incitation fiscale tels que le Crédit Impôt Recherche (CIR), qui a fait de la France le pays le plus attractif pour innover en Europe. 

…qui ne réunissent pourtant pas les conditions de l'hyper-croissance

Au-delà de ces atouts qui devraient faire de la France un pays leader en matière d'innovation, un certain nombre d'éléments freinent la croissance des entreprises françaises. Après des premiers tours de financement plus attractifs que leurs voisines européennes, les start-up parisiennes peinent à convaincre les investisseurs internationaux d'investir des montants plus importants. En capital développement, ces dernières lèvent en moyenne 4 à 4,5 millions de dollars, contre 7 à 7,5 millions de dollars à Londres (Global Startup Ecosystem Ranking). Conséquence de ce phénomène: seuls 5% des entrepeneurs français ont une expérience au sein d'une start-up en hyper-croissance (5 fois plus moins que les entrepreneurs londoniens). 

A cette difficulté d'accès à des financements externes s'ajoute la difficulté de recruter des profils techniques qualifiés. Paris se classe en effet 16e ville en Europe en termes d'attractivité pour les profils techniques, selon le Global Startup Ecosystem Ranking. Si les ingénieurs formés dans les écoles françaises leur préfèrent la stabilité des grands groupes, les faibles niveaux de rémunération proposés à ces profils peuvent également expliquer ce phénomène (53 000 dollars en moyenne en France, contre 118 000 dans la Silicon Valley, toujours selon le Global Startup Ecosystem Ranking). 

Paris souffre également d'une mauvaise image en raison de son coût de la vie, bien plus élevé que dans d'autres capitales européennes: la ville se classe 34e en matière de coûts de location des bureaux, et 24e en matière de coût du travail à l'échelle européenne. 

Enfin, le rapport pointe également du doigt la difficulté de la France à faire évoluer rapidement sa législation pour s'adapter aux nouvelles formes de sociétés qui émergent, ainsi que le manque de compétences entrepreneuriales des Français (Global Startup Ecosystem Ranking)

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