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Oser l’improductivité #1: Quand la data aura rendu l’entreprise improductive

Frenchweb publie les bonnes feuilles de l'ouvrage «Oser l'improductivité», de Davy Rey. Il y démontre que l'innovation dans son ensemble permettra l'émergence de l'entreprise improductive. Dans cet extrait, la data au service de l'entreprise.

 

« Véritable révolution en marche, la connectivité envahit progressivement tous nos appareils et les objets connectés sont, à ce jour, deux fois plus nombreux sur Terre que les êtres humains – ils auraient dépassé le seuil des 15 milliards en 2012 d’après une étude de l’Idate, citée le 3 novembre 2013 dans Libération. Les experts ne s’entendent pas tous sur le potentiel de développement des objets connectés d’ici à 2030, certains en attendent 80 milliards dès 2020. (…) Mais c’est bien pour l’entreprise elle-même que l’évolution pourrait être la plus conséquente. Les capteurs embarqués dans ces objets ou ces systèmes, reliés à internet et qui savent communiquer entre eux, permettront de piloter bien plus finement les flux d'informations et de matières.

Avant tout, en recueillant des données plus précises sur la consommation. Les entreprises seront ainsi en mesure de cerner plus précisément les habitudes et les profils des consommateurs et pourront, dès lors, proposer des offres personnalisées et mieux ciblées. Parmi les impacts les plus attendus, se trouve l’émergence de la médecine personnalisée et à distance. Les bracelets connectés actuellement commercialisés donnent un aperçu de la précision et de la quantité d’informations que ces capteurs peuvent rassembler sur un patient. Activité physique, historique de tension, niveaux de stress, qualité du sommeil, auxquels s’ajouteront certainement les profils de poids, d’alimentation, sont autant de données précieuses auxquelles un médecin n’a aujourd’hui pas accès.

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On imagine aisément la qualité du diagnostic médical dans le cas où le patient partage son historique de données physiologiques. (…) Pensons également aux nombreuses possibilités d’anticiper les maladies, par une surveillance continue du régime alimentaire et de l’activité physique : la médecine pourrait jouer un rôle davantage préventif et éviter une partie de ces maladies graves qui prennent leur source dans notre hygiène de vie.

Les objets connectés offrent une possibilité inédite au monde médical de faire un bond significatif en exploitant ces données nouvelles. Cette profusion d’informations est d’autant plus instructive pour l’entreprise qu’elle permet de comparer les patients, de rapprocher certaines caractéristiques physiologiques ou comportementales de certaines maladies ou, par exemple, d’identifier les zones géographiques à plus grands risques et de prescrire des traitements mieux ciblés. (…)

Il en va de même pour la gestion de la consommation énergétique des foyers. Si des données de consommations étaient rassemblées et analysées en temps réel, elles permettraient d’équilibrer efficacement la production d’électricité ou de gaz avec la demande. De même, la domotique peut fournir des données qui, une fois massifiées, peuvent renseigner les entreprises pour ajuster au mieux leurs stocks et leurs productions. Par exemple, un réfrigérateur équipé d’une fonctionnalité de détection des aliments permet d’anticiper la liste des courses, voire de commander pour l’utilisateur. Mais il peut aussi analyser la consommation des foyers, ville par ville ou quartier par quartier, et permettre à la filière agroalimentaire de s’ajuster au plus vite sur les articles que les foyers sont sur le point de racheter.

Dans un futur où la demande sera toujours plus exigeante, l'internet des objets pourrait bien aussi constituer une base propice à la collaboration entre les entreprises qui accepteront de croiser leurs données. Les données collectées en temps réel par les constructeurs automobiles sur l’état et le mouvement de leur parc de véhicules, ne manqueraient pas d’intéresser les applications GPS ou les transporteurs logistiques, par exemple. Les applications GPS pourraient ne plus reposer sur la remontée d’informations de trafic, mais optimiser le trajet des utilisateurs en calculant précisément le nombre et la vitesse des véhicules sur le chemin et en prenant en compte leur état et le risque de panne. Les transporteurs pourraient alors intégrer ces informations dans la régulation de leur planning de préparation et de livraison des marchandises.

Ainsi, connecter ses produits permettra à l’entreprise de monétiser les informations récoltées, en plus de délivrer davantage de valeur au client final. Côté opérations, l’internet des objets permettra aux entreprises de piloter leurs stocks encore plus finement. Les puces RFID (Radio Frequency Identification) et certains traceurs permettent déjà de localiser et de contrôler l’état des marchandises. Une palette, un container ou un produit fini connecté, pourrait, à terme, fournir des informations très précises sur son état et sa localisation. Si l’on connaissait, en temps réel, les coordonnées géographiques et l’altitude d’une palette, le suivi des stocks et l’inventaire en entrepôt deviendraient parfaitement inutiles pour calculer les quantités disponibles et optimiser les mouvements. Si, de plus, chaque unité de stockage enregistrait et tenait le système informé sur son ancienneté dans les racks, sa date de péremption, voire la date de commande client, la place en entrepôt pourrait être automatisée et les coûts de stockage et de freinte fondraient comme neige au soleil.

La logistique, également, bénéficiera du développement des systèmes d’objets connectés. Avec l'apparition des drones, des véhicules autonomes et semi-autonomes, plus de deux accidents de trajet sur trois pourront être évités . Des milliers de vies épargnées et un trafic infiniment plus fluide, à l’abri des erreurs humaines. La gestion du parc machines est aussi en passe de devenir plus performante, plus anticipatrice. Des capteurs plus nombreux, qui couvriront un spectre plus large de caractéristiques et capables d’interagir, fourniront une information plus précise. De quoi remplacer les cartes de contrôle et améliorer la maintenance préventive avec une détection plus sensible des dérives de la production, permettant d’intervenir avant la panne machine. »

Sur l’apport du Big data pour le pilotage d’activité

« Cependant, la profusion de ces capteurs et des informations émises rend caduques nos outils actuels d'analyse de données. Les entreprises entrent dans l’ère du Big data. (…) Hormis la puissance des calculateurs, c'est la manipulation de ces billions de signaux qu'il s'agira de maîtriser. Car le Big data est une manne qui ne pourra être convenablement exploitée qu’en mettant en œuvre des modèles prédictifs avancés. Ceux-ci permettront d’interpréter des tendances de plus en plus complexes dans la demande et de bien mieux lutter contre sa volatilité et son imprévisibilité. La plupart des modèles prévisionnels actuels reposent sur l’analyse des historiques : pour prédire les ventes à venir sur un marché, les entreprises analysent le profil des commandes du passé et extrapolent sur le futur.

Le Big data permet de compléter ces analyses traditionnelles en les croisant avec une infinité d’autres tendances. Dans une grande maison du luxe à l’étranger, nous avons réalisé une étude croisant la qualité des peaux brutes achetées à divers abattoirs du monde avec les conditions d’élevage des bêtes. Nous avons, par exemple, identifié une corrélation très forte entre les données d’hygrométrie des sites d’élevage – des données accessibles en open-source – et un certain nombre de critères à la réception des peaux. Ce type de découverte permet d’anticiper plus finement les problèmes en production et d’adapter les réglages à la qualité des peaux avant même de les avoir achetées. C’est ce que le Data science permet de faire, mais avec une infinité de paramètres !

Mais, avec les difficultés qui nous attendent à l’horizon 2030, certains signaux seront si fluctuants qu’il sera vain de tenter de les prévoir en fonction d’une grande quantité de paramètres prédéfinis. Les algorithmes prédictifs les plus aboutis sont apprenants. Ils sont capables de comprendre tous seuls que les conditions ont suffisamment évolué pour que le modèle prédictif évolue lui-même. Par exemple, si la météo n’avait soudainement plus d’impact sur la qualité des peaux brutes, si les éleveurs décidaient brusquement de couvrir leurs pâturages, alors le facteur hygrométrie n’aurait dorénavant plus d’effet sur la qualité des peaux. Par ailleurs, avec le réchauffement climatique, il n’est pas impossible que certains parasites migrent dans les régions d’élevage que nous avons étudiées. Les impacts sont inconnus à ce jour, mais un algorithme qui apprendrait la nouvelle en scrutant des dépêches publiées sur le web et qui ajusterait son modèle de prédiction n’est plus du domaine de la science-fiction.

Enfin, ce que promettent le Data science et le Big data à nos entreprises, c’est d’être en mesure de réaliser simultanément des millions d'actions très individualisées avec une précision chirurgicale. Il sera bientôt possible de mieux cibler le marketing opérationnel, en qualifiant chaque client ou chaque prospect en fonction des informations disponibles et analysées. Finis les envois d’email génériques publipostés qui finissent par atterrir directement dans une poubelle, à l’image des publicités de boite aux lettres. Une entreprise pourra bientôt offrir à son client exactement ce que celui-ci recherche et au bon moment. Puis d’envoyer un email ultra-personnalisé avec un bien meilleur taux de succès. »

 

41XMIqt+O-L._SX350_BO1,204,203,200_Le livre "Oser l'improductivité" de Davy Rey (Lulu.com) . Il s'agit d'une remise en cause des mécanismes productivistes de nos entreprises et d'un nouveau modèle recentré sur l'innovation, pour améliorer leur performance.

Davy Rey est manager chez STEP Consulting, un cabinet de conseil en amélioration des performances. Il accompagne de grands groupes, ainsi que des PME et des ETI, depuis près de 10 ans. Mais il maintient aussi un lien fort avec le monde des start-ups et décrypte les grands changements économiques et technologiques de notre époque. Depuis 2 ans, il tente d’en faire la synthèse sur le blog professionnel qu’il anime : Perspectives.

 

 

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