Bertrand DuperrinData RoomLes dernières actualités de la techLes ExpertsMARTECHTECH

Les notifications: notre nouveau fléau quotidien

Combien de notifications recevez vous par jour? 10? 50? 100? Notre journée est rythmée par les notifications que nous recevons d’une foule d’applications de messagerie, d’outils métiers, d’applications… Une journée davantage hachée que rythmée d’ailleurs tant ces notifications captent notre attention, nous obligent à switcher, nous reconcentrer voire nous distraient d’une chose importante pour nous amener vers quelque chose de plus futile.

La notification: une solution devenue un problème

La notification est l’exemple type de la bonne idée devenue un problème. Souvenez vous…

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription est confirmée.

La newsletter hebdo

Recevez chaque lundi l'actualité de notre écosystème

Au début toute information, tout message, toute alerte arrivait en général dans la boîte de réception email. A tel point que l’email ne cessait de nous interrompre, qu’on ne s’y retrouvait plus dans la foule des messages, etc. La boîte mail était devenue un fourre tout protéiforme et ingérable qui se remplissait plus vite qu’on le vidait.

Ensuite deux choses se sont passées.

La première c’est qu’on a déplacé une grande partie des échanges de l’email vers des réseaux sociaux publics ou professionnels ou des applications de messagerie instantanée. Au final les premiers, pour rester présents dans notre attention, ne cessent de nous alerter via des notifications qui…remplissent nos boîtes emails. J’ai beau comprendre que si l’email reste, il a changé de fonction et que le contenu est désormais là où il est en contexte, plus simple à gérer, il n’en reste pas moins que la boîte continue à se remplir.

Ensuite est arrivé le mobile ou plus précisément le smartphone. Pas parce qu’il permet la mobilité mais parce qu’il a entrainé une «APPification» de tous les services que nous utilisons. Chaque service est devenu une application et, surtout, une application capable de pousser ses propres notifications sur l’écran principal de notre téléphone sans passer par le canal email, l’OS centralisant les notifications de toutes les applications. Et vu qu’on utilise finalement qu’une faible proportion de nos applications et que pour rester «top of mind», au sommet de notre attention le meilleur moyen pour une application est d’envoyer des notifications, toutes se sont mis à notifier pour tout et n’importe quoi.

Et comme nous passons incessamment du mobile à l’ordinateur de bureau ou portable, il fallait une continuité des expériences. Les notifications nous ont donc suivi d’un écran à un autre.

Finalement non seulement nous n’avons pas résolu la question des interruptions liées à l’email mais avons multiplié le problème par 10. Pire, cela s’est accompagné d’une fragmentation de l’information. Avant on disait «tiens j’ai vu passer quelque chose sur tel sujet…je vais chercher dans ma boite mail». Aujourd’hui on commence par se dire «j’ai vu passer une alerte qui parlait de tel sujet mais je ne sais plus de quelle app elle venait».

L’addiction aux notifications entre sentiment d’exister et Fear of Missing Out

Mais vous me direz que les notifications ça se paramètre. Effectivement. Pourtant (presque) personne ne le fait. Trois raisons me semblent expliquer cela.

La première est que cela reste à tort ou à raison une pratique de «power user». L’utilisateur moyen installe des tonnes d’applications et subit les notifications. Seuls les plus avancés prennent la peine a priori ou a posteriori de spécifier ce qu’ils veulent recevoir, de quoi (application), voire de qui (personnes).

La seconde est connue sous le nom de FOFM ou «Fear Of Missing Out»: la peur de rater quelque chose. Elle est la cause principale de surcharge informationnelle et de difficulté à gérer les flux d’information. Alors que la plupart des outils personnels et professionnels que nous utilisons nous permettent de sélectionner ce qu’on veut recevoir vs. ce qu’on ira consulter si besoin, la peur de rater quelque chose fait qu’on essaie de tout suivre. Et comme la quantité d’outils, médias, canaux et le volume d’information produit croissent de manière exponentielle l’humain ne peut pas suivre mais peu importe. C’est encore plus flagrant dans les outils professionnels où au lieu d’optimiser les flux entrants les collaborateurs ont tellement peur de rater quelque chose et se le voir reprocher qu’ils suivent tout et n’importe quoi, notamment sur les réseaux sociaux d’entreprise.

La notification: agression ou source de reconnaissance?

La troisième est que la notification donne le sentiment d’exister. Aussi surprenant que cela puisse sembler une personne qui reçoit une notification – peu en importe l’objet – a l’impression d’exister. J’ai lu/entendu que recevoir des notifications nous faisait générer de la dopamine, un neurotransmetteur associé à la motivation et à la reconnaissance. A titre personnel je pense qu’un certain volume de notifications est ressenti comme une agression et donne des envies de meurtre mais la science semble nous dire le contraire.

Et puis ne comptons pas non plus sur les éditeur pour rendre le management des notifications facile, voire nous sensibiliser à leur impact. Une application dont on supprime les notifications n’est plus «top of mind», on l’oublie, on finit par ne plus l’utiliser tellement les autres monopolisent notre attention. Par contre si à titre personnel cela relève de la responsabilité individuelle, c’est un sujet sur lequel les entreprises devraient impérativement sensibiliser leurs collaborateurs (comme on le fait pour l’email) et un sujet d’ailleurs à prendre en compte dans la conception/implémentation des outils de travail, a fortiori dans une digital workplace ou environnement de travail digital intégré. Un beau sujet d’expérience employé d’ailleurs.

Bref, s’il est possible «techniquement» de lutter contre le trop-plein de notifications la plupart d’entre nous n’en font rien et s’infligent un supplice de manière consentante. Un supplice qui a nécessairement un prix en termes de stress, d’attention et donc de productivité.

 

bertrand-duperrinBertrand Duperrin est Digital Transformation Practice Leader chez Emakina. Il a été précédemment directeur conseil chez Nextmodernity, un cabinet dans le domaine de la transformation des entreprises et du management au travers du social business et de l’utilisation des technologies sociales.

Il traite régulièrement de l’actualité social media sur son blog.

 Crédit photo: Fotolia, banque d'images, vecteurs et videos libres de droits
Découvrez WE, le nouveau media d'intelligence économique consacré à l'innovation en europe. Retrouvez les informations de plus de 4500 startups et 600 fonds d'investissements Pour en savoir plus, cliquez ici
Bouton retour en haut de la page
Share This