Près de 162 millions de travailleurs aux Etats-Unis et en Europe ont aujourd'hui un statut d'indépendant, soit 20 à 30% de la population active dans ces deux zones gégographiques, selon l'étude «Independant work: Choice, necessity, and the gig economy» réalisée par McKinsey. Face à l'ampleur du phénomène, le cabinet de conseil américain a souhaité en apprendre plus concernant cette catégorie de travailleurs aujourd'hui méconnue, et déterminer s'ils étaient, ou non, satisfaits de leur situation.
La presse anglo-saxonne parle en effet de plus en plus de «gig economy» pour qualifier ces «emplois d'indépendants», ou «petits boulots» qui ont émergé ces dernières années sous l'impulsion de plateformes comme Uber ou AirBnB, ou encore dans la FoodTech Deliveroo et Foodora, pour ne citer que les plus connues. Le terme, qui signifie concert en anglais, fait référence au statut précaire des musiciens, qui cumulent les contrats sans avoir d'emploi fixe. Les nouveaux travailleurs indépendants tirent-ils réellement profit de l'économie collaborative?
A noter, dans sa définition du travailleur indépendant, McKinsey intègre les freelances, les chauffeurs Uber, l'équivalent des auto-entrepreneurs français, mais aussi les particuliers qui louent leur bien sur AirBnB.
Un peu plus de la moitié des indépendants sont aussi salariés
Les auteurs de l'étude ont défini quatre grands profils de travailleurs indépendants:
- Les «free agents», qui ont volontairement choisi de se mettre à leur compte et pour qui le travail indépendant est la première source de revenu, qui représentent 30% des cas.
- Les «casual earners», qui ont recours au travail indépendant pour compléter leurs revenus, qui pèsent pour 40% du total. C'est le profil le plus répandu.
- Les «reluctants», qui tirent la plus grosse part de leurs revenus du travail indépendant mais qui préfèreraient avoir un poste salarié, 14% des cas.
- Et enfin les «financially strapped», contraints d'avoir recours à du travail indépendant en plus d'un autre emploi pour faire face à leurs charges, qui représentent 16% des cas.
Premier constat, près du tiers des indépendants subissent aujourd'hui leur statut, et préfèreraient avoir un emploi salarié leur permettant de subvenir à leurs besoins. S'ils sont minoritaires, cela représente tout de même 49 millions de personnes aux Etats-Unis et en Europe, si l'on en croit les estimations de McKinsey.
Ensuite, 56% des indépendants tirent la majorité de leurs revenus d'une activité salariée en parallèle de leurs missions en tant qu'indépendants, et «seuls» 28% d'entre eux sont contraints d'avoir recours à ce type de missions pour des raisons financières.
En parallèle, on notera que 70% des répondants ont choisi ce statut en raison de l'autonomie et de la flexibilité qui le caractérisent. Près d'un salarié sur six aimerait même à terme tirer la plus grande part de ses revenus des missions qu'il réalise en tant qu'indépendant.
En France, 61% des indépendants ont un emploi salarié en parallèle
Si l'on considère le cas de la France, le cabinet de conseil estime qu'il y a à l'heure actuelle 13 millions de travailleurs indépendants. A titre de comparaison, l'Insee estimait à 28,7 millions de personnes la population active française en 2015 (nldr).
En France, un peu plus du tiers serait des «casual earners», et 29% des «free agents». La proportion de «financially strapped» est légèrement supérieure à la moyenne, avec 21% des indépendants dans ce cas. A l'inverse, les «reluctants» sont proportionnellement moins nombreux (10% des cas). Près de 7 indépendants sur 10 ont ainsi volontairement choisi ce statut, et 61% d'entre eux ont une activité salariée en parallèle.
A noter, c'est en Espagne que le statut d'indépendant semble le plus subi, avec 42% de «reluctants» ou de «financially strapped». A peine 52% des indépendants considèrent leurs missions comme une source de revenus additionnelle.
La régularité et le niveau des revenus, principal motif d'insatisfaction
En terme de satisfaction au travail, sans surprise les indépendants ayant choisi leur statut volontairement (la majorité des cas donc) sont bien plus satisfaits de leurs conditions de travail que les autres. Parmi les éléments qui poussent les «casual earners» à avoir recours à du travail indépendant en parallèle de leur emploi, on trouve l'autonomie, l'atmosphère de travail, le fait d'être son propre patron, les horaires de travail adaptables et la possibilité de travailler où on le souhaite.
A l'inverse, les travailleurs indépendants qui n'ont pas choisi leur statut déplorent le manque de sécurité des revenus, et un niveau de rémunération qu'ils considèrent comme faible. Ils apprécient en revanche le contenu de leurs missions, leur autonomie, l'atmosphère de travail, ainsi que la flexibilité qui caractérise le travail indépendant (horaires et lieu de travail).
Les plateformes, véritables facilitateurs pour les indépendants
Enfin, dernier constat de l'étude, le digital et plus particulièrement l'avènement des plateformes ont profondément modifié la façon dont les travailleurs indépendants s'organisent. Accès à une base de clients potentiels bien plus importante, information accessible en temps réel, mises en relation plus pertinentes: les avantages de ces plateformes ont déjà convaincu près de 15% des indépendants, et ce n'est que le début si l'on en croit McKinsey.
Enfin, ce sont les indépendants qui vendent ou bien qui louent des biens physiques qui ont le plus recours à ce type de plateformes (respectivement à 63% et à 36%).
VOIR l'étude complète:
**Méthodologie: étude menée auprès de plus de 8 000 répondants, originaires de 6 pays différents (Etats-Unis, Royaume-Unu, Allemagne, France, Espagne et Suède).
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