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Bitcoin, Ethereum, Zcash…où en est-on dans le monde des blockchains?

Les choses bougent dans le monde des blockchains. Et de plus en plus vite. Il devient difficile de suivre l'énorme quantité de projets et de perfectionnements qui voient le jour presque quotidiennement.

Pesant désormais plus de 11 milliards de dollars, Bitcoin maintient son écrasante suprématie, malgré une concurrence croissante. Effet réseau du premier arrivé? Sans doute, mais pas seulement. La clef du succès est plutôt à chercher du côté de la qualité de l'équipe de développement «Core» de Bitcoin qui est considérée par les investisseurs professionnels en capital-risque («Venture Capitalists» ou «VC») comme l'une des meilleures, si ce n'est la meilleure au Monde.

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La stratégie de «Core» est celle du «lentement mais sûrement». Le protocole Bitcoin évolue lentement, car l'équipe de développement prend tout le temps nécessaire avant d'implémenter une nouvelle fonctionnalité. Il en résulte une continuité irréprochable dans la sécurité et la robustesse du réseau Bitcoin. Cela n'empêche pas malgré tout les grandes avancées de se faire. Si la fonction «SegWit» –Segregated Whitness– n'arrive que maintenant, c'est parce que l'équipe «Core» a souhaité réaliser une année entière de tests supplémentaires, afin de réduire au maximum tout risque d'accident consécutif à son implémentation. Le marché approuve cette prudence, en portant le cours du Bitcoin à plus de 700 dollars.

«Ethereum se révèle anti-fragile»

SegWit devrait permettre d'augmenter la fréquence maximale des transactions de 50 à 80%, tout en supprimant une imperfection ancienne et gênante (la malléabilité). SegWit préparera également le terrain au tant attendu Lightning Network -protocole permettant de réaliser des transactions ultra-rapides hors blockchain, en nombre quasiment illimité. L'enjeu de cette «mise à l'échelle» est de taille. Les projets périphériques développés par des équipes indépendantes sont aussi en vue. Avec Rootstock et Counterparty, on va bientôt pouvoir faire tourner des smart-contracts de type Ethereum sur Bitcoin.

Ethereum, justement. L'accident «The DAO» est loin derrière nous. Les Dapp (Applications décentralisées) arrivent, les unes après les autres. Toujours plus ambitieuses: marchés de prédiction (Augur et bientôt Gnosis), calcul décentralisé (Golem), lotteries décentralisées (Kibo et vDice), aide à la création de DAO (Wings), etc. Ethereum est une plate-forme complexe, et les montées de version (sous forme de hard forks) sont inévitables. Récemment, le réseau a été victime d'une attaque DDOS exploitant une faille dans le prix du «gas», deux hard forks successives sont nécessaires pour les contrer. On est actuellement entre les deux.

Au fond, l'épisode «The DAO» a été bénéfique dans le sens où la communauté a en quelques sortes pris l'habitude d'implémenter les hard forks proposées par Vitalik Buterin et son équipe. Ethereum se révèle anti-fragile. Les ambitions de Vitalik Buterin sont immenses: le passage au PoS (preuve d'enjeu) qui permettra théoriquement un «passage à l'échelle» -une augmentation massive de la cadence des transactions, l'introduction d'un système de fichiers distribués qui permettra aux noeuds de ne stocker qu'une partie de la blockchain, etc.

Zcash, l'intraçabilité

La chaîne Zcash est opérationnelle depuis le 28 octobre. Les premiers Zcash minés ont donné lieu à une spéculation probablement sans précédent dans l'histoire de l'Humanité. Pendant quelques heures, ils se sont vendus pour plusieurs centaines de milliers de dollars pièce…valorisant le réseau Zcash à horizon 10 ans à plus de … 2000 milliards de dollars (le PIB de la France…). Ces prix délirants se sont ensuite affaissés pour atteindre aujourd'hui 500 dollars, un prix déjà élevé pour une blockchain toute neuve dont la sécurité et même l'intégrité posent question. Il est probable qu'avec l'augmentation dans les prochaines semaines du nombre de Zcash délivrés par bloc miné, ce prix va encore baisser.

En attendant, le monde du minage a opéré un virage à 180° vers Zcash, siphonant au passage la puissance de calcul d'Ethereum. Une aubaine pour les mineurs fidèles à Ethereum, qui pourrait toutefois disparaître dans les prochaines semaines. Zcash utilise le protocole Zero-Knowledge «Zk-Snark» (totale intraçabilité), au sujet duquel il se dit que la plupart des mathématiciens même pointus ne comprennent rien. La complexité confine ici à la folie. Le résultat seul importe au profane et peut se résumer ainsi: les transactions se font sans que personne ne puisse déterminer l'adresse d'envoi, l'adresse de réception et le montant. Les mineurs eux-mêmes n'en savent pas plus, c'est cela l'incroyable.

L'engouement pour Zcash est donc compréhensible, même s'il s'explique largement par le buzz savamment orchestré par Zooko Wilcox et ses investisseurs. Mais l'histoire ne fait que balbutier: Vitalik Buterin, impliqué depuis longtemps dans Zcash, a d'ores et déjà annoncé l'implémentation du protocole Zk-Snark dans Ethereum d'ici 12 mois. Et l'équipe de jl777 lève actuellement des fonds pour l'implémenter sur Komodo – la nouvelle version de Bitcoindark, pluggée sur…Bitcoin.

Un vrai roman policier.

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Pierre-Louis Boitel est responsable de la gestion du portefeuille financier de la Banque Populaire. De formation ingénieur de travaux publics / management des entreprises, il est spécialisé dans la philosophie du droit, théorie économique et phénomènes monétaires.

 

 

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