Sylvain Gross (TimeOne): «Les médias doivent développer leur Adtech pour mieux contrôler leur avenir»
Début octobre, MinuteBuzz a fait le choix de publier uniquement via ses réseaux sociaux (Facebook Twitter, Snapchat…). Plus aucun rédacteur ne produit du contenu pour le site internet. Les réseaux sociaux seront-ils les médias de demain? Le point de vue de Sylvain Gross, CEO de TimeOne, acteur des services marketing.
FrenchWeb: Quels seront les grands enjeux des médias d'ici quelques années?
Sylvain Gross, CEO de TimeOne: A mon sens les grands enjeux seront centrés autour de 3 points:
La Distribution
Si les médias ne veulent pas devenir de simples fournisseurs de contenus, une réflexion profonde doit être engagée sur la stratégie de distribution et son optimisation. Voici quelques une des questions que vont devoir se poser les différents acteurs: Comment optimiser la présence de mes contenus sur des plateformes tels que Facebook, Google, etc.? Quel sens donner à mon site internet? Quel arbitrage entre distribution massive et monétisation à valeur ajoutée?
Le Format
Le format du contenu d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le format d’hier… Snapchat, Youtube, Periscope, etc. Comment repenser sa stratégie de contenu en tenant compte des nouveaux modes de consommation?
Le Device
Le changement des comportements a été fulgurant: la majorité du traffic web provient désormais de terminaux sans fil. Si les médias doivent penser multi-screen, quelle est la part entre l’expérience utilisateur et une approche uniquement technologique?
Les médias devront sans doute aller plus loin dans la nécessité d’offrir une expérience unifiée entre les devices.
D’ailleurs il y a une question sous-jacente à la distribution, au format et au device… celle de la mesure officielle (ComScore/Médiamétrie). Il y a encore pas mal de travail à effectuer afin d’être en mesure de donner l’audience consolidée d’un média.
De quelles manières peuvent-ils s'adapter à ces enjeux?
Les médias traditionnels doivent se réinventer en s’équipant de technologies et en renforçant leurs équipes.
Si nous prenons l’exemple du social, qui constitue à la fois un risque et une opportunité, les médias doivent pouvoir contrôler l'incertitude via la technologie. Ils ne peuvent rester passif face aux changements de stratégie de Facebook (algorithme, hébergement des contenus, etc.) et se doivent de mettre en place des stratégies engageantes. La technologie et le contrôle de la «data» des utilisateurs ne peut rester l’apanage de groupes tels que Google. Certains médias distribués, tels que Webedia, l'ont compris en se rapprochant d'acteurs technologiques (TradeLab dans le cas Webedia).
Ainsi, si le «people» est important, la technologie sera le nouvel enjeu du contenu de demain. Les médias qui développeront leur propre compétences adtech (technologie de distribution du contenu par exemple) et gestion de la «datas» seront ceux qui contrôleront le mieux leur avenir.
Les réseaux sociaux sont-ils l'avenir des médias?
Indéniablement, le social a pris une place importante voire prédominante dans la distribution des contenus. Le social a finalement pris de la part de voix au SEO et rétablit une «certaine forme» d’équilibre. Dans les extrêmes, il me semble que certains médias tel que le Huffington Post, ont une audience très (très) majoritairement drivé par le social. Il n’est donc pas étonnant de voir des médias «formatés» pour le social, tel que MinuteBuzz, et de voir qu'ils ont cette stratégie. Personnellement je trouve qu’il est toujours plus prudent d’avoir une stratégie de traffic variée pour limiter la dépendance… et donc le risque (rappelons-nous de «Panda»).
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