Éclatement de l'offre médias et gratuité de l'information poursuivent la baisse inéxorable des revenus de la presse. Pour y remédier, journaux et pure-players ont recours aux nouvelles technologies pour tenter de retenir leurs audiences. Plus que jamais, celles-ci sont aspirées par les réseaux sociaux, jusqu'au basculement attendu des dépenses publicitaires. En 2020, les dépenses sur les médias sociaux dépasseront largement celles sur la presse, d'après une récente étude Zenith Optimedia. Au-delà des nouveaux formats ou de la diversification des modèles vers le «offline» proposés par certains titres, quelles sont les technologies qui peuvent être vues comme de sérieux relais de croissance pour la presse?
L'innovation technologique intéresse aussi Google. La plupart des médias européens sont épaulés par le géant américain, via son fonds Digital News Initiative. La structure, qui doit «promouvoir le journalisme de qualité par la technologie et l’innovation» vient de réinvestir 24 millions d’euros dans 124 projets issus de 25 pays européens.
Un bot pour parler au lecteur
Et si la rédaction de journalistes s'adressait directement à ses lecteurs ? C'est l'idée qui fait son chemin au sein de plusieurs médias. Premier à s'y lancer, le site Américain Quartz, qui, en février dernier, présentait sa nouvelle application permettant de dialoguer avec les lecteurs.
En France, le groupe Presstalis vient d'annoncer le développement de bots, en partenariat avec la start-up Recast.ai, pour son kiosque numérique Zeens. Pour le groupe distributeur de presse, les bots doivent permettre de «mieux comprendre son audience, mais aussi d’instaurer une relation en ‘one to one’ plus riche, pertinente et individualisée que le ‘one to many’ habituel des médias». Autre initiative, celle du journal Libération qui lance un chatbot sur Facebook Messenger pour «aider à connaître les candidats à la présidentielle» en répondant de manière automatisée aux questions des lecteurs.
Quant à savoir si ces chatbots permettront de remettre l'achat de presse quotidien au goût du jour, rien n'est moins sûr.
Voir aussi : Recast.AI mise sur l’invasion des robots conversationnels
La réalité virtuelle pour créer une nouvelle expérience de l'info
Les médias américains se laissent séduire par les promesses de la réalité virtuelle.
Côté hardware, Oculus, la filiale de Facebook et concepteur du casque de réalité virtuelle, a présenté en septembre dernier son tout premier journal d'informations en VR. Quelques mois plus tôt, TechCrunch relevait d'ailleurs que Facebook recrutait un «News & Media Content Lead» pour Oculus.
Aux États-Unis, la start-up NextVR a levé 30,5 millions de dollars en série A, et signé des partenariats avec la société d'événements LiveNation qui gère notamment la retransmission des matches de la NBA. La NFL (hockey sur glace) réfléchit également avec l'Oculus Rift, comme le présente cette vidéo promotionnelle :
Au Royaume-Uni, The Guardian a décidé de s’engager durablement dans la réalité virtuelle en créant une équipe spécialement dédiée à ce secteur en octobre dernier. Le quotidien britannique avait lancé son premier projet de réalité virtuelle en avril dernier avec un reportage de 9 minutes qui transporte l’internaute dans une cellule d’isolement.
Le «shoppable content» pour proposer une publicité plus attractive aux internautes
Les revenus de la plupart des médias dépendent encore principalement de la publicité. Or, cette dernière se traduit souvent par des fenêtres pop-up qui dégradent l’expérience des utilisateurs.
Face à ce rejet, les médias tentent de proposer une publicité plus ciblée et moins intrusive à leur audience. Dans ce sens, le New York Times a opté pour le «shoppable content». Ce dispositif consiste à intégrer des repères à l’intérieur du contenu dans le but d’encourager l’achat d’un produit directement dans le contenu. Le contenu shoppable permet à la marque de générer de la performance dans un univers narratif. Quant au média, cela lui offre la possibilité de mieux intégrer son contenu publicitaire pour qu’elle soit mieux acceptée et consommée par les internautes.
En octobre dernier, le New York Times a ainsi déboursé plus de 30 millions de dollars pour racheter The Wirecutter, un guide en ligne de recommandation de produits. De plus, The Wirecutter possède également The Sweethome, qui repose sur le même modèle pour les appareils ménagers. Ces deux sites intéressent le quotidien américain dans la mesure où leur modèle économique repose sur les liens d’affiliation qui génèrent des revenus lorsque les consommateurs cliquent dessus pour effectuer leurs achats sur des sites e-commerce. En misant sur le contenu shoppable, le New York Times espère booster ses revenus issus de la publicité digitale. Ces derniers ont baissé de 7% au cours du dernier trimestre.
Lire aussi :
- Le New York Times débourse plus de 30 millions de dollars pour mettre la main sur The Wirecutter
- 5 enseignements à tirer du shoppable content
La vidéo pour récupérer l'audience sur les réseaux sociaux
D’ici deux ans, les revenus issus de la publicité vidéo en ligne, à 35,4 milliards de dollars, dépasseront ceux de la radio, selon un rapport de l'agence Zenith Optimedia. Dans ce contexte, les médias sociaux se recentrent de plus en plus sur la vidéo, à l’image de MinuteBuzz, qui a changé son modèle pour devenir un média social 100% vidéo en octobre dernier.
Même son de cloche du côté de Facebook, qui estime que l’écrit va disparaître de sa plateforme dans les 5 ans à venir. Au cours de ces derniers mois, le réseau social de Mark Zuckerberg s’est positionné sur le marché de la vidéo, en misant sur les contenus en diffusés en direct, la réalité virtuelle et la vidéo à 360 degrés. De son côté, Snapchat a même transformé la vidéo en véritable outil de messagerie instantanée. Plus de 10 milliards de vidéos seraient visionnées chaque jour sur la plateforme par 100 millions d’utilisateurs quotidiens.
Face à l’explosion des contenus vidéo dans les médias, des start-up fleurissent sur le marché, comme Wochit. Fondée en 2012, la société américaine automatise la création de mini-vidéos pour accélérer la production de vidéos d’information de 1 à 2 minutes. En octobre dernier, la start-up revendiquait 17 000 vidéos publiées en mode fast-news par ses utilisateurs.
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Bonjour
Il n’y a qu’une solution réelle pour que la presse re-décolle, c’est que les lecteurs achètent de l’info. Piste non signalée dans cet article.
Le journalisme est une production d’information, qui obéit à des règles éthiques, techniques (il faut non seulement un journaliste, mais des secrétaires de rédaction, une hiérarchie (red’chef), un éditeur, …), et économiques. Or, la meilleure règle, la plus saine, c’est tout simplement que le lecteur achète de l’info. Le Canard Enchaîné n’a jamais mis un octet en ligne et reste le titre le plus rentable des kiosques :-)
CQFD.