Qu’allons nous faire de nos Y?
La génération Y est décidément un sujet de préoccupation fort ces temps-ci. Danger pour les uns, opportunités pour les autres, tout le monde se demande comment apprivoiser cette population nouvelle qui semble faire trembler le monde de l’entreprise. Et au final une question : comment l’entreprise doit elle s’adapter.
La question m’est revenue à l’esprit en tombant sur ces slides de Julien Pouget qui a bien voulu prendre le temps de réunir quelques “instantanés” d’un événement auquel il a participé sur le sujet. Comme Julien le précise lui-même ce n’est qu’un instantané et il ne faut pas lui donner valeur de généralité. Quoiqu’il en soit je trouve souvent ces verbatims plus éclairant sur la perception qui existe d’un sujet et qui, qu’elle soit légitime, argumentée, objective ou non existe donc doit absolument être prise en compte.
Au regard de ma propre perception de cette génération mystère je note :
• De grandes différences en termes cognitifs avec les générations passées. Ils sont faits pour travailler dans le monde dans lequel nous vivons et plutôt que “traiter” le cas Y je pense qu’il s’agit d’une chance inouïe pour une entreprise qui saurait apprendre d’eux. De toute manière un jour ils seront majoritaires alors autant s’y faire, d’autant plus qu’ils ont le bon ADN de ce coté là. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il faille dérouler le tapis rouge sur tous les points et que les vieilles barbes que nous sommes n’ont rien à leur apprendre.
• Un rapport ambigu au monde du travail. Si je me fie aux propos recueillis par Julien il est évident que non seulement ils n’ont pas envie de se tuer au travail mais qu’ils le comprennent très mal. Cela ne fait que corroborer certaines études déjà parues qui montrent que pour eux le passage d’un monde du loisir à un monde du travail est tout sauf évident, qu’ils n’en maitrisent en rien les codes et les enjeux et, qu’en plus, cela ne les intéresse pas.
Ils veulent travailler peu, s’intéressent plus aux congés qu’au contenu de leur job et veulent que tout leur arrive tout cuit. Ce qu’ils veulent c’est trouver un boulot, ils ont en effet compris les enjeux de l’insertion professionnelle, mais que celui ci les perturbe le moins possible dans leur vie.
Je regardais ces slides avec un manager “quadra”, plutôt du genre “manager 2.0″, très networkeur, facilitateur qui a l’habitude d’en cotoyer de plus en plus et il me disait “leur ADN ne sert à rien s’ils ne se recadrent pas rapidement et le choc est assez violent parfois pour eux. Mais c’est à ce prix que la Génération Y ne laissera pas l’image d’une Génération A…pour avachie”. C’est direct mais, à mon sens, lucide.
• Révolutionnaire le Y ? Pas le moins du monde. A l’inverse, trop apathique parfois. Mais là encore, comme on me le faisait remarquer, il faudra voir l’impact de la crise sur une génération peu habituée à souffrir et aux attentes logiquement élevées. J’entendais dernièrement quelqu’un me dire “tu sais, lorsqu’ils se retrouvent comme tout le monde avec un loyer à payer, des engagements à assumer et que le “vrai” monde les rattrape ils deviennent pragmatiques par nécessité…comme nous avant eux”.
• Faut il généraliser : à mon avis surtout pas. Je suis intervenu dans un Master à HEC il y a peu et je peux vous dire qu’ils étaient plutôt du genre intéressés, toniques, dégourdis et plus que conscients des enjeux du monde de l’entreprise. Je côtoie également des Y d’outre Atlantique où j’ai pas mal de famille et je ne ressent pas du tout cela chez eux. D’ailleurs comment peuvent ils se revendiquer des 35h et penser RTT, concepts qui n’ont pas cours chez eux. Les études montrant les limites de l’adaptation de cette génération au monde du travail étant (pour celles que j’ai vu) généralement européennes (voire francophones) il est évident que la dimension culturelle locale importe beaucoup. Je pourrais d’ailleurs vous faire un benchmark d’un cas d’école : la comparaison entre un jeune qui a vécu ses 10 premières années aux USA puis les 10 suivantes en Europe par rapport à son cousin resté de l’autre coté de l’Atlantique. Ils se ressemblent beaucoup moins qu’il y a 10 ans dans beaucoup de domaines…
La génération Y n’est, selon moi, pas uniforme du tout, pas plus que ne l’est l’attitude à avoir à son égard. L’entreprise doit savoir tirer le meilleur de certaines de leurs spécificités d’un coté, tout en les remettant dans le droit chemin de l’autre lorsque c’est nécessaire. Les stages et la période “sas” qui marque l’entrée dans le monde du travail gagneront peut être à être repensés pour en faire de vraies périodes d’acclimatation et de découverte. Et le tutorat entre des générations qui ont plus à gagner à s’apprendre qu’à s’opposer va revêtir une importance particulière. On dit souvent que l’entreprise a beaucoup à perdre à ne pas les comprendre…j’ajouterai que de leur coté ils ont encore plus à perdre à ne pas comprendre l’entreprise. Le débat s’équilibre donc.
Quoi qu’il en soit prenons gare de ne pas tomber dans les extrêmes : la négation de ce qu’ils sont ou, au contraire, une attitude de soumission devant un monstre générationnel dont on craint les réactions.
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Crédit Photo: Benjamin Boccas
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