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ERP: retour vers le futur

Par Thomas Cattelain, responsable des ventes chez Silog

L’été est là. Une occasion, puisque vous aurez un peu plus de temps pour lire, de vous proposer un assez long article sur l’histoire de l’ERP et surtout sur son… avenir.

En effet, bien que l’ERP soit l’une des solutions les plus structurantes de l’entreprise, et donc au fil du temps l’une des plus adoptées et répandues, elle reste aussi l’une des plus commentées et parfois décriée. Alors quid de son avenir? Sous quelle forme se présentera-t-il demain?

L’ERP, né du chaos, pour le structurer

Rappelons tout d’abord qu’en théorie, l’ERP se nomme plutôt PGI en bon français: Progiciel de Gestion Intégré. L’appellation ERP est en fait née de l’appellation anglaise, Enterprise Resource Planning. Ce qu’il faut en retenir surtout, c’est que le PGI mettait l’accent sur l’intégration permise par cette solution, alors que l’ERP met en avant la notion de planification de ressources.

Il faut se souvenir qu’à l’origine de l’informatique d’entreprise, dans les années 70, chaque département ou secteur d’activité d’une organisation développait, tant bien que mal, sa propre «solution» (à l’époque on disait plutôt progiciel ou logiciel), destinée à ses besoins propres.

D’où une situation qui est très vite devenue assez «chaotique» dans les grandes entreprises car elle vit cohabiter pendant des années des progiciels complètement indépendants. Ils étaient incapables de communiquer et encore moins d’échanger des données.

On chercha donc très vite à faire communiquer les différents systèmes internes entre eux, en développant des interfaces spécifiques. Avant de se rendre compte que c’était là une forme d’impasse, car l’efficacité n’était pas forcément au rendez-vous. Cela amenait d’importantes difficultés de maintenance et de mises à jour, chaque logiciel étant indépendant, ne suivant pas le même rythme d’évolution et n’étant pas conçu ni maintenu par la même équipe. Un casse-tête sans fin.

Années 80, en route vers l’unification

L’objectif numéro un des entreprises (pour celles qui en avaient les moyens) à l’aube des années 80: faire cohabiter toutes les données dans une base unique. Ce qui, à l’époque, n’était pas chose aisée. On commençait tout juste à envisager la saisie unique des données, pour assurer si possible leur cohérence et éviter la redondance.

Heureusement, l’ERP se présenta comme une solution quasi miraculeuse, avec sa capacité à unifier les environnements de travail et à agir sur les processus métier et la coordination de l’entreprise.

Il fût donc accueilli à bras ouvert, même s’il était encore lourd et complexe en matière de déploiement et d’éventuelles adaptations, qui n’en était alors qu’à leurs balbutiements.

On commença alors à raisonner en termes d’optimisation, de gestion tout à la fois des stocks ou des ressources humaines, et ceci même pour les grands comptes (l’ERP n’étant alors pas vraiment à la portée des PME) qui commençaient à délocaliser leurs services sur de multiples sites nationaux, voire internationaux.

Années 90: le début de la course à la technologie

Jusqu’ici, l’informatique en général et l’ERP en particulier étaient réservés à des entreprises de taille respectable, avec une surface financière suffisante et une équipe dédiée à la gestion de leur système d’information. Mais deux événements technologiques de portée considérables vont modifier la donne: la démocratisation de la micro-informatique, et la naissance d’Internet.

La micro-informatique, déjà présente dans de nombreuses entreprises, va désormais s’installer dans la moindre PME, avec le développement de matériel performant pour le grand public: qui pourrait prétendre à utiliser un ordinateur à la maison, sans en disposer sur son lieu de travail?

C’est alors que l’ERP va donner sa pleine mesure: idéal pour les grands comptes, avec la possibilité d’être consulté et alimenté par les dizaines de terminaux désormais en fonction, mais aussi adaptable aux PME/PMI qui vont pouvoir bénéficier de sa puissance avec des solutions ERP spécifiquement conçues pour leurs besoins ou leur secteur d’activité.

Dans ce contexte porteur, Internet va finir de donner à l’ERP sa légitimité et ses lettres de noblesse, en lui permettant de communiquer sur de longues distances et de gérer les données plus facilement encore. Le voici prêt à entamer d’autres révolutions.

Décliné sous différentes formes, sachant se mettre à la portée des PME, il devint le pilier sur lequel de nombreuses industries construisirent leur réussite et leur développement.

Mais le voici à l’aube des années 2000, face à de nouveaux défis: la révolution Internet et des réseaux, la déferlante des smartphones et des téléphones portables en général, la naissance du Cloud et du SaaS, le tsunami du Big Data. Comment a-t-il réagi, comment s’est-il adapté? Et surtout, comment va-t-il maintenant continuer à évoluer?

L’ERP des années 2000: communiquant par nature

Si l’arrivée d’Internet et l’ouverture de l’entreprise sur les réseaux de communication ont été une révolution pour l’ensemble des systèmes informatiques dans la première décennie de notre nouveau siècle, toutes les solutions n’ont pas été logées à la même enseigne en termes de capacité d’adaptation.

En effet, certains progiciels ou logiciels communément répandus (prenons l’exemple basique du traitement de texte) n’avaient pas pour vocation première à communiquer et n’ont pas bénéficié de façon fulgurante de la généralisation de l’accès aux réseaux sur l’ensemble des postes de travail. Avoir accès à une bibliothèque de «Template» ou d’illustrations en ligne est un apport intéressant, mais ne change pas fondamentalement les capacités d’un Word ou d’un Powerpoint.

A l’inverse, toutes les solutions qui s’appuient nativement sur la communication et l’échange de données ont trouvé dans l’Internet et les communication TCP/IP une voie royale pour déployer leurs ailes et démontrer leur puissance.

C’est le cas notamment de l’ERP, dont il faut se souvenir qu’il avait dès l’origine l’ambition de faire communiquer tous (ou la plupart) des départements de l’entreprise, et de centraliser les données pour mieux les analyser et les consulter. D’où l’appellation française de PGI, progiciel de gestion Intégré.

L’ERP n’est donc pas impacté négativement par la déferlante de communications tous azimuts qui modifie profondément l’informatique des années 2000: il n’y trouve que des raisons d’être plus efficace et performant. Ce que les entreprises ont bien compris, saluant cette évolution par une croissance constante des ventes.

L’ERP du futur: le même en mieux?

Avec la multiplicité des terminaux de recueil et de consultation, dont les Smartphones qui sont aujourd’hui plus utilisés que les ordinateurs, l’ERP trouve sa pleine mesure depuis le début des années 2010. Si la quantité de données à traiter augmente de façon exponentielle, ce qui a donné naissance au concept de Big Data, ce n’est pas forcément pour déplaire à l’ERP, pour qui la Data est une matière première essentielle.

L’ERP ne semble pas prêt à laisser sa place de colonne vertébrale pour un grand nombre d’industries et toutes les évolutions technologiques récentes semblent même apporter de l’eau à son moulin.

Nous venons de voir le cas du Big Data, qui conforte plutôt le rôle centralisateur de l’ERP au sein de l’entreprise, pour peu qu’il soit en capacité de «digérer» cette quantité de données supplémentaire. Mais il en va de même avec d’autres avancées technologiques.

Ainsi, l’internet des Objets (IoT) est une formidable source d’alimentation pour l’ERP, source qui n’est pas prête de se tarir si l’on en croit les projections faites par les instituts tels que Gartner. Il est même tentant pour un industriel de s’équiper d’un ERP nouvelle génération pour tirer pleinement partie des informations pléthoriques que peuvent apporter des objets connectés intelligents: comment exploiter réellement ces données sans cet axe centralisateur?

De même, l’Intelligence Artificielle (IA) ne peut sans doute que renforcer l’ERP dans ses capacités et ses prérogatives. Car là encore, il est dans son rôle originel : analyser les données, centraliser, reporter et piloter. L’afflux massif de données va certes être difficile à gérer par les systèmes d’information, mais l’apport de l’intelligence artificielle pourrait être prépondérant pour suppléer le facteur humain dans la prise de décisions pertinentes et rapides… à partir de l’ERP.

Enfin, le développement du Cloud et des solutions SaaS donne à l’ERP de nouvelles voies d’évolution, qui ne le condamne en rien, mais lui donne peut-être de nouvelles ailes. Car, contingenté à une infrastructure localisée (on premise), il pourrait éprouver des difficultés liées à la puissance de traitement nécessaire aux nouveaux usages (Internet des Objets, Intelligence Artificielle). Mais désormais, notamment avec le Cloud hybride, rien n’empêche d’aller chercher dans le Cloud un surcroît de puissance même ponctuel.

Finalement, ne doit-on pas conclure que l’ERP pourrait avoir encore de beaux jours devant lui, puisqu’il se nourrit nativement de toutes les avancées technologiques pour peu que celles-ci visent à mieux communiquer et recueillir des données de façon plus large et plus précise?

Le contributeur:

thomas-cattelain-silog-2016Thomas Cattelain est responsable des ventes chez Silog. Il est expert marketing, notamment en inbound marketing.

De formation commerciale, il a mis en place un service marketing et communication chez SIlog. Il est aujourd’hui en charge d’aligner les ventes et le marketing afin de remonter des leads chauds. Il pilote la production de contenus ainsi que le suivi CRM.

Lire aussi: L’ERP face au défi de l’Internet des objets

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