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La levée de fonds, c’est pas automatique

Par Antoine Veron, rédacteur pour my-business-plan.fr

La levée de fonds a bonne presse, et elle apparaît presque comme le Saint Graal aux yeux de certains entrepreneurs. On en viendrait presqu’à croire que levée de fonds est synonyme de succès, ou que ce dernier est inenvisageable sans avoir levé. Pourtant, les exemples d’échecs ne manquent pas; pourquoi? comment? Petit tour d’horizon des raisons pour lesquelles vous devriez hésiter avant de de vous y consacrer.

Avant toute chose, il faut garder à l’esprit que le processus menant à la levée de fonds (étude de marché, business plan, modélisation financière, rencontre avec les investisseurs…) est long et fastidieux, donc chronophage. Il se fait au détriment de votre projet, à court terme si vous réussissez, mais à plus long terme si votre activité en pâtit trop parce que vous n’aviez pas prévu le coup.Apple-converted-space »> Par exemple, de s’assurer que vous avez la trésorerie suffisante pour pallier la baisse de chiffre d’affaires qui accompagnera potentiellement la levée de fonds. Il faudra donc peut-être s’armer de patience, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose.

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En effet, il vaut parfois mieux que vous attendiez plutôt que de subir une croissance importante trop vite ou trop tôt grâce, ou à cause de la levée de fonds. Il faut vous assurer que vous êtes prêts à croître aussi vite que ce que vous promettez, ce qui suppose que vos fournisseurs par exemple le soient aussi. Mais être patient peut aussi être une bonne chose car bâcler le processus menant à la levée de fonds le rendra contreproductif. Osez donc vous poser les bonnes questions avant de vous lancer dans ce processus.

Or, se poser les bonnes questions, c’est aussi avoir le courage de se demander si la levée de fonds est le mode de financement qui vous est le plus adapté. En effet, si les millions très médiatisés levés par certaines start-up peuvent faire rêver, ils ne sont pas forcément promis à tous. Par exemple, vérifiez que votre statut le permet! Le statut est en effet un paramètre essentiel pour les investisseurs car, dans le cas d’une SARL par exemple, la cession des parts est relativement complexe alors qu’à l’inverse, la SAS bénéficie d’une grande flexibilité. Or, les fonds d’investissement vont la plupart du temps vouloir uniquement investir dans votre projet et jouir des fruits de cet investissement, quitte à la quitter prématurément, et ce sans s’impliquer dans la gestion au jour le jour. Finalement, ils souhaitent pouvoir aller et venir dans le projet sans toutes les implications qu’un statut social plus contraignant qu’une SAS le permet par exemple. Etudiez donc bien les avantages et inconvénients de votre statut social lors d’une levée de fonds.

Mais pensez aussi à bien connaître les avantages et les inconvénients de la levée! Comme tout investissement, il ne s’obtient pas sans contrepartie. En l’occurrence, dans la mesure où la levée de fonds implique une dilution du capital, vous, et vos associés le cas échéant, ne serez plus seul à bord. La plus évidente des implications concerne la distribution des dividendes, puisque vous n’en êtes plus les seuls bénéficiaires. Mais il faut aussi avoir bien conscience que vous êtes susceptibles de partager votre pouvoir de décision. Attention donc à bien vous assurer que la vision que vous avez de votre projet, et la vision qu’ils en ont, n’est pas vouée à diverger à plus ou moins long terme; il pourrait en résulter des conflits, voire des blocages de l’activité de l’entreprise.

De la même manière que les fonds vont ensuite vous choisir ou non, choisissez ceux desquels vous solliciterez des financements, en fonction de paramètres tels que les valeurs affichées, les projets dans lesquels ils ont déjà placé… Il est vain et dangereux d’envoyer votre business plan à tous les fonds dont vous entendrez parler, il vous faudra faire une sélection des fonds si vous êtes amenés à emprunter cette voie. Puis, comme à l’occasion du choix de vos associés et du pacte qui doit en avoir découlé, il faut vous assurer, grâce aux négociations et leur issue, que vous partagez une vision commune de la finalité de l’entreprise, notamment concernant sa profitabilité sur différentes échelles temporelles.

Et si vous avez du mal à trouver votre bonheur, c’est peut-être mieux ainsi: ça veut peut-être dire que le contexte n’est pas favorable! Rappelez-vous que le succès d’une levée dépend en partie de son timing, par rapport à l’avancée de votre projet et par rapport au contexte macro. Si les fonds sont réticents à lever, alors les financements que vous réunirez seront peut-être sous-évalués, ou les négociations trop dures. Et à l’inverse, s’ils jettent l’argent par les fenêtres, méfiez-vous de leur jugement et d’une bulle qui pourrait se former. Mais ne croyez pas non plus, à la lecture de cet article, que la levée de fonds est à éviter! Pensez simplement à vous poser les questions qu’il faut pour être certain que votre levée soit un succès.

Le contributeur:

Antoine Veron est rédacteur pour le site my-business-plan.fr.

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