Accélérer l’adoption des cryptomonnaies dans le monde: les ICO en Asie
Par Julien Hervy, Consultant en Connaissance Client et Marketing Digital (Indépendant)
Que sont les ICO, comment fonctionnent-ils et quels sont leurs avantages? Quelle est leur situation en Asie et comment reconnaître les bons ICO?
De quoi s’agit-il?
Initial Coins Offerings, ils pourraient bien être une très belle opportunité pour les start-up de lever des fonds et pour les Etats d’augmenter les investissments en tech (AI, IoT, etc.).
L’ICO est un modèle hybride entre IPO* et au Crowdfunding mais toutefois différent avec un avantage de taille: la levée de fonds en cryptomonnaies permet avant tout de contourner les process rigoureux et chronophage des financements tradionnels (capital risque, VC, banques, etc.). Les investisseurs «pionniers» obtiennent une participation dans le projet sous forme de cryptomonnaie en échange de leur participation financière. Il s’agit finalement avant tout d’un modèle disruptif des fonds de capital-risques. Un rapport de CB Insights nous permet de mieux appréhender l’émergence de ces ICOs et de comparer son influence comparée à celle du modèle traditionnel de capital risque. Au Q1 2017, près de 37% des levées de fonds pour les entreprises de Blockchain ont été faites via ICOs.
«[Les ICOs sont] une très bonne chose car ils ont permis de démocratiser le financement par prise de risque auprès de tous, plus seulement les capital risqueur mais également les particuliers désireux de participer au développement de start-up» (Taizo Son, serial entrepreneur et investisseur japonais)
Quelle est la relation entre ICOs et Blockchain?
La Blockchain est la technologie utilisée pour la création des cryptomonnaies et pour émettre des tokens**, alors que les ICOs sont l’opération par laquelle les start-up réalisent une levée de fonds pour financer leur nouvelle(s) activité(s). Un peu comme on rédige une due-diligence ou comme on prépare une campagne de crowdfunding, une ICO nécessite que les start-up mettent tous leurs efforts dans la préparation d’un «whitepaper» pour convaincre les investisseurs:
- Description du projet,
- Quel montant est nécessaire pour réaliser les objectifs définis,
- Quelle sera la durée de la levée de fonds,
- Combien de Tokens seront distribués aux «pionniers»,
- Les types de monnaies acceptées.
Le fonctionnement
Une ICO est finalement assez semblable à Kickstarter par exemple: la levée de fonds se fait auprès d’investisseurs intéressés par un projet spécifique. Les fonds sont versés et collectés dans la blockchain, une base de données partagée et vérifiée par un réseau d’ordinateurs connectés en peer-to-peer. Contrairement au crowdfunding traditionnel, les ICOs offre des tokens à ceux qui supportent le projet, pas de simple goodies. Lorsque l’entreprise dans laquelle les fonds ont été investis commence à avoir de la valeur sur le marché, les investisseurs (ICOs) peuvent réaliser des profits en vendant leurs tokens à un prix supérieur à l’achat initial.
«Bien entendu, meilleure est la technologie, plus grandes sont les chances que le marché apprécie la valeur des tokens accordant ainsi de beaux profits aux « pionniers»» (Lionello Lunesu, co-founder of Enuma Technologies)
source: www.coindesk.com
Quels sont donc les avantages des ICOs?
Si on les compare au capital risque (VC), les ICOs donnent cette opportunité aux entrepreneurs d’obtenir les feedbacks de leur communauté d’investisseurs, des informations à très haute valeur ajoutée. En effet, c’est en amorçant le «feedbacks loop» que les entrepreneurs peuvent améliorer leurs produits en continue et les adapter au marché grâce à l’intelligence collective. Le capitale risque aide dans la conduite de la stratégie, mais ne permet pas de bénéficier d’une communauté d’utilisateurs et de leurs feedbacks.
«{Dans le cas des ICOs}, les investisseurs s’engagent émotionellement dans le projet» (Daniel Saito, Representative Director, RedRobot K.K.)
«Finalement, les ICOs sont un moyen de lever des fonds sans paperasse ni contraintes administratives» (Maria Labonova, PR at Etheart)
Où en est-on en Asie?
Les dernières nouvelles en Asie ont eu un impact assez fort auprès des investisseurs sur le continent: la Chine a récemment interdit les ICOs et la Corée du Sud est en passe de les bannir également de son territoire. Cet espace dérégulé dont les ICOs sont à l’origine ont tout de même permis aux entreprises de lever 1,8 milliard de dollars depuis le début 2017. Ce manque de règle s’accompagne de nombreux avertissements des autorités de régulation financière à travers le monde: aux US, UK, Honk Kong, etc.
Les ICOs représentent une opportunité pour les start-up de se développer et pour leurs nations d’accélérer leur transition vers une économie digitale, mais malgré cela de nombreuses problématiques empêche ce nouveau modèle de financement de se propager davantage (les lois sur les actifs financiers par exemple, etc.).
Le modèle nécessite d’être amélioré et adapté aux exigences règlementaires pour mieux convaincre les gouvernements qu’il ne s’agît pas d’un feu de paille, d’une bulle spéculative avec la menace d’une grave crise financière.
«Il arrive que les fonds soient investis dans des activités improductives et complètement spéculatives» (FSC vice-chairman Kim Yong-beom )
Quels sont les signaux d’alarme concernant les cryptomonnaies?
De nombreuses critiques ont émané de divers gouvernements, en particulier en Asie, comparant le phénomène des iCOs à la bulle Internet des années 90. Les médias experts en FinTech prennent très aux sérieux ces inquiétudes et tentent de rassurer les investisseurs. Lors de la conférence sur les ICOs en Asie à l’événement Tech In Asia 2017 de Tokyo les experts préconisaient aux investisseurs de se comporter en véritables détectives pour bien choisir les projets. Il leur est ainsi recommandé d’étudier la technologie, les entrepreneurs et leur équipe, en bref de réaliser sa propre due-diligence. Au même moment, la FSA au Japon, organisme de régulation financière, épluche les «whitepapers» pour mieux appréhender ce modèle d’ICOs et a fiabilité des émetteurs. Et pour cause, nous avons récemment assisté à l’apparition de «Sci Fi» ICOS, c’est-à-dire lorsque le projet en question n’est finalement que science-fiction: le simple clone d’idées et de modèles existants à peine «repackager» pour booster la valeur perçue aux yeux des investisseurs. A bien noter que la principale différence entre ces «Sci Fi» ICOs et les vrais est que ces derniers s’appuie sur des équipes et des actifs existants.
«Récemment nous avons pu voir l’Asie contraindre ces modèles de cryptomonnaies, allant parfois jusqu’à internir l’émission de bitcoins, mais sans jamais tarir l’enthusiasme des strat-ups et de leurs investisseurs. Cela s’est vérifié lors du Sommet de la Blockchain à Shangai il y a 2 semaines.» (Daniel Saito, Representative Director, RedRobot K.K.)
*Initial Public Offerings
**digital and blockchain assets
***Un documents dans lequel les entrepreneurs présentent leur busines modèle et certains arguments pour convaincre les investisseurs de les supporter.
Le contributeur:
Julien Hervy est Consultant en Connaissance Client et Marketing Digital (Indépendant). Spécialisé dans la connaissance client et le content marketing, il a mené des projets d’envergure pour offrir aux entreprises de nouvelles façons d’interagir avec leurs clients (B2C): réseau WiFi et robots humanoïdes. Et ce, grâce à l’intégration de nouveaux partenaires spécialisés dans le digital. En parallèle, il réalise régulièrement des interviews d’experts du digital et conseille les entreprises dans la mise en place de solutions d’écoute et de connaissance clients les mieux adaptées à leurs objectifs et leur environnement. (Diplômé de ESCP Europe en 2014).
Son objectif: apporter la meilleur expérience client dans le recueil de feedbacks pour l’amélioration continue de l’offre, pour booster la e-réputation des marques et pour un management agile.