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6 mythes sur l’entrepreneuriat

Par Gregory Logan, co-fondateur de The Shared Brain

Entre ce qu’on planifie, ce qu’on imagine, et ce qui se passe réellement… il y a tout un monde.

Tout entrepreneur a forcément entendu les magnifiques récits de Mark Zuckerberg, Elon Musk ou encore Bill Gates.

Le problème, c’est que notre cerveau utilise souvent trop de raccourcis; je prends mon garage comme quartier général, je trouve une idée, j’apprends à coder, je lance ma start-up, elle est rentable en deux mois, j’en vis… et je deviens milliardaire. Facile, non? Quittez tous vos jobs, et créez votre entreprise, les doigts dans le nez!

Je pense que tous les entrepreneurs peuvent le dire; on se retrouve très souvent surpris et étonné de voir la différence entre la théorie et la pratique.

Entrepreneurs d’aujourd’hui ou de demain, voici 6 mythes de l’entrepreneuriat!

1/ «Il me faut une idée pour me lancer»

Mauvais départ. Bien trop d’entrepreneurs cherchent dans un premier temps à satisfaire leur propre besoin d’entreprendre. Il ne faut pas seulement une idée pour réussir, il faut une idée qui puisse répondre à un réel besoin.

Qui n’a pas déjà connu ce scénario de la start-up locale qui fait la une des journaux grâce à sa superbe plateforme révolutionnaire? Mais attendez… comment se fait-il qu’une fois lancée, personne ne l’utilise? Et qu’on puisse lire 8 mois plus tard que le bilan a été posé? Parce qu’elle ne répondait pas à un réel besoin.

Concentrez-vous plutôt à satisfaire le besoin de votre client final, et non le vôtre.

2/ «J’ai une idée, il me faut juste des fonds»

Si il fallait simplement être créatif pour réussir, ça se saurait. Nous pensons tous avoir la meilleure idée du monde, bah oui quand même, c’est notre idée après tout.

Je parle d’expérience; j’avais une idée en or. Ooh oui de l’or massif, mais il me fallait juste des fonds. Rien de plus. Des fonds. Alors je participais à des salons pour entrepreneurs en espérant rencontrer un investisseur généreux.

Sauf que je me retrouvais entouré d’entrepreneurs qui étaient dans la même situation que la mienne.

Qui a dit qu’il fallait des fonds pour se lancer? Qui a dit que la case investisseurs était obligatoire?

Comme j’aime le dire ces jours:

«Ce n’est pas l’argent qui fait la start-up, c’est la start-up qui fait de l’argent.»

Dorénavant, ne prenez plus l’excuse du manque de fonds comme acceptable. Trouvez d’autres solutions.

Vous voulez lancer une chaîne de pizza? Au lieu de vous bloquer à vous dire qu’il vous faut un restaurant, deux employés et un site Internet pour gérer les livraisons à domicile, commencez déjà par affiner vos recettes et connaître vos clients.

Préparez une cinquantaine de tranches de pizza un lundi matin, et allez les offrir le midi à votre voisinage ou devant un centre commercial. Pizza gratuite en échange d’un feedback.

Vous pourrez ainsi rencontrer vos clients potentiels, écouter leurs attentes et leurs besoins, vous créez une notoriété et sculptez votre concept. Avancez étape par étape plutôt que de viser le full package.

3/ «Mon concept va être disponible dans le monde entier»

Nous avons tous cette habitude de voir trop grand trop vite. C’est humain.

Pourtant je suis sûr que nous sommes tous déjà rentrés dans une boulangerie remplie de monde en se disant «impressionnant comme ça marche!». Est-ce qu’il y’a une chaîne mondiale qui se cache derrière? Pas obligatoirement.

Je connais beaucoup d’entrepreneurs qui se sont lancés dans divers domaines: bières artisanales, thés, burgers et cafés. Leur devise: devenir les meilleurs au niveau local.

Ils sont en très peu de temps devenu LA référence locale. Et c’est ce grand succès local qui leur a par la suite permis de se répandre géographiquement.

Vous voulez lancer une application mobile? Faites en sorte d’être une référence dans votre région dans un premier temps. Vous pourrez alors étudier les avis et les retours pour affiner votre concept. Si vous rencontrez un grand succès, vous pourrez ensuite réfléchir à vous agrandir.

Voir trop grand trop vite peut vous décourager et tuer votre projet.

4/ «Je pourrais gérer mon temps comme bon me semble»

Ce point est un sacré avantage quand on est entrepreneur, non? Si la chérie ou le chéri a une matinée de libre, hop! On prend congé pour la passer ensemble.

Sauf que dans la majorité des cas, ça ne se passe pas du tout comme ça.

On a le sentiment de pouvoir gérer son temps, cependant c’est plutôt après le temps qu’on va courir. Si on se lance, c’est à 200% qu’on le fait.

Si on veut réussir, il faut être psychologiquement prêt à devoir consacrer beaucoup, beaucoup de temps à son projet. (Funny fact, il est 1h35 du matin au moment où je termine cet article… on trouve du temps comme on peut!)

Bien évidemment il ne faut pas non plus tomber dans une extrême, il est primordial d’avoir une bonne santé mentale et de réussir à déconnecter de temps en temps.

Mais ne voyez pas l’entrepreneuriat comme une opportunité d’horaires libres, vous seriez vite rattrapé par la réalité.

5/ «Entreprendre, c’est super risqué»

C’est risqué oui, mais c’est surtout calculé.

Après avoir discuté avec beaucoup de personnes qui souhaitent se lancer, voici leurs plus grands blocages:

  • «J’ai un job à 100%, je ne peux pas le quitter»,
  • «J’ai une famille à nourrir, c’est trop risqué»,
  • «Investir toutes mes économies dans ce projet, c’est du suicide».

Mais qui a dit qu’il fallait quitter son job du jour au lendemain, retirer ses cotisations et toutes ses économies pour se lancer?

Nous avons une vision formatée de ce qu’est l’entrepreneuriat, on a l’impression que tout comme l’abonnement de téléphone auquel on souscrit, il nous faut le full package avec toutes les options.

Commencez étape par étape! Testez votre idée, rencontrez des clients potentiels, récoltez un maximum de feedbacks et adaptez votre solution.

Une fois que vous sentirez une bonne traction, diminuez si possible votre taux de travail auprès de votre employeur. Puis consacrez le temps que vous aurez en plus pour votre projet.

Entreprendre ce n’est pas jouer à la roulette russe, c’est jouer aux échecs et calculer ses mouvements.

6/ «En 2 mois, je me tire un salaire»

Ce point est surtout inspiré d’une grande expérience personnelle. J’ai pris une sacrée claque.

J’avais tout planifié. Un business plan de psychopathe (oui, le professeur en business avait dit qu’il fallait impérativement un business plan pour se lancer). Je me voyais même déjà engager quelqu’un.

Avec mes superbes projections financières, ma start-up devait sans aucun doute être rentable en moins de deux mois.

Plus de deux années et une autre start-up après, je n’en vivais toujours pas. Aïe. La claque a été violente.

C’est une réalité très dure, mais près de 9 start-up sur 10 meurent. Il faut être prêt psychologiquement à voir tous ses plans se prolonger dans le temps.

Le meilleur conseil que je puisse donner c’est de s’armer de passion et de patience. Si vous entreprenez par passion, peu importe la route que vous emprunterez, elle sera magnifique.

Autrement dit, ne vous attachez pas trop à votre idée. Ayez en tête qu’elle peut ne pas être la bonne, du moins pas encore.

Mais à chaque étape franchie, succès ou échec, il y aura des apprentissages. Et c’est justement ces apprentissages qui vous mèneront vers la réussite.

Alors… entreprenez par passion, et non par effet de mode.

Le contributeur:

Gregory Logan est le co-fondateur de The Shared Brain.

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2 commentaires

  1. Merci Gregory pour cet article très intéressant qui arrive au bon moment dans ma vie :-)

  2. Pour un article écrit à 1 h 35 du matin, il est bien construit. D’autant que le rendu est crédible car on sent le vécu.
    Vous avez raison de dégonfler quelques idées reçues et mythes sur l’entrepreneuriat.
    Sachant qu’une entreprise sur 2 met la clé sous la porte avant les 5 ans d’existence, les porteurs de projet doivent être informés lucidement sur les avantages et inconvénients de la démarche.
    Vos retours d’expérience sur cet article et à travers vos sessions de brainstorming peuvent accompagner ce processus utile.
    Toutefois, il aura été agréable de lire quelques exemples concrets pour un support pratique de compréhension.

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