Airbnb va limiter les locations à 120 nuitées par an dans le centre de Paris
Airbnb tente de montrer patte blanche aux autorités françaises. Pour cela, la plateforme américaine a annoncé l’introduction d’une limite automatique de la durée annuelle de location des logements dans le centre de Paris. Prévu pour être mis en oeuvre dès le 1er janvier 2018, ce dispositif limitera à 120 nuitées par an les locations, soit la limite légale en vigueur en France, mais s’appliquera seulement aux loueurs des quatre premiers arrondissements de la capitale.
Si les hôtes d’Airbnb tentent de dépasser cette limite, ils seront automatiquement bloqués par l’application. Pour aider les loueurs à respecter la législation française, Airbnb affichera un compteur sur chaque annonce de logement situé dans l’un des arrondissements concernés. Seuls les loueurs professionnels ou autres hôteliers ayant recours à Airbnb échapperont à ce plafonnement automatique. Cependant, ces derniers devront obligatoirement signaler leur statut en remplissant un formulaire spécial. La plateforme a d’ores et déjà testé cette méthode à Londres et à Amsterdam. D’après Airbnb, ce dispositif a permis de réduire respectivement des deux tiers et des trois quarts le nombre de logements loués au-delà des limites fixées par la loi dans ces deux villes.
En outre, dès le 1er décembre, les propriétaires louant leur logement via des plateformes numériques, comme Airbnb, Abritel ou Homelidays, devront se munir d’un numéro d’enregistrement. Celui-ci devra obligatoirement, sous peine d’amende, figurer sur toute annonce publiée sur les sites de location touristique. Cette procédure d’immatriculation doit permettre aux communes de mieux contrôler les locations meublées de courte durée sur les plateformes en ligne et de percevoir plus facilement la taxe de séjour. Sur ce point, Airbnb a mis en place depuis fin 2015 à Paris un mécanisme pour assurer la collecte automatique de la taxe de séjour. Depuis octobre 2015, la plateforme d’hébergement entre particuliers a ainsi collecté 12 millions d’euros en taxe de séjour auprès de ses hôtes parisiens, au bénéfice de la Ville de Paris.
65 000 logements parisiens proposés sur Airbnb
Paris est l’une des villes les plus plébiscitées sur Airbnb. Sur les 400 000 logements en France proposés par la plateforme d’hébergement entre particuliers, 65 000 sont situés à Paris. Si Airbnb permet à la plupart des Parisiens de générer des revenus complémentaires, la Ville de Paris est de plus en plus irritée par le succès de la plateforme américaine, au point de songer à légiférer sur le nombre de nuitées maximum autorisées pour les locations de type Airbnb. Un voeu avait même été voté à l’unanimité dans ce sens le 27 septembre par le Conseil de Paris. Pour l’heure, aucun nombre n’a été fixé par la municipalité. Début septembre, la tendance était cependant à une limitation à 90 ou 60 nuitées par an.
Selon Ian Brossat, l’adjoint PCF à la maire de Paris chargé du Logement, «un logement sur quatre ne sert plus à loger des Parisiens» dans les quatre premiers arrondissements de la capitale française. Si Airbnb reconnaît l’existence de cette problématique, la plateforme américaine se défend cependant d’être responsable de cette situation, estimant que cette pénurie de logements dans le centre de la capitale est présente «depuis plusieurs décennies, bien avant l’arrivée d’Airbnb à Paris». De plus, «ces quartiers concentrent près de 8 000 chambres d’hôtel et une densité commerciale très élevée, avec 80 commerces pour 1 000 habitants, soit presque quatre fois la moyenne parisienne. Depuis 2000, la proportion de logements inoccupés y est 10% plus élevée que dans le reste de la capitale», précise Airbnb. Selon la société californienne, le revenu médian constaté à Paris s’élève à 2 300 euros pour 33 nuitées par an.