Malgré la politique anti-cookies d’Apple, Criteo a tenu le choc en 2017
C’est ce qu’on appelle limiter la casse. L’an passé, Criteo avait publiquement fait part de ses craintes quant à l’arrivée de nouvelles règles, quant à l’utilisation des cookies, mises en place par Apple dans la version iOS 11.2 de son système d’exploitation mobile, et ça n’a pas manqué. Les inquiétudes du spécialiste français du reciblage publicitaire se sont rapidement vérifiées avec un décrochage spectaculaire à Wall Street. Cependant, après ce coup de massue, Criteo est finalement parvenu à clore l’année 2017 sur une note positive. En effet, le groupe français a réalisé un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2017, en hausse de 28%. Au dernier trimestre, la société dirigée par Eric Eichmann a vu ses revenus progresser de 19%, à 674 millions de dollars
Cependant, Criteo a fait face à un ralentissement de sa croissance. En 2016, le spécialiste français de la publicité en ligne avait ainsi vu son chiffre d’affaires progresser de 36%. Le constat est similaire pour les bénéfices nets de l’entreprise qui ont grimpé de 11% l’an passé, à 97 millions de dollars, après un bond de 40% un an plus tôt. Néanmoins, à la lumière de ces résultats annuels supérieurs aux prévisions de la société et aux attentes des analystes, Criteo a repris des couleurs à Wall Street. L’action du groupe, qui réalise 40% de son activité aux États-Unis a ainsi bondi de 20% dans la foulée de la publication de ses résultats.
Après iOS, le défi du RGPD
Après avoir limité les dégâts en 2017, Criteo se prépare à affronter une année 2018 qui s’annonce encore plus difficile. L’an passé, le spécialiste du reciblage publicitaire ne s’était d’ailleurs fait aucune illusion sur l’impact du nouveau système d’Apple sur iOS. Lancé à l’automne, ce dernier, baptisé «Intelligent Tracking Prevention (ITP)», restreint lourdement le suivi publicitaire sur Safari via les «cookies», des petits fichiers permettant de récolter des données sur la navigation des internautes sans leur consentement. Ces fichiers, aussi minuscules soient-ils, étaient une mine d’or pour Criteo car ils permettaient à l’entreprise française de proposer des publicités sur-mesure aux internautes en fonction de leurs préférences. Le nouveau dispositif d’Apple oblige dorénavant les sociétés tierces à revoir leur copie puisqu’elles ne peuvent plus utiliser plus de 24 heures les «first cookies», créés sur les sites lorsqu’ils sont visités par les internautes.
Dans un premier temps, Criteo avait évalué en novembre dernier l’impact du nouveau système d’Apple de 9% à 13% sur son chiffre d’affaires, hors reversement à ses partenaires. Finalement, la société a établi en décembre le préjudice engendré à hauteur de 22% sur ses revenus en 2018. De plus, les choses devraient se compliquer davantage pour Criteo en mai prochain avec l’entrée en vigueur du Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Face à ces défis, le groupe français cherche à se diversifier. Dans ce sens, l’entreprise a notamment lancé deux outils à destination des e-commerçants pour les aider à résister face au mastodonte Amazon. Criteo leur met ainsi à disposition un outil, baptisé «Criteo Audience Match», qui permet de réconcilier les audiences. Avec cet outil, les marchands en ligne ont l’opportunité de rapprocher leurs données CRM avec des données de navigation Web ou mobile pour adresser des publicités mieux ciblées aux internautes. En parallèle, Criteo propose un deuxième outil, qui s’appuie sur sa technologie de prédiction et de personnalisation, pour toucher des consommateurs qui pourraient être intéressés par les services du marchand en ligne. Les deux outils de Criteo pour les e-commerçants s’appuient sur le «Criteo Shopper Graph», qui offre un panorama des 1,2 milliard de clients réalisant 21 milliards de transactions chaque mois.