Soyez digital en 2018 : ne soyez ni frustré ni destructeur
Par Bertrand Duperrin, expert FrenchWeb
Beaucoup de gens s’étonnent de la résistance face aux inéluctables changements entrainés par le digital. Résistance mais je pourrais également dire méfiance ou défiance. Une attitude que rencontrent aussi biens les personnes en charge du digital en interne que les prestataire externes face à leur marché, à leurs clients.
Et personne ne comprend pourquoi.
Pas surprenant que les gens vous détestent quand vous leur promettez l’enfer
Le problème du petit monde du digital vu de l’extérieur c’est bien nouveau son arrogance. Rien de nouveau, on ne fait que rejouer un énième épisode de la querelle entre les anciens et les modernes. On l’a joué à de nombreuses fois dans l’Histoire et ça n’est surement pas la dernière fois que ça arrive. Ca ne veut pas dire non plus qu’à un moment on peut essayer de se soigner pour être plus constructif et faire avancer les choses.
Comment espérer trouver l’oreille et le support de personnes dont on clame qu’elles ne servent à rien (à tort ou à raison), à qui on promet qu’on va les rendre inutiles et faire disparaitre leur métier, dont on on dit qu’on va jeter à la poubelle tout ce qu’elles ont construit durant leur carrières. Comment faire avancer une entreprise à qui dont dit « de toute façon vous être trop nuls vous allez mourir ».
Mais il y a pire, jusque là on est dans le domaine du constat, qu’il soit partagé ou non. Il y a aussi l’approche « il faut que ». Il faut que les anciennes élites disparaissent, il faut que les acteurs de l’ancienne économie disparaisse, il faut que les 1.0 (un peu réducteur comme qualificatif non ?) disparaissent. Pourquoi ? Parce qu’ils sont là et représentent le passé. Pour proposer quoi à la place ? Des fois on en a pas la moindre idée, des fois quelque chose dont on a aucune preuve que ce sera mieux, voire qui risque d’être pire. Mais le digital se drogue à la nouveauté donc nouveau sera toujours mieux que bien.
Nouveau est mieux que bien
D’où cela vient il ?
Il peut y avoir une infinité de causes et je n’ai pas la prétention d’être exhaustif sur le sujet, je suis sûr que vous avez vos propres idées mais de manière assez évidente :
• Frustration : on a pas fait partie des élites de l’ancienne économie, profitons de cette vague de changement pour prendre la place. D’ailleurs souvent dans les discours pro-digital les plus extrêmes se trouve en pointillé un bon vieux discours anti-élites qu’on connait bien.
• Envie de détruire : c’est également la conséquence du point précédent. Casser l’héritage est plus important qu’apporter une solution à un vrai problème. Cassons tout et on verra bien ce qui restera. Et si ça marche ou pas. En oubliant un peu vite que c’est l’existant qui nous a amené là et que s’il empêche aujourd’hui d’avancer aussi vite qu’on voudrait il y a des raisons à se présence et que passer d’un excès à un autre n’est pas souvent la bonne solution.
Donc il faut tuer les énarques et généralement les élites, faire disparaitre toutes les entreprises vestiges de l’ancienne économie, abattre les gouvernements, supprimer les lois, pendre les managers haut et court. Pour un monde meilleur ? La question est posée.
Quiconque doit initier un projet de transformation interne, peu importe qu’elle soit digitale ou non, aurait donc tort de générer, avant même d’avoir commencé, un réflexe d’auto-défense de la part de ceux dont il aura besoin demain. Quand on a besoin d’alliés on évite de commencer par se créer des ennemis.
L’humilité aide à se faire des alliés
Quelques règles simples :
• faire preuve d’humilité par rapport à l’existant et ceux qui l’ont construit. Quand ça a été fait ça correspondait à un besoin et il y a des raisons pourquoi c’est là. Aujourd’hui le contexte à changé mais parlez du problème que vous allez résoudre au lieu que de ce vous allez casser. Votre job c’est de vendre le futur, pas de critiquer le passé.
• ne donnez pas l’impression que vous êtes ça pour piquer le boulot d’untel ou d’untel en le rendant inutile. Untel a des alliés et des réseaux, pas vous.
• montrez aux gens comment vous allez les aider dans leur mission au lieu de croire que vous pourrez changer tout seul, sans voire contre eux.
L’expert:
Bertrand Duperrin est Digital Transformation Practice Leader chez Emakina. Il a été précédemment directeur conseil chez Nextmodernity, un cabinet dans le domaine de la transformation des entreprises et du management au travers du social business et de l’utilisation des technologies sociales.