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Silicon Valley: Les nouveaux acteurs de la beauté veulent avoir un impact sur le monde (Part 2)

Par Laurence Faguer, expert retail FrenchWeb

Nous sommes toujours dans les sublimes bureaux de NextWorld EverGreen, un mardi soir de janvier à San Francisco pour écouter, à l’invitation d’Odile Roujol, créatrice de la communauté @BeautyTechSF, des entrepreneurs foncièrement optimistes.

(Lire Part 1)  Et le post d’Odile : Why San Francisco is a rising ecosystem for beauty and tech.

PANEL #2 : Nouveaux business modèles dans la beauté avec des entrepreneurs et des marques épatantes

 Ce panel réunit 4 grands entrepreneurs :

 

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Le modérateur est Vincent Diallo (‪@Vincent11D ), co founder partner de BleuCapital un fond de venture capital early stage basé à San Francisco et New York, spécialisé dans le retail nouvelle génération. Carrière internationale à Paris, Shanghai et désormais San Francisco, (Vincent parle couramment le mandarin, l’anglais et le français), connaissant les deux métiers, entrepreneurs et venture capitalists, Vincent Diallo a posé aux 4 entrepreneurs chevronnés du panel, ces deux questions :

  • De quelles manières leurs expériences passées d’investisseur, d’entrepreneur ou de hauts postes dans un groupe international, les ont-elles aidé à lancer et développer votre entreprise actuelle ?
  • Et quels conseils ils donneraient à de jeunes entrepreneurs qui se présentent face à des investisseurs ?

 

Tina Sharkey ( Brandless ) “Leveraging my own experience, applying it to a new business”… helped me to “Change the norm.”

Tina Sharkey Fondatrice et CEO de Brandless                 @TinaSharkey 

Tina Sharkey est une serial entrepreneur (AOL, iVilage, BabyCenter ), et une web disruptor prompte à détecter les tendances de consommation, comme le montre son investissement réalisé, en tant que VC, dans IPSY, la plateforme d’abonnement beauté reposant sur une communauté engagée et le partage sur les réseaux sociaux. (Tina était d’ailleurs speaker au Retail’s Big Show de New York en janvier).

Tina Sharkey a créé en Juillet dernier Brandless ™. L’idée ? Chacun doit pouvoir avoir accès à de meilleurs produits en dépensant moins. Brandless™ est une plateforme de commerce (les produits du quotidien, dont l’alimentaire, et aujourd’hui la beauté) avec une double promesse de value for money (produits autour de $3) et de just what matters  (des produits bons pour la santé, pour l’environnement et qui correspondent aux préférences individuelles de chacun). Le succès a été immédiat. Les produits organic, casher, sans sucre, sans-OGM, gluten free, ect. n’ont pas a être plus chers, et Tina Sharkey veut changer cela.

Vincent Diallo lui demande en quoi ses expériences passées l’ont aidé au lancement de Brandless ?

Tina Sharkey explique : elle n’est pas investisseur « de profession ». Elle a toujours abordé son rôle d’investisseur avec son propre regard d’entrepreneuse. Elle essaye d’accompagner les fondateurs (elle est au board de Brit Morin, fondatrice CEO de Brit +co, également speaker ce soir) en leur apportant sa propre expérience qui l’a déjà amenée à créer et à développer de grandes choses, parfois à échouer. Et maintenant avec Brandless, elle le fait pour elle ! Elle investit chez elle, et elle y investit … beaucoup de son temps.

Qu’est-ce qui l’a poussé à créer Brandless ?

Tina Sharkey : « Avec mon co founder Ido Leffler, c’est vraiment l’envie de créer quelque chose de différent, pas seulement un produit ou une marque, mais initier un mouvement, faire bouger les personnes et réinventer ce que veut dire être une marque ».

« Comment réinventer quelque chose qui soit authentique, profitable bien entendu – la société a levé des fonds – mais avec une mission, celle de faire évoluer la notion de générosité. Ne pas créer pour nous, mais pour les autres ».

Qu’est ce qui fera le succès ?

  • Les produits, qui parlent pour eux-mêmes : « Nous pensons que grâce aux produits, nous sommes capable de créer ce mouvement »
  • La communauté : des personnes qui veulent changer la norme
  • Une voix : que ce soit celle de Tina, de son co fondateur, ou celle de la communauté.

A quel moment Tina et son équipe ont compris que le « mouvement » était en marche? « Nous avons crée Brandless en Juillet 2017 de San Francisco. Deux jours après, alors que nous étions en vol entre San Francisco et New York avant d’aller rencontrer la presse, nous avons reçu un text message de notre manager à San Francisco avec juste ce mot : 48. Je lui renvoie un point d’interrogation. Qu’est-ce que cela voulait dire, 48 ? 48 produits vendus ? La réponse fut « States ». Nous venions de livrer dans 48 états. En 48 heures, 48 états, sans aucun marketing. Cela montre aussi que nous ne sommes pas une société de San Francisco, ou une société new yorkaise, nous sommes une entreprise américaine qui vend à des personnes ».

« Quelle est l’audience » demande Vincent Diallo ? Tina rebondit sur cette notion de personne : « Il ne s’agit plus d’analyser les clients selon un historique d’achat, une race, un vote, une religion, un compte bancaire, ou encore de changer les prix pour je ne sais quelle raison. Nous vendons à des personnes, en essayant juste d’y apporter de la wellness (se faire du bien) tout en ayant un impact positif dans la vie des gens et pour la planête (faire le bien).

Donc pour répondre à votre question sur l’audience, notre audience, ce sont juste des personnes formidables qui méritent mieux. Donc c’est tout le monde dans le pays ! » conclue Tina Sharkey dans un grand sourire.

UN MESSAGE PERSONNEL DE TINA SHARKEY –

  • Le produit – La double promesse de Brandless repose sur des aspirations montantes du consommateur : value for money (tous les produits sont à 3 dollars) et just what matters : des produits bons pour l’environnement et la santé, « free from »
  • La communauté. Brandless vend à des “personnes”
  • Une mission : développer une entreprise profitable, bien-sûr, mais créer aussi un mouvement : « Ne pas créer pour nous, mais pour les autres ».

 

Melody Mc Closkey, (StyleSeat ) : “We empower people.”

Melody Mc Closkey, Fondatrice et CEO de StyleSeat        @MelodyMcC

StyleSeat, créé en 2011 ($40 Million+ de fonds levés) est la première plateforme digitale de services de beauté à la demande aux Etats-Unis. L’idée de StyleSeat, est venue au départ d’un « pain point » de consommatrice auquel Melody Mc Closkey a trouvé une solution : prendre rendez-vous facilement chez le coiffeur. Cette démarche consistant à partir d’un problème du quotidien et y trouver une solution est caractéristique de la Silicon Valley.

Mais si de nombreuses plateformes de booking BtoC existent, StyleSeat est la seule à avoir habillement adoptée une approche autre, celle du BtoB. StyleSeat s’adresse en priorité aux professionnels – coiffeurs, barbiers, manucures, makeup artists – et leur propose une plateforme complète de back-office pour la gestion, l’encaissement et le développement de leur clientèle. Ce sont des entrepreneurs qui adorent faire ce qu’ils font, mais n’ont pas nécessairement la fibre pour la gestion ni le marketing.

Vincent Diallo demande à Melody « Comment tout a démarré ? »

« Je voulais réussir par moi-même. Les professionnels dans la beauté ont cette même volonté ».

Court-circuiter les intermédiaires, un modèle maitrisé par StyleSteat, implique que ses propres clients BtoB (par exemple les coiffeurs) soient eux-même prescripteurs. Comment s’attacher leur fidélité ?

« Nous faisons tout ce qu’ils n’aiment pas faire : nous avons bâti un système de réservation en ligne, nous créons des portefolios pour eux et gérons tout leur marketing automatisé (suivis, rappels de rdv, …). Nous leur permettons de se concentrer sur leurs clients et leurs produits. C’est exactement ce qu’ils demandent et ils arrivent à doubler leur revenu en quelques mois en utilisant la plateforme ».

Un tournant a eu lieu, a expliqué Melody Mc Closkey, lorsque, deux ans après le lancement , Melody était en ligne avec une professionnelle de Chicago, dans un exercice qu’elle a l’habitude de pratiquer : appeler des clients dans les quatre coins des Etats-Unis pour 5mn de feedback sur la plateforme. Et là, à 7h du matin heure californienne, la personne à l’autre bout du fil s’est mise à fondre en larmes. Celle-ci a expliqué à Melody qu’elle faisait ce métier depuis 10 ans, mais que durant toutes ces années elle avait dû compléter avec un deuxième job, pour faire vivre sa famille. Mais depuis StyleSeat, elle pouvait vivre de sa passion avec un seul travail.

« Tout à coup » a expliqué Melody, « je me suis rendue compte que ce n’était pas moi créant ma petite entreprise, mais une économie entière, composée de personnes, au travers des US ».

UN MESSAGE PERSONNEL DE MELODY Mc CLOSKEY –

  • Partir d’un problème client et apporter la solution – Une évidence… peu fréquente
  • La communauté à engager n’est pas forcément celle que l’on croit.
  • StyleSeat rend prescripteurs non pas le client final mais le professionnel BtoB qui fournit le service

 

Brit Morin, (brit +co ) Giving the inspiration, the education and the tools women would like to use”

 Brit Morin, Fondatrice et CEO brit +co              @brit

 

Brit Morin a crée sa société en 2011, à 25 ans, après avoir travaillé pour Google et AppleBrit + Co touche chaque mois 130 millions de jeunes femmes millennials sur le web, le mobile et les réseaux sociaux. Un petit empire médiatique sur le segment des femmes millennial, autour de la créativité. La version magazine de Pinterest. Un mix de contenus inspirants, des classes online ($25-$50) sur une foule de sujets (“Calligraphy, coding, and how to start a business”etc.) des events live et – récemment – la création d’une ligne de produits brandés en partenariat avec Target. 

En mai dernier, Brit Morin a levé $15 millions (après une première levée de $27 millions). En plus d’être ‘The face of the company “, comme elle l’a expliqué ce soir, Brit Morin est un rôle modèle pour beaucoup de millennials, et son fil Instagram est une inspiration pour les femmes : working woman, épouse, mère, amie. Elle a obtenu de nombreux awards dont le Forbe 30 under 30.

Brit Morin explique que la plateforme répond entres autres à deux aspirations des millennials :

  • L’ autonomie : « Les jeunes générations sont très autonomes dans l’apprentissage. Où ont-elles apprises les bases de la cuisine, par exemple ? Souvent seules, n’ayant pas eu leur mère à la maison ».
  • Le désir d’apprendre : « Photography, coding, digital design cooking. Learning how to apply an eyeliner. How to be creative. Millennials can learn with hundred of lessons on our platform »

 

UN MESSAGE PERSONNEL DE BRIT MORIN –

  • « Sur les réseaux sociaux, les personnes aiment « suivre » une personne plutôt qu’une marque. So I’m the face of the company “.
  • Un contenu engageant : « Donner de l’inspiration, le type de cours et les outils que les femmes aimeraient utiliser»

  

Brad Murray (Tatcha ) In a crowded place, we focus on products”

Une nouvelle marque californienne inspirée du Japon alors que le marché semble envahi par la K-Beauty, ou Beauté Coréenne? En réalité, à coté de la tendance coréenne, Tatcha semble porteur d’un courant beaucoup plus profond et large.

“Beauty for a lifetime”. Tatcha a été fondé en 2009 par Victoria Tsai et Brad Murray dans le but de faire connaître la ‘natural beauty” japonaise partout dans le monde. Parmi les arguments qui plaisent à toutes les femmes – pas seulement aux millennials : la texture légère, les rituels et les ingrédients naturels Japonais. Tatcha a aussi une visée philanthropique : pour chaque achat de la marque, la cliente permet d’envoyer une petite fille à l’école pour une journée.

«Inspirés par le Japon, nous voulions être intemporels, global, depuis San Francisco. Dans secteur encombré, nous nous concentrons sur les produits, nous prenons notre temps pour les mettre sur le marché, par rapport aux personnes qui les prennent des rayons. »

«Nous mettons l’accent sur le client et sommes digital avant tout, même si nous nouons de grands partenariats, notamment avec Sephora.»

▶️ POUR SUIVRE LA COMMUNAUTÉ :

Next meetup : 25 juin à San Francisco (bientôt dans les grandes capitales). Et Odile Roujol accueille avec plaisir des entrepreneurs et investisseurs speakers pour les mois à venir !

Mes remerciements à Estelle Yafi, Project Director – Fabernovel US pour son précieux concours.

Lire aussi : [Made in US] Silicon Valley : Les nouveaux acteurs de la beauté Data-Driven veulent avoir un impact sur le monde. (Part 1)

La correspondante :

Laurence Faguer est une marketeuse et entrepreneuse « go-between » France et USA, fondatrice de Customer Insight.

A la demande d’entreprises françaises, elle repère en personne les innovations en Digital, Mobile et Retail aux Etats-Unis, avant qu’elles ne soient connues en France, puis les aide à transposer avec succès ces stratégies ayant fait leur preuve aux U.S.

Laurence est expert US pour FrenchWeb qui reprend de temps à autres la publication des articles de son blog.

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