Après la Chine, Uber se retire de l’Asie du Sud-Est
Uber vient d’essuyer son deuxième revers retentissant en Asie. Déjà fébrile en Chine, où la firme américaine avait finalement décidé de jeter l’éponge en 2016 en cédant ses activités locales au géant chinois Didi Chuxing, Uber a cette fois capitulé en Asie du Sud-Est. Pour quitter la région la tête haute, la plateforme de VTC a conclu un accord avec son concurrent régional Grab qui prévoit la cession des activités d’Uber en Asie du Sud-Est (transport et livraison de repas à domicile). En échange, le groupe californien récupère une participation de 27,5% dans le capital de Grab. A cette occasion, Dara Khosrowshahi, le patron d’Uber, fait son entrée au sein du conseil d’administration de l’entreprise basée à Singapour.
L’hypothèse de cette opération s’était dessinée au cours de ces derniers mois grâce à SoftBank. Après avoir investi dans Grab à plusieurs reprises, le géant japonais est devenu fin 2017 l’actionnaire de référence d’Uber en prenant 15% des parts de la firme américaine. De cette manière, SoftBank a pu faciliter les discussions entre les deux sociétés.
Uber contraint de limiter ses pertes en vue de son entrée en Bourse
Le retrait d’Uber en Asie du Sud-Est est un des plus gros coups durs essuyés par Dara Khosrowshahi depuis son arrivée à la tête de la firme américaine. «Cette opération témoigne de la croissance exceptionnelle d’Uber en Asie du Sud-Est au cours des cinq dernières années. Cela nous aidera à redoubler d’efforts sur nos projets de croissance au moment où nous investissons massivement dans nos produits et notre technologie», a-t-il déclaré pour dédramatiser la situation.
Cet accord laisse cependant un goût très amer à Uber dans la mesure où la plateforme de VTC a réalisé des investissements annuels évalués à près de 200 millions de dollars pour tenter de s’imposer en Asie du Sud-Est. Pour rappel, Uber a concédé une perte de 4,5 milliards de dollars l’an passé, soit 1,7 milliard de dollars de plus par rapport à 2016. Dara Khosrowshahi s’étant fixé pour objectif d’atteindre l’équilibre opérationnel en 2019, année où l’IPO d’Uber est programmée, le successeur de Travis Kalanick n’a eu d’autre choix que de baisser pavillon face à la concurrence de Grab en Asie du Sud-Est, région où vivent plus de 600 millions de personnes.
La force de frappe de Grab décuplée en Asie du Sud-Est
L’accord étant désormais acté, Grab veut intégrer dans les plus brefs délais les chauffeurs et les services proposés par Uber en Asie du Sud-Est. Ainsi, l’application Uber pour le transport de particuliers sera maintenue pendant deux semaines dans les pays desservis, avant que les chauffeurs roulant sous la bannière de la firme américaine ne soient redirigés vers Grab. Dans le même temps, UberEATS, le service de livraison de repas, sera encore opérationnel jusqu’à la fin du mois de mai. Une fois les activités d’UberEATS en Asie du Sud-Est intégrées à GrabFood, l’entreprise singapourienne déploiera son service de livraison de repas à Singapour et en Malaisie.
En mettant la main sur les actifs d’Uber dans la région, Grab dispose désormais d’un boulevard pour tenir ses concurrents à distance. Il s’agit en effet d’une victoire de taille qui va lui permettre d’accroître sa domination en Asie du Sud-Est. «Cette acquisition marque le début d’une nouvelle ère. Avec la combinaison de nos activités, nous devenons les leaders dans la région en termes de plateforme et d’efficacité des coûts», a indiqué Anthony Tan, co-fondateur et CEO de Grab. Fondée en 2012, la jeune pousse asiatique opère désormais dans 195 villes situées dans 8 pays d’Asie du Sud-Est (Singapour, Indonésie, Philippines, Malaisie, Thaïlande, Vietnam, Birmanie et Cambodge). Au total, Grab revendique une flotte de 2,1 millions de chauffeurs dans la région.
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